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Dialogue inter-togolais :pourquoi a-t-on les yeux braqués sur Gilchrist Olympio ?

Politique
   Alors que le dialogue inter togolais bat son plein à Ouagadougou, on observe que ceux qui sont en tête d’affiche et qui font l’objet de commentaires nourris dans les médias, ne sont pas forcément ceux sur qui on fonde le plus d’espoir pour que, de ce dialogue, sortent des solutions qui aident à l’implantation d’une démocratie durable au Togo et par contagion dans la sous région.
On parle et on reparle, sous toutes les coutures, de Blaise Compaoré. Normal C’est lui le médiateur désigné par consensus après tant de difficultés, de propositions et de récusations par toutes les parties concernées. Il n’est pas, ce qui donne quelque poids à sa médiation, un personnage quelconque puisque bonne ou mauvaise, sa réputation est ancrée dans l’opinion, et que par conséquent, il ne laisse pas indifférent. L’homme, au surplus, qui ne manque pas de force de frappe, a des raisons multiples de conduire cette médiation de laquelle il escompte des dividendes pour lui-même et pour son pays.

A côte de lui, il y a Faure Eyadema, le « fils de son père », dont on parle aussi. Il manœuvre avec sa personnalité, ses compétences propres, dans un contexte quelque peu différent qui prédispose à plus de compréhension à son endroit, et il met mal à l’aise ceux qui seraient tentés de dire systématiquement « tel père tel fils » et de répercuter sur lui, les préventions qu’ils avaient contre le père, comme le loup l’a fait avec l’agneau dans la Fable. Il fait d’autant plus l’évènement que l’Union européenne ne verrait pas d’un mauvais œil que l’on donne sa chance au jeune chef d’Etat, qui sait y faire aussi, en levant le pied sur les sanctions.

Il y a en troisième position Gilchrist Olympio et Léopold Gnininvi. Ce sont un peu les « Saint Just » de l’opposition togolaise et on peut même dire, africaine. S’il y a des politiques en Afrique qui peuvent être élus avec le moins de contestation possible au rang d’ incorruptibles, c’est bien eux. Ils ont tellement l’âme chevillée sur les principes que parfois, on a tendance à les classer dans le clan des maximalistes, fermé à tout compromis. Le fait qu’ils aient accepté la médiation du chef de l’Etat burkinabé n’en a que plus contribué, en débloquant le dialogue, à crédibiliser la médiation et donné un peu plus d’espoir à ceux qui doutaient qu’il puisse sortir quelque chose de positif dans ce énième round de réconciliation et de relance démocratique togolais.

Mais au-delà de l’impact médiatique, il faut chercher à savoir ceux qui, au bout du compte, pourraient réellement aider à faire en sorte que ce nouveau galop d’essai que beaucoup considèrent à tort ou à raison comme l’ultime dialogue, ne débouche sur un échec ou sur des solutions biaisées qui dans tous les cas, laisserait en l’état les problèmes essentiels du Togo. Ce serait dommage pour ce pays et pour l’Afrique. Il ne faut pas dans ces conditions tout miser sur les plus médiatisés : Blaise Compaoré et Faure Eyadema.

En effet, le premier présente le désagrément d’écorner le profil de l’emploi qu’il réclame en faisant dans son pays, vis-à-vis de l’opposition et de la démocratie, ce qui vaut aux Togolais de recourir aujourd’hui à une médiation extérieure. A supposer qu’il arrive à résoudre les problèmes togolais, on comprendrait encore moins qu’il laisse en plan ceux de son pays. Il est donc attendu au coin de la rue ou plutôt de la médiation, pour des concessions qui ne pourraient que réduire ses pouvoirs qu’il a toujours voulu exclusifs.

Le second, Faure Eyadema, doit ménager ses propres partisans pour ne pas trop céder à l’opposition au point de rompre des grands équilibres qui ne datent pas d’aujourd’hui et sans lesquels il ne serait pas possible de gérer le pays. C’est pourtant le défi qui lui est lancé à travers notamment les questions de la CENI mais surtout de l’armée et de l’impunité.

C’est dire que les deux Présidents marchent, quoi qu’on dise, sur des œufs et seront plutôt poussés vers un mini minimum consensuel qu’un maxi maximum consensuel.

Face à une telle situation, il faut à l’opposition togolaise, beaucoup de vigilance, de courage et de détachement pour ne pas être entraîné dans un processus de bradage des demandes maîtresses sans lesquelles il apparaîtrait impossible de ranimer la confiance nationale et de mettre la démocratie, que les Togolais attendent, sur les rails.

Les opposants africains les regardent et regardent, parmi eux, surtout Gilchrist Olympio dont on espère qu’il saura toujours mettre à côté ses états d’âme, ses ambitions personnelles pour œuvrer avec courage à faire de ce tête à tête et du cas du Togo, un exemple fondateur. Une jurisprudence pour tout le continent dans sa lutte pour la déconnexion de l’armée, de l’administration, de la chefferie traditionnelle, des autorités religieuses, de la politique et surtout du processus électoral. Un exemple qui fera dire que maintenant en Afrique, les instruments électoraux ne sont plus la « chose » des partis au pouvoir, que les médias d’Etat sont libérés de leur mainmise et que l’impunité est vaincue, la justice ayant partout gagné ou regagné son indépendance.

C’est de Gilchrist à la vérité qu’on attend que ces victoires soient remportées. Les autres opposants semblent avoir déjà fait le plein de leurs gains depuis les accords partiels du 07 juillet 2006. Si le patron de l’UFC y parvient, il n’aura pas seulement vengé avec panache son père par un combat exemplaire auquel il a consacré sa vie, ne craignant pas dans la mêlée, de l’exposer à l’occasion. Il aura aussi rendu une fière chandelle à son pays et à l’Afrique. Ne serait-ce pas là plus important que d’être Président du Togo, une gloire éternelle ?

San Finna