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GOUVERNEMENT D’UNION : UN DILEMME POUR L’OPPOSITION

 La tentative de mettre en place un gouvernement d’union et de large ouverture n’est pas un néologisme dans le lexique des Togolais.
Le premier gouvernement d’union de la quatrième République date de 1991 au lendemain du coup de force des FAT le 3 décembre. Ce gouvernement n’a pas fait mieux que le précédent et a volé en éclats avec le lancement de la grève générale illimitée. La suite, on la connaît. Un peu avant le 27 avril 1993, le Général Président défunt a mis en place un nouveau gouvernement dit ‘‘de réconciliation nationale’’
Pendant des mois, l’opposition avec sa tête les mêmes leaders discutaient de palais en palais, de chancelleries en cours.
L’histoire semble se répéter une fois encore. Peut-être cette fois-ci, aurions-nous une nouvelle donne avec des acteurs quasi effacés de la scène politique. Il ne s’agit plus de ressasser le passé mais de se remémorer les actions antérieures pour définir de nouvelles stratégies.
La résolution de la crise togolaise, au vu de ceux qui sont impliqués au niveau international dans sa gestion et son dénouement, semble passer indéniablement par l’entrée au gouvernement de l’opposition radicale. Tout semble se liguer contre la Coalition de l’opposition démocratique qui se retrouve face contre mur. Quelles pourraient être alors les chances et la marge de manœuvre de la coalition dans un contexte nébuleux, qui dans une certaine mesure risque de sonner le glas de l’opposition démocratique togolaise.

Au regard des textes fondamentaux

Les textes fondamentaux que sont la Constitution (amendée du 31 décembre 2002) et le Code électoral donnent tout le loisir au Président de la République de démettre ses collaborateur quand bon semblera. Les ministres de l'opposition se verront chasser comme de petits chiens. Tous les prétextes sont bons ; le RPT présentera n'importe quelle argutie pour justifier du remaniement, quand on sait que ce sont des spécialistes de la broderie constitutionnelle. Les cartes dont dispose la Coalition ne comportent pas de joker. Les amis du RPT que représente l'opposition modérée feront le jeu de leur partenaire pour amuser une fois encore la communauté internationale avec la terminologie " Gouvernement de large ouverture". Au demeurant, les textes doivent être revus pour faciliter une entrée au gouvernement.

Une opinion publique nationale désabusée

La volonté de changement exprimée par toute la population depuis 1991 au sortir de la Conférence Nationale Souveraine, ne s’est jusqu’à ce jour pas concrétisée. Le peuple est allé de report en rejet. Il n’a cependant pas désarmé. Au point de subir les répressions musclées des FAT. Des FAT enclines à une conservation à tout prix de leur pouvoir. L’engagement de la population depuis 1991 traduit sa soif du changement qui du reste, demeure non étanchée. Les revirements de certains leaders, les faux bonds de quelques uns des responsables l’ont choqué sans réfréner son élan et sans étouffer ses pulsions de liberté et de changement.
La mort du général président défunt a semblé ouvrir la voie à un règlement nouveau de la crise politique togolaise. L’espoir suscité par les condamnations internationales et la rétractation du clan RPT avec la démission du jeune GNASSINGBE, a ramené les populations dans l’arène du changement. Les sacrifices auquel le peuple s’est astreint sont énormes tant en vies humaines qu’en dégâts physique et destruction massive de biens matériels. L’ardeur et l’engouement de la population, jeune en l’occurrence, sont restés chauds et entiers jusqu’au dernier revirement du 26 avril 2005.
Massacres, enlèvements, kidnapping dans l’arrière-pays avec rançon. S’ensuit alors un départ massif de la population en exil à l’instar de la vague de 1993 après l’expédition punitive des FAT dans les quartiers Bè et ses environs. Deux coups durs qui ‘‘durcissent’’ la position de la population acquise au changement face au pouvoir en place. Dans ce contexte où les morts se comptent par centaine, les abus de toute sorte indéchiffrables, les survivants et les victimes de ces massacres et les familles de ces victimes digéreront mal un mariage quelconque entre la coalition de l’opposition démocratique et le pouvoir RPT. Les mariages RTP – Opposition des années 1991 à 1994 est passé. Mais ce passé est encore récent. Sans parti pris, très peu sont qui accepteront une entrée de l’opposition radicale au gouvernement de Faure GNASSINGBE. Le peuple se sentira floué et perdra toute confiance dans la coalition de l’opposition démocratique. Il jettera les armes et capitulera car la participation de l’opposition à cette union sera considérée comme une reddition semblable au premier gouvernement KOFFIGOH à l’issue de la montée au créneau des FAT terminée de façon sanglante le 3 décembre avec l’assaut final.
Ce passé récent qui tourmente les esprits et les nouveaux événements participent à cet enchevêtrement de la cristallisation de la position de la grande partie de la population militant pour le changement.
Au regard de ce qui précède, l’opposition risque de perdre plus, vis-à-vis de la population, que de la communauté internationale qui du reste, semble adopter une attitude de naïveté face à la complexité et l’inextricable du problème togolais. A moins que ce soit à dessein.

Face à la communauté internationale

L’opposition se retrouve dans un guêpier qui ne lui laisse que très peu de temps pour réfléchir et agir. La proposition telle que formulée par l’Union Africaine et les USA ne laisse pas d’alternative à la Coalition pour la suite à donner à la résolution de la crise.
L’affaire se règle comme ça, aurait-on dit à la coalition. La communauté veut à tout prix imposer la paix au Togo. Sans tenir compte du nombre des victimes (plus 400 morts et plus d’un millier de blessés et des disparus dont on ignore le nombre) et du musellement des populations par les exactions de milices prêts à en découdre avec toute soupçonnée de l’opposition.
La Côte d’ivoire étant dans une très mauvaise passe, elle qui a été jusqu’à la guerre civile la plate-forme et le poumon économique de la région ouest-africaine, il est un impératif de maintenir le Togo dans un climat calme pour permettre aux financiers et industriels de mener tranquillement leurs affaires. L’autre raison qui pourrait forcer la communauté internationale à imposer la paix au Togo est le contrôle des armes à feu, déjà que le Liberia, la Sierra Leone, la Côte d’Ivoire disposent d’une quantité énorme qui sera par la suite l’épée de Damoclès à tous les pays.
A contrario des satisfecit délivrés par la CEDEAO et l’Union Africaine, le vote des Eurodéputés est le seul élément qui bascule en défaveur du pouvoir RPT qui veut garder le pouvoir à tout prix.
Les signes de bonne foi que donne le RPT ne sont que leurre. Habitué au forcing, le RPT montrera ses vraies cartes et la communauté ne fera que constater plus qu’un déficit démocratique mais une monarchie à la LOUIS XIV brodée en République.


D’un point de vue politique

Les objectifs d’un ‘‘gouvernement d’union’’ sont souvent connus. Ainsi ceux à qui l’on tend la main connaissent à l’avance les raisons de leur entrée à ce gouvernement, le rôle qu’ils vont y jouer, les contributions à apporter. Les donnes actuelles ne sont pas similaires. Les antagonismes se consolident et le fossé se creuse au jour le jour. Le RPT se reconnaît vainqueur et « tend la main à celui qui peut exécuter son programme ». A quoi va servir la présence des représentants de la Coalition dans une gouvernement RPT, si ce n’est d’entériner sa victoire et de donner un sauf-conduit à Faure Gnassingbé. Comment la coalition peut-elle donner une appréciation sur le bilan du programme de Faure Gnassingbé, qu’elle aura aidé à exécuter ? La coalition va au suicide.
Sur un autre plan, une vision stratégique voudrait que la coalition s’asseye à côté sur le même siège avec le RPT pour prétendre le faire tomber plus tard. La question demeure et sans réponse, en attendant que les discussions d’Abuja 2 ne dessinent les principes et la pierre angulaire de ce gouvernement que la communauté internationale impose comme la panacée au problème togolais.

Sur le plan éthique

Il serait désastreux de vouloir mettre ensemble deux entités qui sont aux antipodes l’une de l’autre. Tout, sans étiqueter l’un ou l’autre de bons ou mauvais, serait alors à refaire et plongerait le pays dans les abysses. Chacun étant plus convaincu de la justesse des valeurs qu’il défend, toute son œuvre convergera dans ce sens.
Par ailleurs, les militants de ces deux parties (le RPT et la Coalition) digéreraient très mal ce mariage. L’un ayant subi les exactions de l’autre qui dans le rapport de force demeure supérieur, ne saura que se plier aux desiderata au plus fort.

Pour finir mais sans pouvoir conclure. Il apparaît clairement qu’au Togo il n’existe pas encore de solution type devant servir de thérapie. Mais la première leçon à tirer de ces événements est vider les débats et réflexions de toute passion pour une discussion objective et empreinte d’une petite dose de modestie. La réflexion se poursuit pour tirer la Terre de nos aïeux des abysses où il a atterri.
A chacun d’apporter sa pierre pour bâtir notre Togo chéri, l’or de l’humanité.

Pégase