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Villepin Premier ministre : un fidèle chasse l’autre

France
 Jacques Chirac a nommé, mardi 31 mai, Dominique de Villepin Premier ministre. Il succède à Jean-Pierre Raffarin qui a remis sa démission au chef de l’Etat. Ce changement à la tête du gouvernement avait été promis par le président de la République. Il a pour objectif de répondre aux attentes des Français qui ont manifesté leur très grand mécontentement lors du référendum sur le projet de Constitution européenne en répondant massivement «non». Le nouveau chef du gouvernement est l’un des plus proches collaborateurs de Jacques Chirac depuis de nombreuses années et devrait manifester envers le chef de l’Etat la même fidélité à toute épreuve que son prédécesseur Jean-Pierre Raffarin.


L’arrivée de Dominique de Villepin à la tête du gouvernement est tout sauf une surprise. Depuis des mois, le nom de l’ancien ministre de l’Intérieur circule comme celui du favori incontestable pour succéder à Jean-Pierre Raffarin dont la cote de popularité n’a cessé de baisser. En choisissant Villepin, Jacques Chirac entend répondre aux demandes de changement de politique exprimées par les Français tout en conservant à ses côtés un véritable fidèle.

Le nouveau Premier ministre est, en effet, l’un des plus proches collaborateurs de Jacques Chirac qui apprécie tout particulièrement sa «loyauté en béton». Cet énarque de 51 ans qui est né au Maroc, a longtemps vécu à l’étranger. Il se plaît d’ailleurs à dire qu’il a «rêvé la France avant de la connaître». Dominique de Villepin n’est pas entré d’emblée en politique. Il a d’abord poursuivi une carrière de haut fonctionnaire qui l’a mené notamment à la tête du service de presse et d’information de l’ambassade de France à Washington. Il est ensuite devenu l’un de ces hommes de l’ombre qui entourent les ténors politiques en entrant dans le cercle des collaborateurs de Jacques Chirac. Devenu président en 1995, celui-ci lui a confié la fonction de secrétaire général de l’Elysée qu’il a occupée jusqu’ en 2002.

«Flamboyant» mais sans mandat électoral

A cette date, Dominique de Villepin a fait le grand saut dans la lumière politique : il est devenu ministre des Affaires étrangères. C’est lui qui a défendu la position française à l’ONU au moment de l’intervention militaire américaine en Irak. Les Français ont alors appris à le connaître. Il est ensuite devenu ministre de l’Intérieur à l’occasion du remaniement de 2004. Souvent qualifié de «flamboyant» à cause de son emphase et de sa chevelure, Dominique de Villepin souffre tout de même de quelques handicaps. C’est sur ses conseils que Jacques Chirac a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale en 1997. Une décision qui a été à l’origine de la défaite électorale de la droite aux législatives qui ont suivi et d’une cohabitation avec les socialistes. Mais surtout, Dominique de Villepin n’a jamais affronté les électeurs et souffre donc d’une image d’homme éloigné des Français.

Un argument que son principal rival dans la liste des «premiers ministrables», Nicolas Sarkozy, n’a pas manqué d’utiliser. Pour autant, cela n'a pas empêché Villepin d’emporter la mise face au président de l’UMP dont les ambitions politiques non dissimulées étaient de nature à rendre le duo chef de l’Etat-chef du gouvernement difficile à gérer s’il était nommé à Matignon. Nicolas Sarkozy avait pourtant des atouts de poids : son charisme et sa cote de popularité dans les sondages qui montraient, qu’au sein de la majorité, il était le prétendant préféré des Français.

Si Nicolas Sarkozy n’a pas été choisi pour Matignon, il pourrait malgré tout faire partie de la nouvelle équipe gouvernementale dirigée par Dominique de Villepin. Il semble possible qu’il revienne au poste clef de ministre de l’Intérieur tout en conservant cette fois-ci la présidence de l’UMP. Si cette hypothèse était confirmée à l’issue de la publication du nouveau gouvernement (vraisemblablement mercredi), Nicolas Sarkozy aurait remporté une bataille importante puisque Jacques Chirac lui avait jusqu’ici refusé la possibilité de cumuler présidence du parti et mandat gouvernemental, l’obligeant à quitter le ministère de l’Economie pour partir à l’UMP en novembre 2004.

Quelle que soit la composition du prochain gouvernement, la tâche de Villepin sera difficile puisqu’il va engager son action dans un climat particulièrement délétère. La politique de Jean-Pierre Raffarin a été largement critiquée et a provoqué de nombreuses contestations, dont la plus significative a été le vote contre la Constitution européenne lors du référendum du 29 mai. Il n’aura vraisemblablement droit à aucun «état de grâce» car les attentes des Français sont nombreuses et urgentes. Elles se situent avant tout sur le plan social : lutte contre le chômage et la précarité. Le cadre dans lequel Dominique de Villepin devra organiser son action doit d’ailleurs être défini par Jacques Chirac lors d’une intervention télévisée mardi soir.


Valérie Gas
Article publié le 31/05/2005