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Grève des praticiens hospitaliers du Togo/ Dr Atchi Walla précise "Il faut relever que la grève des agents de santé aujourd’hui n’est pas une grève qui pose de nouvelles revendications."

Togo - Societe
Depuis juillet 2013,les praticiens hospitaliers du Togo rappellent que les termes de l’accord gouvernement - STT n’est pas respectée sur trois points les concernant. Une grève des agents de ce corps de métier est tout le temps redoutée. Et régulièrement, des discussions sont engagées pour éviter une torture morale des malades qui n’ont droit en ces périodes que de « service minimum ».
Depuis que le Premier Ministre Arthème Séléagodji Ahoomey-Zunu, malade, est absent du pays, le SYNPHOT ne semble pas avoir en face d’interlocuteurs crédibles. Conséquence : il est en 3 jours de grève. Le secrétaire général du SYNPHOT Dr Atchi Walla donne sa version des faits.
pa-lunion.com : Docteur Atchi Walla, bonjour !

Docteur Atchi Walla : Bonjour !

Vous êtes le secrétaire général du SYNPHOT, le Syndicat Nationale des Praticiens Hospitaliers du Togo. Vous avez entamé une nouvelle grève à compter du mercredi 04 décembre 2014 et pour trois jours, pourquoi faire ?

Merci, nous sommes effectivement en grève à compter de ce mercredi 04 décembre pour exprimer notre mécontentement vis-à-vis d’une situation. S’il vous souvient dans le mois d’avril lors des discussions entre la Synergie des Travailleurs du Togo au sein de laquelle est représenté le SYNPHOT, c’est-à-dire les agents de santé et le gouvernement, qu’une allocation forfaitaire avait été allouée aux agents de l’Etat. Trente mille pour la catégorie A, et vingt mille pour les agents des autres catégories. Et cette allocation forfaitaire a été étendue aux agents de santé émargeant sur le budget autonome. Je voudrais rappeler que dans le secteur de la santé, il y a ceux que l’Etat a recruté et qu’il a mis à la disposition des centres de santé, et il y a ceux que les centres de santé eux-mêmes on recruté. C’est eux que nous appelons les agents émargeant sur le budget autonome.

En fonction des besoins !

En fonction des besoins bien sûr. Même si quelque fois, ces recrutements ne sont pas des recrutements de qualité, est-il que c’est des togolais qui ont été recruté avec des compétences techniques et qui servent dans les formations sanitaires publiques aujourd’hui. Donc, je disais que, cette allocation forfaitaire a été étendue à ceux là qui émargeait sur le budget autonome. Puisque, pendant que nous discutions dans le cadre des revendications de la Synergie, nous avons posé le problème, et le gouvernement avait pris l’engagement de pouvoir les payer, mais de façon différée. Donc, l’attente a été longue, ce n’est qu’à partir du mois d’août que certains hôpitaux ont payé un mois, certains ont payé deux, et d’autre rien. Et cette situation a amené le mécontentement général. Et c’est l’un des points qui nous conduisent à la grève qui démarre ce 04 décembre. Le second point, c’est le problème des COGES. Qu’il vous souvienne aussi qu’en 2012, il y a eu des mouvements sociaux dans le secteur de la santé. Et à l’époque, nous réclamions que ceux qui ont été recruté par les collectivités locales puissent bénéficier de la prime de contagions et de risque, qui a été alloué aux fonctionnaires. Un mémorandum d’entente a été signé, et au terme de ce mémorandum, une mission conjointe a été effectué sur le terrain pour s’assurer de la présence effective de certains agents aux postes. Et donc, des critères consensuels d’éligibilité à cette prime ont été élaborés. La mission conjointe a déposé son rapport, mais, un an plus tard aujourd’hui, ceux qui ont été recruté après 2008 ne sont pas rentrés dans leurs droits. Et donc, ces deux points nous ont conduit à une situation que nous commençons par revivre à partir d’aujourd’hui.

Mais, Docteur, vous avez au départ mise en place un comité de suivi de l’application de ces accorts. Pourquoi régulièrement sur les douze derniers mois, une pression continue n’a pas été mise sur le gouvernant au point de l’application des différents points de l’accord

Effectivement vous soulignez là une question assez pertinente. Il faut relever que la grève des agents de santé aujourd’hui n’est pas une grève qui pose de nouvelles revendications. Nous demandons simplement que les engagements qui ont été pris puissent être respectés. C’est gênant que dans notre pays, on soit obligé d’aller faire grève avant qu’on ne respecte les engagements. Au demeurant, je voudrais vous rappeler et rappeler aussi aux lecteurs que, c’était à partir du mois de juin que les agents de santé ont commencé par attirer l’attention de nos autorités sur le fait que des engagements ont été pris, et il y a nécessité de les respecter. Même nous avons pu rencontrer le premier ministre avant que son état de santé ne se dégrade et qu’il n’aille se faire soigner ailleurs. Nous lui avons demandé de faire diligence pour que quelque chose soit trouvé en attendant à nos camarades qui émargent sur le budget autonome, pour que nous puissions continuer par travailler. Malheureusement les résultats de ces discussions ne sont pas acceptables. Et d’ailleurs, à l’assemblée nationale, ils ont été massivement rejetés.

Quels sont ces résultats ? Que vous proposent les autorités en contre partie de l’application des accords obtenus ?

Par rapport au premier point qui concerne les allocations forfaitaires, le gouvernement dit que ces allocations forfaitaires, ne peuvent être payées que par les hôpitaux eux-mêmes. Cela signifie que c’est les hôpitaux qui doivent les payer. Hors nous tous, nous connaissons l’état financier de nos hôpitaux publics aujourd’hui. Surtout avec les prestions de l’INAM et avec la gratuité de la Césarienne. Nous savons un peu que nos hôpitaux sont au creux de la vague aujourd’hui. Mais quand on nous dit que cela doit être mis à la charge des hôpitaux, cela nous inquiète. On continue par nous dire qu’on ne refuse pas de payer, mais que ça va se faire de façon progressive. Mais comment ? Avec quel plan ? C’est ce que nous demandons tout simplement. Donc, quelque part, l’Etat doit accompagner les hôpitaux, je veux en venir aux subventions. Je pense que les subventions aux hôpitaux publics n’ont pas beaucoup bougé depuis longtemps. Aujourd’hui où les besoins s’accroissent, il faut que cette ligne soit revue. Sur ce premier point, c’est la réponse que nous avons. Deuxième point, nous avons demandé que, pour que nous n’ayons pas à faire d’autres mouvements de débrayage, pour demander qu’on règle le problème de budget autonome, que déjà l’année 2014, parce que nous sommes en période d’élaboration du budget de 2014, que ce budget prenne déjà en compte l’impact de cette allocation forfaitaire pour le budget autonome au cours de l‘année 2014. Là encore, la réponse du gouvernement est que, le budget est en gestation, les tractations sont entrain de se poursuivent, ils verront ce qu’ils pourront faire. Pour le troisième point qui concerne le COGES, le gouvernement propose qu’une commission soit mise sur pied pour qu’elle puisse étudier la réforme des COGES. Je laisse l’appréciation à tous les lecteurs, de voir si, cette réponse est convaincante.

Est-ce que la situation n’est pas beaucoup plus difficile aujourd’hui, surtout que vous n’avez plus de ministre de la santé, que le ministère est rattaché à la primature, le premier ministre est malade, entrain de suivre des soins ? Pourquoi vous n’avez pas pensé attendre le retour du premier ministre qui était en discussion directe avec vous avant de tomber malade ?
Oui, c’est extrêmement difficile et d’ailleurs, je profite de l’occasion pour exprimer toutes ma compassion à notre chef de gouvernement, et souhaiter que son état puisse s’améliorer le plus rapidement possible et qu’il regagne le pays, parce qu’il y a tellement de chantier qui l’attende dont le notre. Puisque notre ministère a été rattaché à la primature. Par ailleurs, c’est une décision qui a été singulière. Et je crois que nous tous, nous avons appris que notre ministère a été rattaché à la primature, on ne sait même pas pourquoi. Bon aujourd’hui nous n’avons pas de ministre, il n’y a pas de répondant au niveau du gouvernement. Il se fait que c’est le directeur de cabinet qui, à l’absence de son patron, essaie de voir ce qu’il peut faire. Mais j’avoue que c’est extrêmement difficile, mais nous sommes dans un Etat, même si le ministre de la santé n’est pas là, je pense il y a des autorités administratives qui répondent de sa responsabilité, et qui doivent normalement prendre le taureau par les cornes et essayer de voir ce qui est faisable et qu’on puisse s’assoir, qu’on nous dise réellement ce qu’on peut faire dans un bref délai, dans un délai moyen et à long termes. Et à partir de là, les travailleurs peuvent juger, ils peuvent apprécier la situation et voir ce qu’ils peuvent concéder et ce qu’ils ne peuvent pas concéder.

Encore une fois Docteur, il est question de voir ce qui est ou ce qui doit rentrer dans votre poche en tant que médecins ou praticiens hospitaliers, alors que la structure dans laquelle vous travaillez est dans un état de déliquescence totale. Est-ce que vous ne vous mettez pas encore dans une situation de jugement ?

Merci. Vous évoquez aussi une question assez capitale pour nous. Nous avons dit que, le système de santé, pour qu’il soit performant, il faut agir sur trois leviers. Le premier c’est l’Homme. Les agents de santé, il faut bien les traiter dans un premier temps. Le deuxième levier, c’est les infrastructures. Et vous le dites bien, les infrastructures de nos hôpitaux publics sont aujourd’hui dans un état presque de déliquescence. Les hôpitaux presque, ne fonctionnent plus sur plusieurs aspects. Et le troisième levier, c’est les textes qui organisent le travail. Qu’il vous souvienne que le Chef de l’Etat a annoncé des assises nationales pour notre secteur. Et dès que cette décision a été prise, nous nous sommes organisés. Nous avons réfléchi en tant que travailleurs, en tant que syndicats, pour voir, qu’est-ce que nous pouvons apporter pour que le secteur aille le mieux possible. Nous attendons que ces assises puissent se tenir, pour que, les yeux dans les yeux nous puissions nous dire la vérité, et que des réformes puissent déboucher de cela, que nous puissions connaitre des lendemains meilleurs dans notre secteur.

Mais vous n’avez pas répondu à ma question. Il se posera un problème de vos intérêts et les intérêts des malades qui sont traités dans des conditions pas possible. Qu’est-ce qu’il faut préférer en tant que médecin ayant juré d’aborde de sauver des vies.

Non, je pense que j’ai répondu à votre question de façon précise hein ! Je dis qu’il faut agir sur des leviers. On ne peut pas dire aujourd’hui, on va équiper les hôpitaux sans traiter correctement les agents de santé. Les hôpitaux vont tourner comment ? Il faut que les compétences qui sont en termes de ressources humaines puissent être bien traitées, et que les hôpitaux aient des infrastructures qu’il faut, et que le cadre légal soit bien. Je disais tout à l’heure qu’il faut agir sur les trois leviers ensemble. Mais il se fait qu’il faut mettre l’Homme au centre de tout.

Après les trois jours de grève, vous ferez quoi ?

Il me serait difficile de lire dans l’avenir. Au terme des trois jours, nous allons certainement pouvoir nous retrouver, le travail va reprendre le Lundi. Nous avons une façon de fonctionner dans notre syndicat. Le travail reprendra la semaine prochaine, nous auront l’occasion de faire le bilan des trois jours, nous verrons ce qui a marché, ce qui n’a pas marché, et nous aviserons.

La grève c’est pour trois jours. Vous ne travaillez pas les week-ends ?

La grève c’est pour trois jours. Le vendredi à 17 heures, la grève est terminée. Les activités reprendront normalement. Le lundi les activités de semaine reprendront et dans la semaine nous nous retrouverons certainement pour la suite.
Docteur Atchi Walla, merci !
C’est plutôt moi qui vous remercie.