Le roi de Tado, Togbui Adja Tonewakpo était apparu en public le 30 août dernier à la cour du Palais royal. C’était à l’occasion de la célébration de la fête traditionnelle Togbui-Agni. Ce après plusieurs reports de la manifestation.
La fête traditionnelle chez les Ewé de Tado se veut une fête qui rassemble fils et filles de Tado, un moment de joie et de partages autour des valeurs ancestrales : l’amour et la réconciliation qui est d’ailleurs le thème de la célébration de l’édition 2014. Occasion pour , Togbui Djidjolé, président des chefs traditionnels Ewéto, de convier les fils et filles de Tado à l’union, l’amour et le pardon surtout la pérennisation des acquis de Tado.
Togbui-Agni est une fête intrinsèquement liée à l’historique de la fondation du royaume de Tado, berceau des peuples Adja-Ewé. C’est un peuple issu d’un métissage de 3 groupes principaux : Les alu, les Azalu et les Yoruba.
Il s’inscrit dans la logique générale des fêtes traditionnelles qui constituent une des composantes essentielles de la culture qui rassemble les fils de Tado. C'est l'occasion de se retrouver mais aussi de réfléchir ensemble afin de mettre leur expérience au service du développement de leur milieu.
Placée sous le signe du pardon, de l’amour, la célébration de Togbui-Agni constitue un creuset dans lequel, fils et filles Adja choisissent de tourner les pages sombres des malentendus, des suspicions et faire place à l’amour, au pardon et à la réconciliation.
"Si nous fêtons nos traditions, ce sera une bénédiction pour le pays, une bénédiction pour les générations futures", avait dit Togbui Djidjolé.
"Chez nous, le pardon, la réconciliation sont des thèmes permanents. Il n’y a pas d’évènement spécial pour ce thème mais nous disons que, c’est un thème fondateur. C’est pourquoi, à chaque fois que nous nous retrouvons, nous prônons le pardon et la réconciliation ; nous sommes heureux de nous retrouver cette année dans une ambiance spéciale", a expliqué de son côté, le ministre Semondji Djossou, fils de la localité.
Même son de cloche chez Victor Sossou, consul honoraire de Slovaquie auprès du Togo et également le n°1 de la société Midnight Sun. Il est natif du milieu. Pour lui, il n'y a pas question de revenir en arrière. Il faut aller de l’avant, dit-il.
"Nous avons besoin d’avancer. Nous sommes dans une dynamique où tout le temps, il faut faire en sorte que, les populations qu’on aspire à faire évoluer se retrouvent pour partager des valeurs essentielles. A chaque fois que nous pouvons mettre un plus, nous faisons de façon spontanée. C’est une occasion pour dire aux populations que nous sommes-là, nous sommes en train de nous battre ; nous voulons aller de l’avant, le discours c’est derrière nous, place au développement", a souligné M.Sossou.
Le ministre de l’équipement rural, Bissoune Nabagou, représentant du chef de l’Etat à la cérémonie, est porteur d’un message aux populations de Tado.
"Les manifestations comme celles-ci perpétuent la culture auprès des générations présentes et futures. Par la même occasion, cette fête est un véritable facteur d’unité dans la mesure où elle donne l’opportunité à tous les acteurs Ewé, de se retrouver, de revisiter leur passé commun en vue de continuer par agrandir la dimension de leur patrimoine culturel", a déclaré M.Nabagou.
"Les richesses du patrimoine Adja-Ewé méritent d’être mises au service du développement de toute la communauté et au-delà, de toute la nation. La sauvegarde et la promotion de ce patrimoine sont des impératifs auxquels ne doivent pas se dérober les fils et filles de Tado", a fait savoir M.Nabagou.
Rappelons que les ministres présents à Tado, ont fait deux pierres eux coups. Ils ont rendu une visite sur les chantiers d’adduction en eau potable (AEP) de Tohoun. Les travaux de chantier sont confiés à la société Midnight Sun. Et le constat fait par M.Nabagou et son collègue Sémondji Djossou, c’est que les travaux s’accélèrent. Car à ce jour, ils sont exécutés à 25% et le délai consommé se situe à 20%, les travaux doivent durer 12 mois.
Le projet adduction d’eau potable est un projet qui a bénéficié du financement à hauteur de 3 milliards de fcfa par la Banque Arabe de Développement en Afrique. Trois localités bénéficient de l’AEP : Tohoun, Elavgnon et Danyi.
A Tohoun, les travaux consisteront à la réalisation de bornes fontaines, des réservations pour les branchements particuliers. Egalement, il y aura la construction d’un bureau d’alimentation de la Togolaise des eaux (Tde) comme dans les autres villes; un château d'eau est en cours de construction. Au total six forages sont déjà réalisés sur 9 en tout. Il est également prévu un volet mini-électrique, selon Touré Kader, directeur des travaux côté entreprise Midghnit Sun
L’histoire de Tado, fait remarquer que deux appellations sont utilisées concurremment : Adjatado ou Tado. Cette double appellation devrait interpeller le chercheur. Etymologiquement Tado dans la langue Ewé signifie "construit/dessiné (Ta) autour (do)" ce qui lui donne le sens d’enceinte (une construction autour) et automatiquement cela donne l’idée d’une construction protectrice. Or, on sait que cette ville de Tado fut la capitale des Adja dans la région à leur arrivée et que certains créèrent des villages et des hameaux dans les alentours. Ajatado a donc le sens de l’enceinte, la ville forte des Aja où tous pouvaient replier en cas d’agressions.
Selon les recherches, le groupe ethnique Adja actuel résulte de plusieurs communautés qui s’étaient implantées dans la région : les Alu, les Azanou, ou Za et les Adja-Ewe. L’histoire du peuple Adja est un vaste sujet qui depuis toujours a préoccupé les chercheurs et tous les curieux qui s’intéressent à l’histoire des peuples du sud Togo issus de migrations successives suite à des querelles dynastiques et des migrations liées à des épidémies, à des raisons économiques ou suite à la saturation ethnique. Ceux-ci constituent aujourd’hui ce qui est convenu d’appeler l’aire culturelle Adjatado.
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