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Corée du Sud-Togo: les Eperviers ont agréablement surpris

La Une
 Oubliées les galères des derniers jours, effacée la mauvaise image laissée pendant la CAN au début de l'année en Egypte. le Togo, bien en jambes, volontaire et entreprenant, dans un contexte difficile n'a pas été loin de la victoire. les éléments en ont décidé autrement. Les joueurs ont repris les choses en mains renouvelant la belle image qui les avait accompagnés pendant toute la phase éliminatoire. Ils n'ont peut-être pas dit leur dernier mot. Français et Suisses devraient se méfier.

Attachez vos ceintures. Le commandant de bord nous avise que nous allons traverser une zone de turbulences. Cela vaut pour l’équipage. Pas rassurant le message pour les Togolais. Ils l’ont bien cherché. Ils auraient pu éviter les nuages menaçants, ils ont préféré foncer droit dedans. Y a-t-il un pilote dans l’avion ? Jamais, de toute l’histoire de la Coupe du monde, une équipe ne s’était fourvoyée dans de si mauvais draps. Des problèmes, il y en a eu ; le Cameroun, en expert, pourrait raconter tous ses voyages mouvementés en Coupe du monde. A ce point, on n’a pas le souvenir. Le Togo a été la risée de toute la planète et la honte de beaucoup des siens outrés par tant d’amateurisme, de rivalités imbéciles et, au final, d’incompétences.
Les premières informations en provenance du stade confirment le retour d’Otto Pfister. On l’a vu dans le car avec les joueurs. Sur la feuille de match, il figure bien comme sélectionneur de l’équipe du Togo. Est-ce lui qui a composé l’équipe ou Kodjovi Mawuena qui a dirigé tous les entraînements depuis jeudi dernier ? Le Togolais sans doute. Le feuilleton Togo est momentanément terminé. Au moins le temps de la première sortie face à la Corée du Sud. Pfister n’a pas son visage des grands jours. Que doit-il penser dans sa tête, lui qui après tant d’années aborde pour la première fois et vraisemblablement la dernière une Coupe du monde ? Impossible de le deviner.

Eperviers royaux

Le début de la rencontre est poussif, des deux côtés, peut-être plus encore côté coréen. C’est Yaovi Abalo, le capitaine qui doit être un peu décontenancé, lui qui s’attendait à courir derrière les Asiatiques pendant quatre-vingt dix minutes. Souvenir peut-être des images gravées dans sa mémoire depuis la dernière Coupe du monde, précisément en Corée du Sud. Rouges et jaunes se neutralisent. Coup sur coup Abalo et Romao se prennent un carton jaune bien sévèrement tendu par l’arbitre anglais Graham Poll. Et si on avait demandé en haut lieu de surveiller de très près l’équipe togolaise après son comportement qui n’a pas dû plaire du tout aux instances dirigeantes du football mondial. Winfried Schaëfer, un temps sur le point de remplacer Pfister lorsque ce dernier était retourné à la maison, a exhorté la FIFA à encadrer certaines fédérations. « On pourrait imaginer que la FIFA désigne un manageur qui s’assure notamment que l’argent ne parte pas dans toutes les directions ».
Sur le terrain, les Togolais font bonne figure, mieux encore. Et après une demi-heure de jeu Kader Touré contrôle une longue passe en profondeur du genou et d’un magnifique tir croisé ouvre la marque. Pas volé. Bien joué. Un but historique pour les Eperviers. Et si tous les événements des derniers jours avaient décuplé la rage de vaincre des Togolais ! Debout devant son banc Pfister encourage ses hommes de la voix : allez-y continuer dans ce sens. C’est du bon boulot. Mettez tout votre cœur. On le devine plus qu’on ne l’entend.. Les camarades d’Abalo sont désormais en confiance, meilleurs que leurs adversaires dans tous les compartiments du jeu, frappes, coups de pied arrêtés, enchaînements, replacements. Compte tenu de ce qu’ils ont vécu encore la veille du match, ils sont épatants.

Le destin n’était pas avec eux

Dick Advocaat, leur entraîneur hollandais, a sermonné ses joueurs aux vestiares et décidé de changer leur alignement en plaçant quatre hommes en défense et non plus cinq comme à l’entame de la rencontre. Pour surveiller un seul homme en pointe, Kader Toué, c’était un peu beaucoup. A l’évidence, les Asiatiques ont compris qu’il fallait donner un peu plus de rythme et de percussion à leur jeu.. Cinquante troisième minute : coup de théâtre. Abalo, en position de dernier défenseur commet une faute sur Park Ji-Sung . Carton jaune, le deuxième et donc carton rouge. Sur le coup franc, Chun Soo Lee lobe Agassa Kossi. Sanction administrative plus sanction sportive. Le Togo paie l’addition au prix fort. Mais Abalo pouvait-il faire autre chose. Et même s’il n’avait pas déjà écopé d’un carton jaune très sévère, il aurait sans doute pris un rouge direct. A un partout et à dix contre onze tout est à refaire. Et maintenant sans Assemoassa, durement touché au genou, mais avec un nouveau venu dans la sélection, Richmond Forson. Les Togolais ne se démontent pas, se créent des occasions. Les Eperviers repartent à l’assaut de la proie coréenne. Ils la veulent la victoire, ardemment. Ils donnent une formidable leçon à ceux qui leur ont mis des bâtons dans les roues. Débauche d’orgueil. Ils n’ont pas accepté les accusations larvées de mercenaires âpres au gain. C’est un peu le match de leur vie, celui de la restauration de leur dignité.
Le destin ne va pas leur être favorable. A dix-huit minutes de la fin, Jung Hawn Ahn d’une frappe très pure, de vingt mètres, trompe pour la deuxième fois Agassa Kossi. Les Coréens ont repris leurs esprits ; la supériorité numérique les y a aidés.

Le Togo quitte le terrain sur une défaite. Pourtant les joueurs, sur le terrain, ont fait leur métier, sans souffrir de la comparaison avec leur rival d’un jour. Un résultat nul eût sans doute mieux reflété la physionomie de la rencontre. Ainsi va le football.

par Gérard Dreyfus