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Education au Togo, les enseignants licenciés mal appréciés

LE REPUBLICAIN Numéro 48 du 26 septembre 2006
 S’il y a un sujet qui défraie la chronique aujourd’hui dans le système éducatif, c’est bien le problème des enseignants auxiliaires abusivement licenciés en 2000. A la veille de la rentrée scolaire 2006-2007, le ministre de l’enseignement primaire et secondaire, M. Klassou Sélom et son collègue de l’enseignement technique M. Edoh Agbénowossi ont déclaré que ces enseignants sont repris sans d’autres précisions. Or, ceux-ci sont encore là, sans bouger, ils n’ont pas regagné leur poste. Pourquoi alors ?
" Nous n’avons pas eu gain de cause, nous avons été floués. On nous a promis des choses lors des négociations mais voilà, nous n’avons rien. Pire on fait de nous, de nouveaux auxiliaires après avoir passé 6 ans à la maison et après avoir accompli entre 7 et 11 ans de service… ". Ainsi s’exprimait Jean, un professeur de comptabilité évidemment aussi dans le cas.

Mais le mal, surtout là où le bas blesse, c’est qu’en ville, et même dans certaines familles, ces enseignants sont sous pressions. Dans certaines familles où les gens ont la mémoire courte, on menace de bannir l’intéressé de la famille parce qu’il est devenu une charge. " On vous a rappelés non ? Allez-y, qu’est-ce que vous voulez encore ? Vous voulez tout, ou rien ? " Certains vont jusqu’à comparer ces pauvres enseignants au parti politique l’UFC. D’autres encore font un bizarre rapprochement : " si votre enfant vous réclame quelque chose en vous menaçant ou en insistant, serez-vous content ? " Comble de malheur, c’est parfois d’autres enseignants qui ne sont pas dans le cas bien sûr, qui raisonnent ainsi. A tous ceux qui raisonnent ainsi, il faut éclairer un peu leur lanterne.

En effet depuis que la notion de vacataire est introduite dans le système éducatif au Togo, ce corps est traité en parias, considéré moins que des chiens. La conférence nationale de 1991 a exigé que ce corps n’existât plus et que ceux qui sont sur le terrain soient intégrés à la fonction publique. Le gouvernement de Me Joseph Koffigoh n’a rien fait en ce sens. Les ans passent. Chaque année connaît un recrutement d’enseignants vacataires. Pour avoir leur " salaire " aussi dérisoire sort-il, ils doivent faire des grèves.
Ce n’est qu’en 1995 que sous le gouvernement de Edem Kodjo I avec pour ministre de l’éducation le Professeur SEDDOH que le processus d’intégration à la fonction publique a lieu. On intégra une vague. Il est signé un accord selon lequel à chaque deux ans, on intégrera progressivement dans la fonction publique. Du coup, le reste devient des contractuels. Ils ont désormais des bulletins de salaire avec les impôts, les prélèvements de la caisse nationale de sécurité et autre. Le plus grave, l’argent prélevé pour la caisse n’y est jamais versé. Donc, on prélevait mais les intéressés n’en bénéficiaient pas. Donc, l’enseignant contractuel était non seulement triché depuis qu’il a intégré le système mais aussi volé pendant 4 à 11 ans. Il n’est pas autorisé aux concours professionnels, bref, l’enseignant contractuel jusqu’en 1999, était le plus malheureux des citoyens. Ils n’ont d’yeux que pour pleurer quand certains de leurs propres anciens élèves, après 3 à 4 ans passés à l’université reviennent les rejoindre sur le terrain avec des N° matricule de la fonction publique. Il faudra que ceux qui détractent les enseignants contractuels en question considèrent tout cela. A leur place, ils feraient autant.

C’est dans ces conditions qu’en 1999, les enseignants contractuels décident de rentrer en grève. Le gouvernement d’alors décide de les licencier. Voilà brièvement, très sommairement la situation.
Alors si aujourd’hui, on compare ces enseignants à des enfants qui réclament avec insistance, c’est simplement déplorable, c’est simplement triste. On peut dire " qu’en un plomb vil, l’or pur s’est transformé ". Un père qui traiterait ces enfants comme l’Etat traite les enseignants contractuels se retrouverait en prison si son propre enfant ne le tuait pas. Un père qui a plusieurs enfants, et qui adule certains, exploite les uns et vole les autres est un père irresponsable et n’est pas digne d’un père. Il fait parmi ses enfants des aigris et cultive implicitement la violence, la haine et tant de maux. A ce père, l’Etat devait lui retirer la citoyenneté et le statut de père avant que ses propres enfants ne le dévorent.

C’est long à dire. Disons tout simplement que pour une vraie réconciliation au Togo, pour une union harmonieuse entre les fils du pays et pour une bonne évolution dans l’éducation, il faudrait régler une fois pour toute, ce fameux problème d’enseignants licenciés. C’est ce que le chef de l’Etat Faure Gnassingbé a compris quand il a pris le dossier à cœur avant que cela ne chamboule sans qu’on ne sache comment.
Jean-David MESSANGAN