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Microfinance au Togo : Une réponse à la pauvreté ?

Togo - Economie et Finances
« Nous, nous sommes tous les jours avec les pauvres, nous travaillons avec les pauvres. Mais les banques ont choisi une couche sociale bien déterminée : les nantis » ; voilà les propos d’un agent, responsable du département crédit dans une institution de microfinance à Lomé.
La question se pose avec récurrence. Elle sur toutes les lèvres, vu les situations précaires dans lesquelles vivent les populations, malgré le pullulement des institutions de microfinance dans les coins de rue à Lomé et à travers tout le pays. Les microfinances sont-elles véritablement une réponse à la pauvreté dans notre pays ?

« Je crois que nous contribuons beaucoup au relèvement et à l’émergence de bon nombre de personne dans ce pays, surtout ceux qui veulent bien débuter une activité, mais qui n’ont pas les moyens », a indiqué Fabrice, un employé dans une microfinance. Avant de bénéficier des crédits, il faut avoir un compte dans l’institution (nous taisons volontairement le montant d’ouverture de compte pour ne pas faire identifier l’institution, puisque c’est la promesse que nous avons fait à notre informateur au cours de notre enquête).

Mais visiblement, les gens préfèrent brûler cette étape. « Les gens débarquent chez nous et demandent qu’on leur octroie du crédit. Ce qui n’est pas possible. Nous n’avons aucune garantie que la personne pourra nous rembourser, même si nous lui signifions clairement les termes du contrat », a-t-il poursuivi.

Cependant, l’institution ne refuse rien à ses clients. « L’an dernier, nous avons réalisé un chiffre de plus de 13 milliards FCFA de crédits à nos clients », a confié Fabrice. Mais cela concerne essentiellement les groupements. « Nous aimons que nos clients débutent les crédits en groupement. C’est par là qu’on peut apprendre à gérer les choses et devenir autonome. Bien sûr, nous accordons aussi des crédits aux particulier, ceux qui mène déjà une activité et que nous jugeons capables de répondre aux modalités de remboursement », a-t-il ajouté.

Le crédit, pour le groupement, varie entre 100 000 et 300 000 FCFA selon les dispositions en vigueur dans cette microfinance. « Ils débutent avec 100 000 FCFA. S’ils respectent les modalités de remboursement et sont dans le délai, on augment le prochain crédit et ainsi de suite. Les gens arrivent à s’en sortir. Mais pas toutes les fois », a souligné cet employé.

Et cette situation indispose véritablement l’institution. « C’est une chaîne que nous établissons entre nos clients et nous. C’est comme si nous te disons, donne-nous ton argent, nous allons le donner à un autre qui, lorsqu’il va rembourser, l’argent sera remis encore à un autre qui a déposé aussi entre-temps de l’argent que nous allons te donner en retour », a-t-il expliqué.

Mais cette chaîne connaît souvent des difficultés à s’établir. « Lorsqu’un membre de la chaîne ne respecte pas son engagement, alors le circuit est coupé. C’est ce que nous vivons quand les gens ne remboursent pas leur crédit », a-t-il continué. Les agents de la microfinance sont alors appelés à aller chercher les débiteurs chez eux.

« Très souvent, c’est la même chanson que nous écoutons, quand les gens ne nous remboursent pas et que nous sommes obligés d’aller les chercher : « Je suis tombé malade. Je n’ai pas pu exercer mon activité. J’ai même dépensé l’argent pour mes soins, mais ne vous inquiétez pas, je vais rembourser ». C’est malheureusement ce qu’ils nous racontent », a déclaré Julienne, une employée d’une autre microfinance.

« Nous avons totalisé un crédit de plus 70 millions qui ne sont pas remboursés l’année dernière. C’est un trou pour l’institution. En le faisant ainsi, ces débiteurs ferment la porte aux autres qui sollicitent du crédit auprès de notre institution », a renchéri Fabrice, avant d’ajouter : « Celui qui crée une microfinance prend des risques énormes ».

Le taux d’intérêt dans ces microfinances varie entre 5 et 14%. Il faut dix (10) mois pour rembourser le crédit, avec des méthodes de recouvrement propre à chaque microfinance.

Comme on le voit, les gens ont des difficultés à rembourser les crédits. A quoi cela est dû ? Les institutions de microfinance appauvrissent plus la population ou la sortent-elles vraiment de la misère quand on voit parfois le taux exorbitant imposé aux débiteurs ? A chacun de faire sa propre opinion.

Quant aux responsables et mêmes les cadres de ces institutions de microfinance, personne ne doute de leur autonomie financière. Leurs salaires, Les voitures dans lesquelles ils circulent et même leurs maisons en sont les preuves.