De tout temps et en tous lieux, les avis sont unanimes pour considérer l’université comme un haut lieu de savoir, l’espace de formation des élites d’une nation, lesquelles élites doivent, par conséquent, user de discernement et peser de leur poids dans le débat national. A Pékin, en 1989, sur la place Tienamen, face aux chars de l’Armée, les étudiants chinois, contre toute logique, ont osé défier la dictature. En France, le Général de Gaulle a dû fléchir, en Mai 1968, devant l’obstination des « fers de lance » de la nation française. Plus proche de nous, leurs homologues maliens furent à l’origine des soulèvements qui ont fait chuter le régime monolithique du Général Moussa Traoré. Au Togo même, entre 1989 et 1992, une poignée d’étudiants et de jeunes cadres issus des secteurs public et privé ont réussi à déstabiliser durablement la dictature du RPT et de son mauvais génie, feu Général Gnassingbé Eyadéma, félon à son corps de métier. On peut multiplier les exemples où, d’un continent à l’autre, obéissant comme à un code d’honneur non promulgué, les étudiants ont marqué l’Histoire, faisant rejaillir sur l’Institution qui les a formés, les feux de la gloire et du respect pour avoir défié des gouvernants peu méritants.
Or, que se passe-t-il aujourd’hui au Togo ? Dans un silence et un dégoût général, on assiste au bâillonnement systématique des élites de demain, à leur manipulation par un pouvoir illégal à tendance monarchiste, qui use de prébendes censées contenir les velléités estudiantines. Alors que le pays se meurt, et l’Université avec. Le bilan est catastrophique : Bourses nationales supprimées, aides sporadiques, et présentées même comme un cadeau du clan Gnassingbé, augmentation de frais de scolarité, amphithéâtres et salles de cours délabrés, devenus exigus pour un nombre d’étudiants en augmentation constante, bibliothèques vétustes voire inexistantes, non renouvellement du corps enseignant, alors même qu’on se targue d’avoir créé une deuxième université, paupérisation systématique du corps enseignant qui se retrouve démotivé et sans entrain, harcèlement des syndicats d’enseignants et des organisations estudiantines, etc. Il y a longtemps que le statut d’étudiant a perdu de son prestige et l’Université de son aura aux yeux du commun des Togolais ; mais il n’est pas trop tard pour inverser le cours des choses.
Etudiants togolais, debout ! Autrefois, le régime criminel et corrompu Gnassingbé avait inventé sur le campus un clivage tribaliste entre « sudistes » et « nordistes ». Cette division relève d’une honteuse idéologie, car le malheur de l’Université togolaise n’épouse pas les contours de la géographie du pays ! Du Nord comme du Sud, de l’Est comme de l’Ouest, vous êtes tous embarqués dans la même galère et devez lutter ensemble pour redorer le blason de votre Alma Mater ! Etudiants togolais, debout ! Ce que nos populations réclament légitimement aux politiques, vous aussi pouvez le réaliser : faire tomber le régime de la honte et tourner définitivement la page Gnassingbé dans le livre d’histoire de la République !
Pour cela, faites preuve d’imagination, les moyens de la contestation sont illimités. Vous pouvez compter sur le Mouvement patriotique du 5 octobre (MO5). Il faut diversifier les actions salutaires sur les campus et en dehors des campus. La section estudiantine du MO5 est ouverte à vous pour partager les informations et mener ensemble une lutte efficace contre les fossoyeurs du progrès. Faites circuler cet appel, affichez-le partout sur les campus de Lomé et de Kara, dans les dortoirs des cités U, aux portes des collèges et lycées du pays, pour la gouverne des futurs bacheliers. L’Histoire est en marche, et les étudiants du Togo ne doivent pas rester les bras croisés.
Fait à Bruxelles, le 05 février 2006.
Eloi Koussawo, Coordinateur Général du MO5.
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