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Des lois sur la propriété intellectuelle sont essentielles pour le développement économique de l’Afrique

Afrique - CHRONIQUE - Autres
Franklin Cudjoe
(*) Par Franklin Cudjoe

Au cours des deux dernières décennies, les expériences qu’a faites l’Afrique du Sud à savoir la transition à un Etat démocratique, l'expansion économique et des progrès relatifs aux luttes contre les maladies ont par la suite reflété dans d’autres parts du continent.

L’Afrique du Sud est en cours pour l’adoption d’un projet de politique nationale regardant les lois sur la propriété intellectuelle. Ce projet de lois inspiré par de nouvelles technologies et d’entreprises innovantes, pourra sortir nombre de millions de personnes de la pauvreté vu que les constituants de ce projet sont favorables au développement. Par conséquent, ce serait très bouleversant de voir l’Etat Sud-africaine affaiblir les lois portant sur la protection de la propriété – un fléau qui contribue au retard de l’économie du continent africain.

Les informations disponibles indiquent que ce projet de lois [sur la propriété intellectuelle] a été vivement contré par l’industrie pharmaceutique Sud-africaine ; pour l’industrie les lois sont trop serrées et ne favoriseront pas la floraison de l’industrie. Mais l’Etat présente une préoccupation considérée sensée : l’abondance des médicaments anti-VIH sur le marché, une question qui a reçu beaucoup d’attention dans la formulation du projet de lois. Il faut noter qu’en dépit de quelques résultats dits satisfaisants, y compris un tiers de baisse de nouvelles infections du virus de 2004 à 2012, il existe toujours des millions de personnes n’ayant pas accès aux traitements antirétroviraux - et des millions d'autres en Afrique auront besoin de nouveaux médicaments puisque le virus est en forte peuplement à travers le continent, engendrant ainsi des souches résistantes aux médicaments.

Ce sera donc très inquiétant de mettre une telle politique en place, une politique qui a tendance d’affaiblir les lois [existantes] sur la propriété intellectuelle. Ça prend environ onze milliards de rand sud-africain et presque douze ans pour développer un médicament, menaçant ainsi les responsables de l’industrie d’obtenir des licences, obligatoirement. Ce dernier encouragerait la reproduction des médicaments originaux par d’autres entreprises à des prix très bas. Et ce développement pourrait avoir des adversités sur les recherches concernant l’efficacité des médicaments dans le futur.

Il faut cependant retenir que, de récentes études montrent que les médicaments antirétroviraux (ARV) sont à la hausse en Afrique orientale. Eh bien l’année passée, en Afrique du Sud, le manque des ARV a autant suscité des questions pertinentes sur la capacité de l’industrie de fabrication des médicaments ; des questions relatives à l‘approvisionnement régulier des médications antirétrovirales.

Notons que la question de la Propriété Intellectuelle va au-delà du secteur de santé. Les défavorables lois sur la question menacent également d’entraver plus largement le développement économique du continent Africain. En d’autres termes, la propriété intellectuelle est clé pour sortir les pays africains des économies uniquement fondées sur les matières premières.
Comme de nombreux pays africains, l'Afrique du Sud possède d’abondantes ressources naturelles. Les industries extractives contribuent à peu près 6 pour cent du PIB total, comme au Ghana, où elles contribuent environ 8 pour cent du PIB. Les deux pays précités considèrent l’exportation des matières premières comme une source essentielle du commerce et l'investissement étrangers, mais les ralentissements récents ont montré que seules les matières premières ne peuvent pas assurer la prospérité à long terme. C’est pour cette raison que le président Ghanéen, John Dramani Mahama et son homologue Sud-Africain, Jacob Zuma sollicitent désormais l'investissement dans les secteurs à forte croissance, comme la technologie et l'énergie verte.

Il faut féliciter ces présidents pour cette prise de décision qui sans doute est une bonne nouvelle puisque les deux pays ont déjà produit des géants ainsi que de nombreuses startups à travers le continent dans l’industrie de la technologie. Mais toutes ces entreprises, grandes comme petites, dépendent des lois sur la propriété intellectuelle afin de protéger leurs business, ce qui éventuellement favorise le développement économique. Les compagnies dans l’industrie de Télécommunication, comme par exemple SOFTtribe (Ghana), MTN, Naspers, et Datatec (Afrique du Sud), n’embauchent et ne paient pas seulement les taxes mais elles aident également dans l’accélération de l'intégration économique régionale. Selon une estimation récente de la Banque mondiale, une augmentation de 10 pour cent de la couverture à large bande pourrait engendrer une augmentation de 14 pour cent de la production économique à travers l’Afrique.

De même, l'Afrique aura du mal à devenir un centre mondial d’innovation si les chercheurs manquent d’incitation de production. On relève d’ailleurs plusieurs défis dans ce domaine : au cours des dernières années, les dépenses sur la recherche et le développement de l'Afrique du Sud ont chuté à moins de 1% du PIB - bien en déças de l'objectif prononcé par le gouvernement de 2% du PIB en 2018.

L'Afrique est sur le seuil d'une ère nouvelle, mais se heurte encore à un certain nombre de défis. A part le contrôle et l’éventuelle élimination du VIH, nous avons également besoin d’une croissance économique durable en vue d’élever le niveau de vie des populations, favoriser le développement de la classe moyenne, et ancrer de nouvelles institutions démocratiques. Ce qui oblige dans ce cas l’amplification de nouveaux domaines de talents et d’expertises, la création davantage entreprises à valeur ajoutée, et d’éviter des économies purement fondées sur la dépendance des matières premières. Des lois jugées judicieuses, sur la propriété intellectuelle seront à la base de l'investissement et de l'innovation dont l’Afrique a besoin pour atteindre ces objectifs.

Franklin Cudjoe est président-fondateur du think tank IMANI classé 4e think tank le plus influent en Afrique en 2013.