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La reconciliation nationale à l’épreuve du redécoupage électoral : banir le Gerrymandering pour plus d’équité

Togo - Opinions
Jean ADOLEHOUME
Au Togo auront lieu en 2012 des élections majeures, notamment les élections législatives qui aboutiront à un remaniement de l’assemblée nationale où siègent les représentants du peuple.

Sur la base du nouveau recensement de la population et de la création de nouvelles préfectures, le découpage électoral inéquitable ayant servit aux élections législatives de 2007 s’avère encore plus irréaliste.

En effet comme nous l’avions déjà indiqué à l’époque, elle semble relever d’un mécanisme s’apparentant au « Gerrymandering », qui se traduit par «le charcutage électoral à visée partisane».

Le Gerrymandering est un terme politique nord américain pour désigner le découpage des circonscriptions électorales avec pour objectif de donner l’avantage à un parti, un candidat, ou un groupe donné. Selon l’encyclopédie libre, ce terme vit le jour en 1811 quand le gouverneur du Massachusetts, Elbridge Gerry fut accusé d’avoir «dessiné» une circonscription en forme de salamandre afin de favoriser son parti. Les intérêts étant colossaux, le moindre avantage est perçu comme très important pour un candidat et les «cartographes des circonscriptions électorales pèsent souvent sur l’issue d’un scrutin. Certains auteurs emploient les expressions «partisan gerrymandering» lorsque le but est d’accentuer l’avantage d’un parti politique et «racial gerrymandering» lorsque le but est d’augmenter le pouvoir politique d’une minorité «ethno-raciale».

C’est pour corriger les abus de ce phénomène que par exemple le recensement est fait tous les dix ans aux États-Unis pour que le découpage électoral et l’attribution des sièges reflètent l’évolution démographique pour plus d’équité.

Si l’on considère que c’est la variable « population » qui est la base d’attribution du nombre de sièges aux différentes circonscriptions électorales que sont les préfectures, les prochaines élections législatives devront déboucher sur une augmentation du nombre de siège en tenant compte des nouvelles préfectures et de la répartition de la population, la variable « superficie » n’étant pas pertinente d’autant plus qu’un député représente d’abord des populations.

C’est ainsi que si la préfecture d’Assoli avec une superficie de 993km2 a 2 sièges au même titre que celle de Tchamba qui a pour superficie 3244km2 ne semble pas inéquitable au prime abord. Mais si l’on considère que ce sont 20.317 votants qui ont élit les 2 députés d’Assoli alors qu’il en a fallu 47.594 pour élire les 2 députés de Tchamba, soit plus du double des votants, il y a là une iniquité flagrante qui relève du « Gerrymandering » et qui ne favorise pas la paix sociale.

Il en est de même en ce qui concerne le Zio qui avec 130.130 votants, a le même nombre de sièges (soit 3) que la préfecture d’Amou qui a deux fois moins de votants, soit 51.617. On pourrait faire croire qu’il y a eu plus de mobilisation des électeurs dans certaines préfectures mais hélas on retrouve les mêmes proportions au niveau de la population de ces différentes préfectures avec par exemple 269.900 habitants pour le Zio et 109.600 pour l’Amou. Il est d’ailleurs important de rappeler que le taux de participations aux élections législatives de 2007 était de 85%.

En ce qui concerne l’OGOU par exemple, elle n’a que 3 sièges pour 130.212 votants et une population de 279.000 habitants alors que la préfecture du Tône a eu 4 sièges avec 116.326 votants et une population de 276.000 habitants.

L’iniquité la plus flagrante est le cas de la préfecture du Golfe qui avec 201.576 votants et une population de 460.900 habitants, a seulement 2 sièges alors que Blitta a 3 sièges avec seulement 59.171 votants et une population de 112.600 habitants, soit quatre fois moins d’habitants.

En gardant le même mécanisme de répartition des sièges, l’administration territoriale ne ferait que susciter des remous légitimes de la part des préfectures qui se sentiront lésées à juste titre ; les éloignant de plus en plus de la réconciliation nationale et de la bonne gouvernance politique proclamées par le président de la République, Faure GNASSINGBE et souhaitées ardemment par tous.

Il faudrait donc tenir compte du nouveau recensement de la population de 2010 qui donne :

Population totale du Togo : 6.191.155 habitants

Région Maritime : 2.599.955 habitants (42% de la population totale)

Région des Plateaux : 1.375.955 habitants (22% de la population totale)

Région Centrale : 617.871 habitants (10% de la population totale)

Région de la Kara : 769.940 (12% de la population)

Région des Savanes : 828.224 (13% de la population totale).



La perfection n’est pas de ce monde et même les démocraties occidentales ont leurs limites. Mais la quête de la perfection reste le ciment de la réussite, surtout en matière de démocratie.

A sept mois de la date probable des élections législatives, tous les partis politiques doivent se concentrer sur le redécoupage électoral et l’actualisation des listes pour des scrutins apaisés.

Gageons que le « Gerrymandering » sera à jamais banni de notre découpage électoral et que certains esprits machiavéliques ne sacrifieraient pas la fragile paix sociale retrouvée sur l’autel de calculs bassement partisans.

C’est une question d’intérêt NATIONAL.

« L’essentiel en toute chose ne se voit pas à l’œil nu. L’important, c’est donc la volonté de bien faire, de mieux faire ».

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Pour le groupe de réflexion « Les PROPOSANTS »,

Jean ADOLEHOUME