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Cancer du sein : s’attaquer aux métastases pour sauver encore plus de vies

CHRONIQUE - Santé, sexualité
 Pour limiter les récidives de cancer du sein et faire chuter la mortalité, la médecine bute encore trop souvent sur l’obstacle des métastases. Mais de nombreux programmes de recherche se développent actuellement pour comprendre les mécanismes à l’origine de ces « cancers secondaires ».


Aujourd’hui, en France, les femmes touchées par un cancer du sein bénéficient de techniques et de médicaments de plus en plus performants pour combattre la maladie.

UN ARSENAL THÉRAPEUTIQUE ENCORE INSUFFISANT
La principale arme reste la chirurgie, souvent suivie d’un traitement par radiothérapie pour détruire les cellules tumorales résiduelles et réduire ainsi considérablement le risque de récidives. Pour compléter ce dispositif, il existe également des médicaments dits anti-hormonaux (qui ont pour but de limiter la progression d’une majorité des cancers du sein sensibles aux hormones), ainsi que de nouvelles molécules de chimiothérapie. Malgré cela, la guerre contre le cancer du sein est loin d’être gagnée. Selon les chiffres du ministère de la Santé, près de 11 000 femmes décèdent encore chaque année de ce cancer. C’est la première cause de mortalité par cancer chez la femme. « La plupart des patientes ne décèdent pas de la tumeur primaire, mais du fait des métastases, souligne le chercheur Ali Badache, de l’Institut de cancérologie de Marseille. En effet, des cellules tumorales quittent la tumeur primaire et passent dans la circulation sanguine. Elles sont capables de surmonter de multiples obstacles, de survivre à des situations hostiles pour coloniser des organes vitaux comme le foie, le cerveau, les os, les poumons… »

BARRER LA ROUTE AUX CELLULES MIGRANTES
Les scientifiques veulent donc stopper les métastases dans leur progression. Mais la tâche n’est pas aisée. Si on parle communément « du » cancer du sein, cette dénomination regroupe en fait plusieurs sous-familles de maladies bien distinctes du point de vue des anomalies moléculaires. Les chercheurs doivent donc les mettre en évidence et disséquer pour chacune les processus de formation des métastases. Objectif : trouver leur point faible qui pourra devenir une cible thérapeutique. Des équipes de recherche clinique et de recherche fondamentale collaborent déjà dans cette voie avec de premiers résultats prometteurs. « Maintenant, il faut que les travaux de recherche se multiplient pour caractériser tous les sous-types de cancers du sein. L’objectif est réellement de proposer dans l’avenir ce que l’on appelle des thérapies ciblées, c’est-à-dire des traitements “sur mesure” pour chaque type de tumeur », conclut Ali Badache.

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INTERVIEW
Ali Badache,

chercheur à l’Institut de cancérologie de Marseille,
Inserm, Institut Paoli-Calmettes.
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> Vous vous intéressez à un cancer du sein bien spécifique. Lequel ?
Il s’agit d’un sous-type qui touche 20 à 30 % des patientes. Chez elles, il y a une corrélation entre la présence anormale d’une protéine appelée ErbB2 à la surface des cellules tumorales et un cancer particulièrement agressif avec formation de métastases.

> La mise en évidence de cette protéine ouvre-t-elle des pistes thérapeutiques ?
Tout à fait. Des laboratoires ont développé des molécules capables de bloquer ErbB2. Très récemment, deux études cliniques d’importance1 ont montré comment ces molécules peuvent limiter le développement des tumeurs chez des patientes avec métastases, mais aussi avant le stade de métastase.

> Quels sont désormais les objectifs à atteindre ?
Toutes les patientes ne répondent pas favorablement à ces médicaments. Il faut donc en trouver de nouveaux et limiter les effets secondaires des traitements existants. Pour cela, il va falloir comprendre comment ErbB2 agit sur la cellule tumorale et pourquoi celle-ci devient mobile. J’étudie justement cette migration cellulaire. J’ai déjà mis en évidence un des médiateurs des effets de ErbB2 dans la cellule, une protéine appelée Memo, et je cherche à identifier d’autres intermédiaires. 1. Publiées dans The New England Journal of Medicine, octobre 2005.

Dépistage : « ne doutez plus de la santé de vos seins »
Baptisé Rendez-vous santé +, un programme de dépistage généralisé est proposé tous les deux ans à toutes les femmes de 50 à 74 ans, car dans cette tranche d’âge le risque de cancer du sein est majoré. Objectif : réduire de 30 % la mortalité liée à ce cancer. Après avoir reçu l’invitation de la part de l’Assurance maladie, les femmes concernées peuvent prendre rendez-vous chez un radiologue participant au programme. Le dépistage comprend une mammographie, c’est-à-dire une radiographie des deux seins, complétée par un examen clinique. Ce dépistage en lui-même est gratuit et sans avance de frais.