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Viol systématique de vieilles femmes et des jeunes filles par des militaires

La Une
  Des personnes fuient encore les persécutions au Togo - LTDH

De nombreux Togolais craignant les représailles des forces de l’ordre continuent d’affluer dans les locaux de la Ligue togolaise des droits de l’homme (LTDH) pour se plaindre des persécutions dont ils sont victimes, malgré les garanties de sécurité données par le gouvernement aux candidats au retour, a indiqué un représentant d’une association de droits de l’homme.

« La situation des droits de l’homme aujourd’hui au Togo est catastrophique », a déclaré le secrétaire général de la LTDH, Togoata Apedo-Amah, au cours d’une entrevue, jeudi dernier. « Le Togo a sombré dans la barbarie ».

Près de trois mois après la proclamation des résultats du scrutin présidentiel très controversé qui a déclenché de violentes protestations et provoqué la fuite de près de 38 000 Togolais vers le Bénin et le Ghana, les opposants au gouvernement vivent encore dans la crainte d’être arrêtés et persécutés, a affirmé Apedo-Amah.

De nombreuses plaintes enregistrées en juin et juillet pour violation des droits de l’homme se trouvent sur son bureau. « Cette semaine, un jeune est venu de Kpalimé pour nous dire que son père a été enlevé vers 23 heures par des individus non identifiés », a déclaré Apedo-Amah.

Les autres plaintes déposées concernent des viols, notamment celui d’une vieille dame de 92 ans dont le fils aîné a 71 ans.

Apedo-Amaha a également fait état d’un autre cas de violation de droits de l’homme au cours duquel 13 adolescentes de la ville de Kpalimé, à 150 km au nord de Lomé, près de la frontière ghanéenne, ont été détenues et violées pendant trois jours par des hommes en tenue militaire.


Les jeunes gens arrêtés avec ces filles ont également subi des sévices sexuels pendant le viol, a-t-il ajouté.

Selon Apedo-Amah, dont l’organisation est critiquée par les autorités pour ses affinités avec l’opposition, la LTDH a enregistré des plaintes de nombreuses personnes qui craignent d’être arrêtées parce qu’elles ont travaillé dans un bureau de vote comme délégués de l’opposition pendant les élections présidentielles du 24 avril.

Ces élections furent convoquées hâtivement après le décès du président togolais, Gnassingbe Eyadema, qui dirigea le Togo pendant 38 ans. Et malgré les vives protestations de l’opposition, qui a dénoncé de nombreuses fraudes et irrégularités, son fils, Faure Gnassingbe, fut officiellement déclaré vainqueur à l’issue du scrutin.

Le transfert du pouvoir de père en fils a provoqué de violentes manifestions de rue, réprimées par les forces de sécurité.

Début juillet, le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) estimait qu’entre 20 et 60 réfugiés togolais remplissaient chaque jour des demandes d’asile à Hilacondji, la ville frontalière située sur le territoire du Bénin voisin.

Selon le HCR, ces réfugiés sont, pour la plupart, des jeunes gens qui craignent d’être kidnappés ou arrêtés pendant la nuit.

Dans un rapport du HCR, l’agence estimait que plus de 3 000 nouveaux réfugiés étaient arrivés au Bénin et au Ghana pendant le seul mois de juin.

Malgré les assurances données par le nouveau gouvernement du président Faure Gnassingbe d’aider les réfugiés qui reviendront au Togo et de garantir leur sécurité, seuls quelques-uns des 38 000 réfugiés installés au Bénin et au Ghana ces dix dernières semaines sont rentrés chez eux, ont ajouté les représentants du HCR.

Il convient d’apporter une aide alimentaire d’urgence aux réfugiés et aux familles béninoises et ghanéennes qui les hébergent et partagent leurs maigres ressources, a fait savoir le Programme alimentaire mondial (PAM).

Le PAM avait lancé un appel de fonds d’un montant de 3 millions de dollars pour fournir une aide alimentaire à près de 66 500 personnes.

« Les victimes de la crise togolaise sont les moins reconnues », a déclaré Moustapha Darboe, le directeur régional du PAM pour l’Afrique de l’Ouest.

Selon le PAM, une aide alimentaire est nécessaire pour nourrir les 21 000 réfugiés togolais du Bénin, les 17 000 du Ghana et les 10 000 personnes déplacées à l’intérieur du Togo, ainsi que les 18 500 ressortissants béninois et ghanéens qui hébergent des réfugiés.

D’après les estimations du gouvernement, 100 personnes ont trouvé la mort pendant les violentes manifestations qui ont émaillé les élections présidentielles, alors que la LTDH en dénombrait 790, victimes, pour la plupart, de la répression des forces de sécurité et des milices pro-gouvernementales.

A Lomé, le ministre de la Communication et de la Formation civique, Kokou Tozoun, a rejeté les allégations de la LTDH selon lesquelles les persécutions se poursuivaient. « Qu’on me donne les noms des personnes poursuivies et arrêtées », a-t-il lancé à IRIN.

« Pendant la période électorale, il y a des gens qui ont commis des crimes de sang ; ils ont tué, il y a eu des Maliens brûlés. Les coupables de ces crimes ne peuvent pas échapper à la justice », a-t-il ajouté.

Tozoun, ministre des Affaires étrangères dans le précédent gouvernement du président défunt, Gnassingbe Eyadema, a fait remarquer que les autorités exhortaient encore les réfugiés à revenir et que de nombreux prisonniers avaient été libérés des prisons togolaises.

Mais selon Apedo-Amah, cette libération de prisonniers n’est qu’un exercice de propagande visant à obtenir des fonds de l’Union européenne.

« C’est à cause de la mission d’évaluation de l’Union européenne qu’ils les libèrent », a-t-il précisé.

Une mission de l’Union européenne va séjourner au Togo pendant une semaine. Elle est chargée de vérifier que le nouveau gouvernement respecte l’accord d’avril 2004 par lequel le Togo prenait 22 engagements pour promouvoir la démocratie et les droits de l’homme.

En 1993, l’UE avait bloqué une aide financière accordée à l’ancienne colonie française en raison du « déficit démocratique » constaté dans ce pays et avait conditionné la reprise de l’aide aux progrès réalisés sur le plan démocratique.

La semaine dernière, le ministre de la Justice, Abi Tchessa annonçait que 105 prisonniers détenus à Lomé avaient bénéficié d’une libération anticipée et que des centaines d’autres seraient relâchés dans le cadre d’un programme de désengorgement des prisons.

Les principaux bénéficiaires de cette mesure seront les prisonniers qui ont presque accompli leur peine de prison et ceux qui ont été gardés en détention provisoire depuis longtemps.

La mission de l’UE, qui a visité les prisons du Togo, a également rencontré des membres de la coalition des six partis d’opposition dont le candidat unique a perdu les élections d’avril dernier.

Cette opposition « radicale » a refusé de participer au gouvernement d’union nationale formé par le nouveau président. Ce gouvernement a en son sein certains transfuges de l’opposition et des partisans de la ligne dure du régime d’Eyadema.

Agé de 39 ans, le nouveau président est diplômé de grandes école française et américaine.