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Réflexion du CRI-TD sur le Coup d’Etat au Mali. Après ATT à qui le tour ?

Togo - Opinions
Gaëtan Gbati ZOUMARO
Comme on pouvait s’y attendre, la «françafrique» a de nouveau frappé. Tous les observateurs (même les plus optimistes) de l’Afrique francophone sont maintenant obligés de reconnaître que la parenthèse démocratique ouverte dans les années 1990 s’est bel et bien refermée. Après la Cote d’Ivoire, c’est le Mali qui vient d’être catapulté 20 ans en arrière. Et bien évidemment, la «françafrique» ne va pas s’arrêter en si bon chemin. Tous ces présidents africains qui ont eu le mauvais goût de se faire élire par leur peuple au lieu de se laisser nommer par l’ancienne puissance coloniale vont y passer. Comment expliquer autrement la plaisanterie de mauvais goût qui se déroule sous nos yeux si ce n’est par la volonté de forces obscures, de maintenir le continent noir sous leur domination et de l’empêcher de se developper?

«La France n’est jamais si grande que quand elle monte sur les épaules de l’Afrique »
La situation déplorable de l’Afrique ne fait pas que des malheureux. Les « multinationales-sangsues » profitent de la faiblesse des Etats africains pour s’en mettre plein les proches. Tout le monde connaît désormais la liste des vautours du genre Bolloré ou Bouygues qui pillent l’Afrique.
Mais au-delà de ces raisons bassement matérialistes, il y a aussi une certaine France nostalgique qui a viscéralement besoin de maintenir l’Afrique sous sa domination pour se donner l’illusion d’une puissance en réalité perdue à jamais. Comme le dit si bien un ancien ambassadeur des Etats-Unis en Angola, cette « France n’est jamais si grande que quand elle monte sur les épaules de l’Afrique ». Que vaudrait autrement sa voix aux Nations Unies si elle ne pouvait compter sur une armée de gouvernants africains à sa solde? Que serait sa langue si elle n’était parlée par des millions d’Africains pour la plupart jeunes et ambitieux? Que pèserait-elle au sein de la zone Euro si elle ne détenait au trésor Français les réserves de la BCEAO et de la BEAC ?
Cette France, à moins d’être masochiste ou suicidaire fera donc tout ce qui est en son pouvoir pour casser l’Afrique. Elle ne supportera jamais un partenariat avec l’Afrique. Elle n’arrivera jamais à traiter d’égal à égal avec l’Afrique. Elle ne tournera jamais volontairement la page de la «Françafrique», parce qu’elle est restée figée dans les années 50. Cependant, ne pouvant plus dépêcher des gouverneurs depuis Paris, elle cherche des valets locaux pour veiller sur ses intérêts.
L’exemple type de ces laquais sans aucune dignité est bien évidemment le nouveau président Ivoirien Allassane Ouattara qui ne prend jamais une décision sans en référer à la France.
Amadou Toumani Touré n’a pas voulu jouer le jeu. Certes il n’a jamais eu le courage (comme Laurent Gbagbo) de vouloir faire de son pays un Etat réellement souverain, mais son refus de signer un accord concernant l’Immigration (autrement dit le rappatriement des immigrés Maliens par charter) et son refus d’une base militaire française au Mali furent considérés comme étant un affront par les autorités francaises.

Le schéma machiavélique du couple Sarko-Juppé
La rébellion du Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (MNLA) fut donc le prétexte tout trouvé pour ramener le Mali dans le giron des nations béni oui-oui. Le schéma du coup d’Etat malien ressemble d’ailleurs étrangement à celui en Cote d’Ivoire. Ce schéma devient un classique du genre en Afrique francophone.
1) On arme et on soutient une rébellion dans un coin du pays dont on veut reprendre le contrôle,
2) Dès que cette rébellion engrange quelques succès militaires on exige un cessez-le-feu des deux « belligérants » (en oubliant de les désarmer)
3) On oblige ensuite le pouvoir légitime et démocratique à négocier avec la rébellion qu’on continue pendant ce temps d’armer alors qu’on fait tout pour humilier et décrédibiliser les autorités démocratiques
4) Puis on incite en coulisse des officiers de l’Armée à renverser le pouvoir démocratique sous prétexte de vouloir rétablir l’ordre.
5) Finalement, la France, sous la bannière de la communauté dite internationale installe son poulain (ou plutôt son larbin) après des élections fantoches qu’elle aura financées, contrôlées, observées et entérinées.

La Cote d’Ivoire, et son armée ont résisté aux côtés de leur président démocratiquement élu, Laurent Gbagbo. Cette résistance a duré presque 10 ans (entre le début de la rébellion en 2002 et le coup d’Etat contre Laurent Gbagbo en avril 2011). Grâce à cette résistance, les points 4 et 5 du schéma machiavélique ne se sont pas déroulés comme prévu. La France à, été obligée de se démasquer en envoyant ses propres troupes faire le coup d’Etat à la place d’un officier local. Rappelons-nous les paroles de Laurent Gbagbo lors de sa première comparution devant la CPI : « c’est l’Armée Française qui a fait le travail. Les images de mon arrestation que vous avez tous vues ont été filmées par les militaires Français ! ». Le Général Doué qui était pressenti pour faire le sale boulot s’est défilé, obligeant les militaires Français à se salir les mains. Le larbin de la France Allassane Ouattara lui, ne s’est pas fait prier avant de venir s’installer au pouvoir au nom de ses maîtres.

Au Mali, le plan fonctionne beaucoup mieux. Ils en sont au point 4.
- Le point 1 a été enclenché le 17 janvier dernier par une rébellion Touareg dans le nord du Pays.
- Dès le 7 février, Alain Juppé déclarait devant le Sénat Français : « La rébellion touarègue a remporté récemment d’importants succès militaires au Nord du fleuve Niger. (…) Un cessez-le-feu immédiat est pour nous impératif ». (point 2)
Lire l'article sur Jeuneafrique.com : Rébellion touarègue : pourquoi le Mali suspecte la France de jouer double jeu

- Quelques jour plus tard, le 26 février, le même Juppé se rend à Bamako et déclare : « Il faut donc prendre la voie du dialogue politique aussi inclusif que possible avec tous ceux qui doivent s’asseoir autour de la table et le président Amadou Toumani Touré » (point 3)
Lire l'article sur Jeuneafrique.com : Juppé à Bamako : "Un dialogue inter-malien est absolument nécessaire"

- Nous en sommes maintenant au point 4 que constitue le coup d’Etat perpétré par le Capitaine Amadou Sanogo et, sans surprise, M. Juppé annonce d’ores et déjà le point 5 sur la radio Europe 1 : « Nous demandons le rétablissement de l'ordre constitutionnel, des élections, elles étaient programmées pour avril, il faut qu'elles aient lieu le plus vite possible ». Assurément que le valet local de la France est dans les starting bloks, prêt à courrir s’installer au pouvoir dès que ses maîtres Français lui feront signe.

Retour à la case départ ?
Amadou Sanogo le malien ne s’est pas défilé comme Mathias Doué l’Ivoirien l’avait fait. L’Armée Francaise n’a donc pas eu à se salir les mains comme elle l’avait fait en Cote d’Ivoire. Cependant, le résultat est le même : Le Mali rejoint la Cote d’Ivoire dans sa marche rétrograde vers la dictature d’avant 1990.

La liste des pays qui ont subi ce malheureux sort est longue. Tout comme celle des coups d’Etat sanglants en Afrique. Elle s’est ouverte en 1963, avec en tête le Togo, qui , après seulement quelques mois d’une transition démocratique, a replongé dans le puits sombre de la dictature militaire dès le 3 décembre 1991. A l’époque, personne n’avait prêté attention aux lamentations de ce petit pays. Personne ne s’était indigné que la France ne fasse pas jouer les accords de défense pour protéger cette démocratie naissante. Avec le recul, on peut même affirmer sans grand risque de se tromper que les troupes françaises amassées au Bénin voisin et dont on avait naïvement pensé qu’elles s’apprêtaient à intervenir pour protéger les institutions démocratiques avaient en réalité été dépêchées à la frontière Togolaise pour soutenir les putschistes. Elles n’ont finalement pas eu à intervenir, puisque ces putschistes ont pu capturer le Premier Ministre Joseph Kokou Koffigoh.

On peut également citer le cas du Congo-Brazzaville où Le président Pascal Lissouba, démocratiquement élu n’a jamais pu terminer son mandat. Il y a également Le Congo-Kinshasa, Madagascar, la Mauritanie etc. ?
Après la cote d’Ivoire c’est maintenant le Mali qui s’ajoute à cette sinistre liste des pays re-projetés dans un passé dictatorial. Qui sera le Ouattara Malien ? Qui sera le laquais de service ? Oumar Mariko ?
Qui est le prochain chef d’Etat sur la liste du couple infernal Juppé-Sarko ? Quel pays vont-ils déstabiliser après le Mali ? A qui le tour ?

Un seul mot d’ordre : retour d’ATT au pouvoir
Le CRI-TD condamne fermement le coup d’Etat au Mali et joint sa voix à celles qui se sont déjà élevées pour exiger le retour au pouvoir sans délai et sans conditions d’Amadou Toumani Touré et de toutes les autorités démocratiques du Mali. Contrairement aux déclarations de Paris, ce retour doit être un préalable à l’organisation de toute élection et au retour à l’ordre constitutionnel au Mali. C’est une question de principe !!!

Fait à Rotterdam le 30-03-2012
Gaëtan Gbati ZOUMARO
Coordinateur CRI-TD
[email protected]