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Cameroun : Les prostituées en ordre de bataille

Afrique
 Elles sont une équipe de douze à mener une campagne de sensibilisation sur le Vih/Sida et les Ist à Yaoundé.

Mimi et Elsa, deux filles libres – résidant à Yaoundé – sont depuis peu engagées dans la lutte contre le Vih/Sida et les Infections sexuellement transmissibles (Ist). Au quotidien, elles sensibilisent des personnes sexuellement actives. Elles parlent des voies de transmission, de risques et des moyens de prévention de la pandémie du siècle. Le tandem Mimi-Elsa fait partie d’une équipe de douze filles libres. Pendant les causeries avec leurs cibles, elles distribuent des préservatifs et des tickets de dépistage gratuit de Vih. Les deux éducatrices travaillent individuellement. Aucune heure n’est arrêtée pour les sorties. “ Nous n’habitons pas le même quartier. Nous organisons les sorties en fonction de notre calendrier. Car, nous avons d’autres choses à faire ”, confie Mimi. De nuit, elles sensibilisent dans les bars et les auberges des quartiers Obili, Mini-ferme, Ekounou, Mvog-Ada, Briqueterie… “ Ce sont les endroits où se localisent le plus grand nombre de filles libres ” Dans la journée, elles opèrent dans les salons de coiffure, les lieux de réunion de famille, d’amis et de tribus. Elles font aussi la sensibilisation dans diverses associations et même en famille, dès que l’opportunité se présente.

Difficultés
Les belles de nuit sont parfois persona non grata chez leurs interlocutrices. Certaines irresponsables les repoussent violemment. Surtout s’il faut parler du dépistage du Vih. “ La plupart refusent de se faire dépister. Quand elles ne nous envoient pas nous faire dépister, elles nous demandent si nous sommes sûres d’être encore bien portantes. De manière générale, nous faisons face à de violentes injures ”, confie Mimi. Toutefois, d’autres sont sensibles à leurs conseils, mais, indexent la misère et le chômage pour justifier leur choix professionnel. “ Bon nombre sont mères de plusieurs enfants. Mais, n’ont pas assez de moyens pour subvenir aux besoins de leur progéniture. Ceci les contraint à se livrer dans la prostitution ”, renchérit Mimi. Elles promettent néanmoins d’abandonner leur “ métier ”, au cas où un emploi stable est possible.
Les douze éducatrices tirent leur expérience d’une formation de deux mois (mai-juillet), offerte par Horizons Femmes, une association humanitaire basée à Yaoundé. Le principal objectif du training est d’amener les filles libres à abandonner la rue. Pour y parvenir, elles devraient entreprendre des activités génératrices de revenus. Des cours y relatifs leur ont été dispensés à cet effet. Mais, toutes manquent de moyens financiers pour démarrer une activité. “ Dans un premier temps, nous financerons cinq projets ”, confie Denise Ngatchou, présidente de Horizons femmes. Pour cette féministe, ce coup d’essai est un coup de maître. Contre toute attente, les éducatrices sont fortement impliquées dans l’opération de sensibilisation. “ 192 causeries étaient prévues en 6 mois pour le projet. En deux mois, nous en sommes déjà à 500. 40 filles ont subi un dépistage. Les demandes de formation sont légion ”, renchérit Mme Ngatchou. Le projet est soutenu par l’Ong Care Cameroun. Il prend fin en décembre 2006.



Par Véronique S. TIENTCHEU
Le 03-08-2006