Tous les Togolais ont en mémoire la façon dont Faure s’est emparé du pouvoir : putsch militaro-constitutionnel ; élections désastreuses (tsumamisées selon certains) ; des centaines de morts ; des milliers d’exilés etc. Tel est le décor dans lequel le fils à Papa Gnassingbé s’est planté. Mais, le voilà, n’en déplaise aux Togolais démocrates ou opposants, qui s’est imposé au Togolais. Cependant à voir de près, on se demande si Faure est vraiment maître de son destin. Bien sûr on nous dira maître de son destin ou pas il est là, imposant comme Caligula. Néanmoins les Togolais tout au moins veulent savoir.
A voir de près, Faure Gnassingbé est ni plus ni moins ce qu’on appelle en général dans le jargon du monde du travail, un pistonné, un planqué, c’est-à-dire quelqu’un qui n’a ni le profil, ni les compétences pour un job mais qu’on place là pour former un réseau pour assurer des intérêts. Un figurant au théâtre.
Justement, n’est-ce pas qu’au jour même de la mort de son père, ce sont les militaires sous le commandement du gl. Zakari Nandja qui ont mis le fils en lieu et place du père ? Depuis lors, des gens, derrière les montagnes, au-delà des océans et même au Togo tirent les ficelles même s’il semble changer en apparence ou en acte. Par exemple, plus d’un Togolais, saluent son refus à distribuer de l’argent à Lomé II, fait qui encourageait la paresse et entretenait le fainéantisme. Malgré cela donc, il n’a pas les mains libres. Tel un forcené sur un âne et qui veut à tout prix être dans le gouvernement qu’il soit d’union nationale ou pas. Ensuite viennent les vieux félons caciques du régime de son père, véritables matadors muets qui entendent jouer un rôle de contrôle et de maîtriser le petit pour s’assurer impunité et continuer à ripailler sur le dos du Togo.
A côté donc de ce réseau clanique Faure Gnassingbé au fil du temps, réussit tant bien que mal à gagner en jouant au chat et à la souris, en jouant à l’appât avec les partis politiques qu’il a triés sur le volet, s’est constitué un réseau pour maîtriser ses phobies. Réseau pour une partie visible et pour l’autre agissant dans l’ombre avec le même objectif, celui de fortifier le pouvoir usurpé de Faure Gnassingbé. La partie visible est constituée pour la majeure partie de Togolais amis d’enfance. La partie invisible est composée de " mercenaires " fournis par les réseaux occidentaux et africains dont principalement la France. Au centre de ce dispositif de l’iceberg se trouve un homme, Eric KABOUA.
D’origine gabonaise, dont le père fut ambassadeur près d’Eyadéma, Eric KABOUA, la quarantaine, est un homme qui connaît le Togo et s’y est tissé un réseau d’amis pour y avoir vécu et fait une partie de sa scolarité notamment au Collège d’Enseignement général du quartier Tokoin Solidarité. Il a, par la suite séjourné à Lomé sporadiquement après la fin de la mission diplomatique de son père à Lomé.
Eric KABOUA qui est resté dans l’entourage de la diplomatie gabonaise, fils d’un diplomate ami de Bongo Odimba est aujourd’hui, à n’en pas douter, l’homme tampon entre Odimba et Faure Gnassingbé. Et quand on sait le rôle de relais que joue Libreville et la Françafrique après justement la mort de Eyadéma et Houphouët, il est, on ne peut plus clair, que M. KABOUA est le mieux indiqué pour jouer ce rôle tampon. Il a également parcouru le monde au gré des missions diplomatiques de son père. Il est donc bien outillé pour bien ficeler un réseau conséquent dont Faure Gnassingbé bénéficie aujourd’hui, voyageant à satiété à un rythme effréné pour le compte de Faure qui le suit pour ainsi dire. Il a de plus joué un rôle déterminent dans la période qui a suivi, certes avec d’autres, le coup d’Etat lorsque le Togo s’est levé comme un seul homme pour dire non à Faure Gnassingbé. On comprend aujourd’hui, les voyages de Faure au Gabon en ces périodes là.
Comme on peut le pressentir en ces moments, tout ce monde va avoir pour soucis de remporter les prochaines législatives. C’est alors le moment, de sortir l’argent du Togo, au moment où le gouvernement d’Agboyibo peine à obtenir un budget de fonctionnement.
Dénis AFANTOWOU
|
