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Quelle voie pour la démocratie africaine

Togo - CHRONIQUE - Finances et Economie
Par Isidore Kpotufe et Zegnata Julien {*}

Il y a de cela presque trois mois, j’ [Isidore Kpotufe] écrivais un article arguant les possibilités de l’existence de ce qu’on croyait être autrefois une forme de régime, en Afrique: la démocratie. Système politique, l’appelle-t-on aujourd’hui, la démocratie n’a pas fait du bien à l’Afrique. Oui. Je pense aux inégalités sociales, inégalités économiques, inégalités devant la loi ! Ce système politique qui prétendait être le « moins mauvais » est sans contradiction, le pire aujourd’hui en Afrique. Elle [La démocratie] paraissait être, peut-être, la meilleure des formes de gouvernance vu ses constitutifs, mais son application n’a pas du tout favorisé ce concept, oui… en Afrique.
Le problème de la démocratie n’est pas un problème spécifiquement africain, devons-nous rappeler. Depuis les années 60 jusqu’aujourd’hui, la philosophie politique a toujours suscité des débats dans le but de faire la part de choses entre la démocratie et la participation des personnes au débat politique. La démocratie est un idéal et, a toujours été considérée comme le système social le moins mauvais, comme cité plus haut, mais c’est le grand contraire !

Une élection qui aboutit à la victoire d'un candidat, avec, 51% de l'ensemble des voix des électeurs, par exemple, conduit, selon certains observateurs, à un système dictatorial, mais sous un déguisement démocratique car, 49% des électeurs sont gouvernés par un système qu'ils n'ont pas choisi, et qui, au contraire, leur a été imposé.

Une élection peut aussi aboutir à la victoire d'un parti ne représentant que la minorité, des voix, si l'on additionnait les voix obtenues par les partis battus. Ce qui conduit souvent à la formation des coalitions entre partis ayant parfois des programmes de société incompatibles et engendre des difficultés parfois insurmontables, de gouverner.

Et, face à ces problématiques auxquelles sont confrontées les anciennes démocraties occidentales basées sur la représentativité, la démocratie en Afrique devient un défi difficile à relever, un concept ambigu constamment confronté au choix entre la norme universaliste et les particularismes du continent.

Bien que plusieurs pays du continent aient choisi dès les débuts des années 1990, de passer à la démocratie représentative et au pluralisme politique, la vie politique africaine est encore marquée par les coups d'Etat, comme en Centrafrique ; renversements d'alliances, mouvements sociaux conflits internes et processus électoraux chaotiques : le Mali, le Nigeria, le Kenya font preuve.

Le passage rapide de systèmes totalitaires des années 70 – 80, au multipartisme et à la recherche de l’alternance, en concomitance avec la fin de la guerre froide et des blocs en occident n’a pas laissé beaucoup de temps aux politologues africains pour étudier un système politique adapté au continent. Ils ont préféré calquer le système représentatif occidental qui commençait déjà à donner des signes de crise. Ils ont ignoré leur héritage culturel, les processus de prise de décision traditionnels d’Afrique.

Souvent, la démocratie africaine traditionnelle précoloniale est accusée d’avoir permis aux rois, aux reines et aux chefs d’agir de façon autocratique et d’imposer des décisions impopulaires à leurs communautés, il n’en est pas moins dans les démocraties représentatives où, comme nous l’avons dit plus haut, « cinquante pour cent plus un » fournit une majorité suffisante pour appliquer une décision.

L'Afrique doit donc trouver une autre voie et, pour y parvenir, elle doit inventer sa propre démocratie non pas dans l'individualisme, mais plutôt dans le libéralisme, le communalisme, le sens de la solidarité, du partage, de la retenue, en un mot dans l'humanisme.

Car, depuis que le vent de la démocratisation a commencé à souffler sur le continent africain, la confusion institutionnelle s'en est trouvée plus grande, les guerres civiles plus nombreuses et plus meurtrières, les querelles intestines plus exacerbées, la pauvreté et la misère plus généralisées, les dictatures plus atroces, même si elles se sont savamment camouflées du manteau de la légitimité conférée par des élections en réalité toujours entachées d’irrégularités.

L'exercice du pouvoir en Afrique doit reposer essentiellement sur le sens du partage. Tant que le législateur africain n'aura pas tenu compte de « l’arbre à palabres », lieu traditionnel de rassemblement, à l'ombre duquel on s'exprime sur la vie en société, les problèmes du village, la politique afin de prendre des décisions concertées, il y aura toujours des coups d'Etat et des coups de force, des arrestations postélectorales, des contestations de résultats électoraux, des assassinats politiques, des amendements et des révisions constitutionnels, ... en un mot, l'instabilité politique qui freine tout effort de développement...

Toutefois, africaniser la démocratie ne veut pas dire doter l'Afrique d'une démocratie au rabais, c'est tout simplement forger une démocratie respectueuse des principes fondamentaux en droits de l'Homme, mais aussi de réalités africaines positives comme le sens du partage et la solidarité, entre autres.