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Au commencement, un petit territoire d'Afrique plein de ressources et de promesses. Au final, un Etat où s'activent milices privées, hommes d'affaires, politiciens sans scrupules et avocats véreux.

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 Espace livres : Les réseaux de Lomé
Gilles Labarthe évalue les relations entre les pays étrangers et le Togo.
Dorine Ekwè


Gilles Labarthe évalue les relations entre les pays étrangers et le Togo.
Au commencement, un petit territoire d'Afrique plein de ressources et de promesses. Au final, un Etat où s'activent milices privées, hommes d'affaires, politiciens sans scrupules et avocats véreux. C'est en ces termes que peut se résumer l'essai du journaliste et ethnologue suisse, Gilles Labarthe "Le togo, de l'esclavage au libéralisme mafieux ", paru aux éditions Agone, à Marseille (France).
Publiée en avril de l'année en cours, soit deux mois après le décès de Gnassingbé Eyadéma, cette enquête se veut un document de reférence pour les lecteurs pour qui l'histoire récente de ce pays d'Afrique de l'Ouest garde encore quelques mystères. Au lendemain de la mort d'Eyadéma père, et après la victoire aux élections du fils, l'ouvrage, très documenté, tente également de dire pourquoi la France s'attache, depuis quarante ans, à garder de bonnes relations dans ce pays de "tous les trafics ". Un pays dans lequel le détournement des fonds publics et le pillage des ressources naturelles organisés par le clan présidentiel, n'a plus de secrets. " Aujourd'hui encore, les réseaux officiels de l'Elysée qui soutiennent depuis 1967 le clan Eyadema restent très denses au Togo. [...] Elles se retrouvent aussi confrontées à la concurrence d'autres sphères d'influence européennes, américaines ou asiatiques [...] qui voudraient opérer un nouveau partage implicite du continent noir, depuis la fin de la guerre froide."
Dans son enquête, Gilles Labarthe démonte les mécanismes et trafics d'influence étrangers qui ont favorisé le marasme économique dans lequel l'ancienne " Suisse de l'Afrique " baigne aujourd'hui.

En réponse à ceux qui attribuent la responsabilité du chaos au peuple togolais, le journaliste oppose des faits et des chiffres contradictoires et difficilement contestables. "En plus des industries nationales inopérantes, les constructions de prestige et autres hôtels de grand standing auraient à eux seuls absorbé 30% des investissements du troisième plan. [...] 35 milliards de francs Cfa pour l'Hôtel du 2 février. [...] Trente ans plus tard, l'établissement peine toujours à remplir ses chambres et ses suites de luxe."
A côté de ces mauvais choix opérés sur les conseils des consultants étrangers (Français et Suisses dans la majeure partie des cas) animés par le seul appât du gain, Labarthe revient également sur les "Vieilles amitiés en périodes troubles." Ces alliances, selon lui, deviennent évidentes et précieuses pendant les périodes de troubles politiques mais surtout, à la veille des campagnes électorales.
A ce moment, il s'agit, pour les uns et les autres, d'infléchir les décisions des dirigeants togolais dans le sens des intérêts de la camarilla au pouvoir. Charles Pasqua, Charles Debbasch, ancien président de l'université de droit d'Aix-Marseille, Jacques Seguela et Claude Marti, entre autres, sont de ces conseillers très en cour à Lomé ou à Kara. Si la description de ces différents réseaux intéresse le lecteur, la génèse de l'Etat togolais, qui ouvre ce livre n'est pas moins intéressante. Elle permet en effet de mieux situer les lecteurs dans l'histoire de ce pays. Parmi les premiers pays africains à obtenir l'indépendance, le Togo a subi plusieurs influences coloniales. Allemands, Anglais et Français ont fait partie de la liste des prédateurs. Le meurtre du premier président du Togo, Sylvanus Olympio, le 13 janvier 1963, ouvre l'ère du contrôle des pouvoirs par les réseaux français qui, depuis l'ère d'Eyadema père, y ont une place de privilégiés.