27 avril 2005: il n'y a pas un jour plus beau que celui-ci!, chantait déjà le poête Félix Boccovi. Il faut le clamer haut et fort! Nous découvrons une nouvelle forme d'indépendance, celle de l'esprit et celle de l'âme. Togo debout! Il n'y a pas lieu de se plaindre. À qui d'ailleurs? Notre destin est entre nos propres mains. C'est cela la véritable indépendance. Oui, hier, comme tous ceux qui croient à la justesse de leur cause, comme tous ceux qui ont tout donné dans une lutte dont ils étaient sûrs de sortir vainqueurs, comme tous ceux qui se sentent victimes de la perfidie des hommes, comme tous ceux sont conscients d'avoir agi honnêtement, tu as accueilli les faux résultats comme un coup de poignard dans le dos, une insulte à la dignité humaine. Tu as eu du mal à dormir la nuit. Mais, ce matin, tu t'es levé avec un chant de victoire, un chant nouveau dont la portée est plus vaste qu'un palais présidentiel ou royal, plus vaste qu'un règne animal, même si celui-ci dure quarante ans. Plus vaste que la grandeur á laquelle certains hommes ou certaines puissances veulent parvenir par des moyens malhonnêtes, pervers. Et tu as compris que tu es, dans le cœur et dans l'esprit, plus grand qu'eux. Tu les as regardés comme des misérables quant aux valeurs humaines. Tu t'es alors redressé. Et tu es debout! Tu es beau, mon peuple, tu es magnifique quand tu te dresses ainsi en face d'eux!
Togo debout! Non, tu n'es pas tombé, mon peuple! Tu es debout, vivant. Qui est tombé? Ce sont ceux qui hier t'ont asséné un coup de massue sur la tête, croyant ainsi mettre définitivement fin à ton aspiration à la liberté, à ton humanité que tu défends toujours rageusement. Ce sont eux qui sont tombés, si bas! Si bas! Si bas dans l'indignité! Dans l'animalité. Ceux qui, dans un esprit mesquin et inavouable de revanche ont cru enterrer définitivement ton plus beau jour, celui de l'indépendance. Un défi à leur prétention à dominer le monde. Mais, ils n'ont pas gagné et ils ne gagneront pas. Oseront-ils se regarder au miroir comme tu te regardes au miroir en ce jour, fier de ton combat pour la dignité humaine? Tu n'es pas mort! Tu es vivant! Ce sont eux qui sont morts, morts à leur conscience humaine, morts à la dignité humaine. Des cadavres spirituels qui prétendent régner! Ce n'est pas sur toi qu'ils régneront. Ce n'est ni sur ton cœur, ni sur ton esprit. Peut-être seulement sur leurs propres mensonges. Syndicat des menteurs réunis! Ils savent que tu es plus valeureux qu'eux, eux qui reprennent leur refrain de réconciliateurs pour t'endormir ou t'acheter. Ils ne t'ont pas eu et ils ne t'auront jamais. Eyadema ne t'a jamais eu. Son fils ne t'aura jamais. Tu es à toi-même, corps, cœur et esprit. Tu es libre et tu leur résistes. Mais eux, tes ennemis, sont morts. Mort le mort, mort le supposé vivant parce qu'il est lui aussi devenu un cadavre spirituel depuis hier, sans âme, sans cœur: il n'entend pas ce qui est vrai et bien; il ne voit pas ce qui est juste; il ne sent pas venir le danger.
Togo debout! Pense toujours que tu es vivant. Vivants les blessés valeureux dont le cœur et l'esprit demeurent intacts et luttent encore même sur les lits des hôpitaux! Vivants sont nos morts héroïques qui ont donné leur vie pour que nous soyons tous vivants à jamais: pour que la vérité soit vivante! Vivant l'esprit de liberté et de résistance.
Que la résistance soit partout maintenant. Dans tes pensées, tes propos, dans les actes quotidiens que tu poses, à la maison, au champ, au bureau, à l'usine, au marché, dans la rue, sur les places publiques...!
Voici que sonne la plus belle heure, après celle qui a sonné le 27 avril 1960, à minuit.
Togo debout! Afrique debout! Debout l'esprit de Patrice Lumumba, de Sylvanus Olympio, de Thomas Sankara et d'autres encore, célèbres ou anonymes. Debout et tous vivants! Debout dans la résistance.
Sénouvo Agbota ZINSOU
|
