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Une petite bombe pour Assad, pour poutine?

Togo - Opinions
Sénouvo Agbota ZINSOU
On dit que c'est dans un visage mou que les boutons, considérés comme des éléments gênants et désagréables, bien entendu, poussent. Non, je ne vais pas appliquer ce proverbe mina ici. Je voudrais simplement demander au lecteur si par hasard, il
n'y aurait pas une petite bombe pour Poutine. Et une autre pour Assad.

Quelqu'un m'avait dit, après les bombardements qui ont eu raison de Gbagbo, puis de Kadhafi, chassant le premier du pouvoir et tuant le second que c'étaient des signaux forts aux dictateurs, aux tyrans, aux oppresseurs de leur peuple qui n'entendent rien à la démocratie. Je m'en étais réjoui car je ne souhaite, pour le monde, rien d'autre que la fin des tyrans, rien d'autre que le règne de la démocratie. Je jubilais :« Vive la Communauté Internationale! Vivent le G8 et le G20! Vive l'ONU! Vive...qui encore? ( je ne le dirai pas; mais chacun peut dresser sa propre liste des institutions et des hommes à qui nous devons la démocratie dans le monde, le salut de l'humanité»).
Mais après Gbagbo et Khadfi, le monde a commencé à assister aux massacres perpétrés par Assad en Syrie et je me disais plein d'espoir : «Assad, attends, bientôt tu auras sur le dos les bombes de la Communauté Internationale, les bombes de l'OTAN, les bombes du G20...Oboboé! Egou! Véritablement, le dieu du fer et de la guerre sur le dos! Tu ne pourras pas résister! Tu n'as pas le dos assez solide! »

Mais les jours passaient, passaient...les Syriens mouraient, mouraient par dizaines, mouraient par centaines, mouraient par milliers... Ni Communauté Internationale, ni OTAN, ni ONU...n'ont pu rien faire à Assad. Je me disais que, puisque ces messieurs de la Communauté Internationale, de l'OTAN, de l'ONU groupent les tyrans, les dictateurs, les oppresseurs de leur peuple par couple pour leur régler leur affaire, ils attendent peut-être que Poutine fasse une bêtise en Russie pour intervenir en Russie...et en Syrie en même temps. Mais, voilà, je suis déçu. Poutine, qui entre parfaitement dans la catégorie des dirigeants dignes de recevoir une bombe, au moins une petite bombe, n'en reçoit aucune. C'est pas normal! Oui, il y en a eu d'autres qui entraient dans cette catégorie et à qui personne n'a demandé aucun compte. Mais, c'est du passé, non? On ne va tout de même pas demander à l'ONU, à l'OTAN... d'aller larguer des bombes sur Gnassingbé ( on ne l'a pas fait en 2005 et en 2010, donc c'est fini, c'est du passé ) ni sur Sassou Ngesso, ni sur Kabila, encore moins sur Compaoré ( c'est encore plus vieux ). C'est comme si on leur demandait d'aller bombarder la tombe de Assad père, ou d'Eyadema père... Il n'y en a même pas, je veux dire de bombe, pour Omar El Béchir, le président du Soudan : il n'embête pas vraiment la Communauté Internationale malgré plus de trois cent mille morts et deux millions cinq cent mille déplacés qu'ils traîne sur le dos. Et puis, il s'est imposé, avec le temps. À force de durcir son visage, son front si vous voulez, pour que les boutons n'y trouvent pas un terrain favorable. Et c'est ainsi que El-Béchir passe, enfin, que ses crimes passent. C'est donc aussi du passé quoique actuel...

Mais Poutine, ça date d'hier, c'est encore tout frais. Le signal est valable pour lui. Il n'est pas seulement vivant. Et au trône. Il est triomphant! Et on le laisse triompher.

Après réflexion, j'ai compris: les bombes, ça coûte cher, très cher! Il vaut mieux les réserver pour ceux qui les méritent vraiment. Je ne veux pas forcément dire ceux qui ont le visage mou. Je veux dire, puisque Kadhafi est déjà mort et que Gbagbo est en prison, (on ne sait jamais quand ils apparaîtront ou ré-apparaîtront), les gens qui ressemblent à Kadhafi et à Gbagbo, ont le même visage qu'eux. Leurs partisans, leurs femmes, leurs enfants. Il y a même leurs revenants, leurs fantômes à qui il faut envoyer sans cesse des signaux forts. Ah, les fantômes! Il n'y a rein de plus terrible que les fantômes. Ils ne vous laissent jamais en paix. Il vaut mieux leur réserver les provisions de bombes qui restent à l'OTAN, à la Communauté Internationale...au lieu de les gaspiller contre les Assad, les Poutine...au visage dur. Et puis, si on voulait absolument s'occuper des Poutine, des Assad...tous ces hommes malades du pouvoir, il n'y aurait pas assez de bombes pour tous. Ces malades sont partout, dans tous les costumes. En sorte que, si on voulait les traiter tous de manière efficace, il faudrait peut-être commencer par les médecins eux-mêmes. Mais qui peut soigner les médecins malades? J'ai tellement bien compris la chose que je me fais maintenant l'avocat de la Communauté Internationale, de l'OTAN, de l'ONU, c'est-à-dire des hommes qui parlent et agissent au nom de ces organismes : « Vous croyez que c'est des cadavres de Côte d'Ivoire et de Libye que nous nous nourrissons chaque jour? Non. Nous ne nous nourrissons même pas des cadavres de Syrie. Et s'il y a guerre civile en Russie et que Poutine, qui a déjà, dès la proclamation des résultats fait procéder à l'arrestation de plus de cinq cents manifestants, si Poutine se met à nettoyer la m...pardon, les chiottes, pardon les déchets humains comme il a déjà nettoyé les Tchétchènes, ce ne sera pas notre tasse de thé. Il y en a eu d'autres qui les ont nettoyées, les chiottes, ailleurs au Togo, au Darfour, en Côte d'Ivoire...On ne gaspille pas nos bombes pour ça. Ce n'est pas de ça qu'on se nourrit. De quoi on se nourrit ? Eh bien, de viande. Viande tout court ou viande halal. À chacun sa viande, halal ou pas, étouffée ou saignée.

Et surtout, ne nous demandez pas d'aller bouffer les cadavres libyens, syriens, ivoiriens... togolais, soudanais, tchétchènes, iraqiens...On peut aider à l'abattage, mais pour les cadavres, chacun doit se débrouiller avec les siens. Nous, on s'occupe des fantômes qui viendraient éventuellement nous empêcher de manger tranquillement notre viande».

Sénouvo Agbota ZINSOU