Depuis la publication sur les sites Internet de l’article intitulé "Ambassade du Togo à Paris, la honte de l’Afrique", je continue de recevoir des messages de toutes natures aussi bien des compatriotes que des personnes d’autres nationalités désireuses de se rendre dans notre pays. Mieux il s’est établi avec certains d’entre eux une sorte de correspondance plus ou moins régulière. Ces témoignages parmi tant d’autres que j’ai voulu partager avec vous ont, à mon sens, un triste contenu révélateur du contraste qui existe entre le Togolais ordinaire et l’officiel. En outre c'est un cliché qui frappe en principe toute personne ayant les 5 sens en état de fonctionnement optimal et animée de bonne foi qui arrive sur notre territoire rectangulaire. Enfin, la publication de ces témoignages m'offre l'occasion de lancer un appel en direction de ceux qui se sont arrogés le droit de présider à la destinée de notre chère patrie. Je voudrai leur rappeler, s’ils ne le savaient pas, qu’un puissant cancer et nuisible est en train de ronger toutes les institutions et couches sociales de notre pays. Il est encore temps de nous en débarrasser. Sinon, plus tard ce sera trop tard.
Tant la progression de cette gangrène est exponentielle qu'il urge de se demander ce que sera le Togo dans 5, 10 ou 20 ans à venir. Au jour d'aujourd'hui la corruption semble devenir par tout sur le territoire le langage officiel. Dans les ministères, les mairies, les commissariats ou autres services publics votre dossier n'avance pas normalement si vous n'y posez pas une pierre très lourde. Déjà la soif démesurée du gain facile de certains officiels a transformé le pays en une plaque tournante de la drogue, de vol de voitures de luxe et du blanchiment d’argent. Au niveau de l'éducation nationale, de hautes personnalités de l’Etat attribuent des diplômes à leurs descendances ou proches par influence ou à coup de pièces sonnantes et trébuchantes. Comble de malheur, pour les établissements publics on recrute des gens sans qualification pour enseigner des matières dont ils n'ont ni le niveau ni les compétences. Et ce n'est pas faute de personnes qualifiées dans ces matières.
Ailleurs dans tous les hôpitaux et en particulier dans les 2 CHU de Lomé, il s'est instauré, au vu et au su des chefs de services et des autorités (y compris, semblerait-il, la Ministre elle-même) un système dénommé PAM (entendez Programme d’Aide aux Malades). Contrairement à ce que laisse supposer son nom, le PAM est une forme d’"euthanasie" à la Togolaise; il s'agit en réalité d'un Programme d'Aide à Mourir. En effet, tous les services hospitaliers, aussi bien dans les équipes du matin que du soir, ont leurs personnes chargées de vendre des médicaments aux patients. Sur les ordonnances les prescriptions ne sont plus fonction de l'efficacité des produits mais dépendent des disponibilités auprès du personnel soignant. Ces médicaments proviennent généralement des détournements des dons aux hôpitaux, des échantillons des délégués médicaux ou pour la plupart de douteux laboratoires Nigérians. De votre adhésion audit programme dépendra le suivi de votre parent hospitalisé. Ainsi l’infirmière ou l’aide soignante pourrait se montrer attentionnée ou méchante envers le patient selon que celui-ci achète ou pas les médicaments vendus par le personnel. A-t-on dans les hôpitaux un personnel soignant ou des commerçants? Où se trouve donc l'éthique médicale? Qu'a-t-on fait du serment d'Hippocrate?
En attendant de revenir beaucoup plus en détail sur ces gangrènes secteur par secteur, je vous laisse donc apprécier par vous-mêmes le contenu de deux témoignages.
Mohammed YOUSSIF
Bordeaux le, 27 octobre 2005
mohammed_yusif@voilà.fr
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Mr. Youssif,
Me voila rentré d'Afrique. Malheureusement mon séjour au Togo s'est limité à un bref transit de deux jours à Lomé et à Togoville. Certes, mon temps au Togo a été bien trop court, mais malgré cela, ces 48 heures ont été largement suffisantes et révélatrices pour constater un malaise profond dans votre pays. Contrairement aux togolais de la rue, qui nous ont fort bien accueillis et dont l'aide précieuse nous a permis de nous extraire du marché de Lomé (extraordinaire marché) à notre arrivée du Bénin alors que nous ne connaissions pas du tout la ville, les douaniers et les gendarmes du Togo sont tout simplement, comme l'intitulé de votre article sur l'ambassade, la honte de l'Afrique. Quel dommage que vos concitoyens doivent supporter le comportement odieux de ces "forces de l'ordre".
Tout d'abord le simple fait que les gendarmes se baladent dans la rue armés jusqu'aux dents est scandaleux. Nous avons visité le Musée National et avons été suivi par un gendarme et son AK pendant toute la visite. A la sortie, on nous a, bien entendu, demandé de "l'eau" que nous avons refusé de donner. Quelle logique se situe derrière le besoin d'effrayer les rares touristes qui sillonnent le pays. Je peux comprendre qu'un Etat autoritaire veuillent mater sa population, mais à quoi bon effrayer inutilement les touristes???
A la frontière ghanéenne, même topo, même demande "d'eau" aux vieux, aux jeunes, aux blancs, aux noirs, à tout le monde. La corruption institutionnalisée comme je ne l'avais jamais vu. Dans les pays voisins, ces pratiquent existent aussi mais la flagrance et l'impunité avec lesquelles les autorités togolaises opéraient étaient franchement décourageantes.
En effet, comment changer une telle culture de la corruption??? La comparaison avec le Ghana est s'impose. De l'autre cote de la frontière, nous avons été accueillis par des femmes douanières avec le sourire qui nous souhaitait la bienvenue dans leur pays. Nous avons aussi été pris à partie par un échangeur de devises malhonnête mais avant même qu'il puisse tenter de nous rouler, il s'était fait surprendre par un militaire qui l’a violemment réprimandé en lui disant qu'il ruinait l'image de son pays. Une scène inimaginable côté togolais.
Je compte bien retourner dans la région où je suis sûr j'aurai plus de temps pour explorer le nord de votre pays.
Malgré ma courte visite, j’ai pu facilement me rendre compte de l'oppression dans laquelle vivent les togolais.
Toutes mes félicitations pour la qualification pour la coupe du monde. J'ai profité du marché de Lomé, qui est un lieu unique par rapport à nombre de marchés qui se ressemblent tous, pour faire l'acquisition d'un magnifique maillot des Eperviers, frappe d'un Adebayor Sheyi sur le dos.
Bon courage,
C.K.
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Bonjour Mohammed,
Premier accès à Internet depuis mon arrivée. J'ai commencé mes activités. Je loge dans le quartier de... Je m'habitue à la vie, découvre, m'enchante par les paysages, la gentillesse des gens, surtout leur chaleureux et sincère accueil... Mais ce n'est pas pareil avec des militaires qui patrouillent en ville. Eux ils quémandent toujours de l'argent. Ce n'est pas sérieux pour un agent de force de l'ordre.
Pour le moment tout va bien. Je me suis pris un téléphone portable pour faciliter le contact avec les gens de mon entourage.
Ayant déjà pratiqué un peu de basket (cela fait 10 ans que j'en fais à Poitiers), je m'entraîne avec les gens du quartier et assiste à quelques matchs.
Tout va très bien…
Si vous êtes de passage à Lomé, une petite bière me dirait bien pour mieux vous connaître.
Merci encore de vos attentions.
A très bientôt.
S. N.
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