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La honte de l'Afrique.

 Mamadou Tandja, cet homme que l'on se devait de respecter en Afrique a malheureusement montré aux yeux du monde entier que nous avons encore du chemin à parcourir avant d'atteindre la maturité et la sérénité des hommes à qui on confie le destin des nations. Passe encore qu'il essuie dans son propre pays des difficultés qu'ils n'arrive vraiment pas à résoudre. À la rigueur, on pourrait l'excuser du fait que les mouvements sociaux peuvent surgir dans tous les pays du monde. Mais qu'il n'ait pas conscience de toute la responsabilité qui lui incombe devant l'histoire africaine en intervenant au nom de la CEDEAO dans le dossier togolais est une chose bien grave. Saisi à plusieurs reprises par la coalition de l'opposition de toutes les irrégularités commises par le pouvoir dans la préparation de l'élection prévue au 24 avril, il n'a pas su réagir à temps avec fermeté pour ramener celui-ci à la raison. Pire, il a laissé le porte-parole de notre organisation sous-régionale tenir des propos irresponsables faisant croire que les préparatifs se déroulaient dans les meilleures conditions du monde.

Á moins de quatre jours de l'échéance, le mercredi 20 avril, il convoque les quatre candidats à Niamey, sans avoir répondu aux préoccupations de la population togolaise qui voyait clairement le danger se profiler derrière cette élection, si elle se déroulait vraiment le 24 avril. Mais, le plus irresponsable des actes de Mamadou Tandja a été commis lorsque le ministre de l'intérieur du pouvoir RPT, personnage central dans la préparation de l'élection, conscient du danger qui guettait la nation, lui aussi, s'est prononcé pour la suspension du processus considéré comme suicidaire pour le peuple togolais. Plus grave encore, Mamadou Tandja se devait d'écouter, sur les quatre candidats, les trois qui prônent le report. Deux de ces candidats, présents à la rencontre de Niamey ont certainement dû le lui dire. Tout aussi sourd que le candidat du RPT, son "candidat", peut-être, il approuve le limogeage du ministre de l'intérieur et invite le peuple togolais à aller aux urnes, comme prévu, le dimanche. Qui un tel homme peut-il convaincre de quoi que ce soit?

Mais, au fond, que cherche-t-il donc, Mamadou Tandja? À plaire à Faure Gnassingbé, puisque finalement, des quatre candidats, il est le seul à souhaiter le maintien du 24 avril? À être dans les bonnes grâces de Paris, dont on connaît la position sur le dossier togolais dès le début? Á éviter que les Nigériens, édifiés par l'exemple du peuple togolais ne secouent un jour son propre pouvoir? Á maintenir une fausse stabilité qui assure à son pays l'utilisation du port de Lomé, laquelle utilisation serait menacée par un changement à la tête du Togo? Sur qui compte-t-il donc pour avoir raison contre la volonté du peuple? Sur l'armée togolaise qui avait perpétré un coup d'Etat qu'il a lui-même d'abord condamné (peut-être du bout des lèvres )? Tout cela est bizarre!

On est bien en droit de s'interroger au sujet du comportement entêté et d'une rationalité bien spéciale de Mamadou Tandja, Président de la République du Niger, Président en exercice de la Communauté Economique des États de l'Afrique de l'Ouest. Se dit-il peut-être que la mort de quelques Togolais ne vaut pas ses intérêts à lui? J'ai bien envie de dire à mes frères nigériens: "Méfiez-vous de Mamadou Tandja, car tel qu'il se révèle dans le traitement du dossier togolais, il n'est pas très différent, en caractère, de celui qui a martyrisé les Togolais pendant près de quarante ans". J'ai bien envie de dire aux Africains: "Révoltez-vous contre le comportement de chefs d'Etat tels que Mamadou Tandja".

À l'allure où vont les choses, nous attendons le premier Etat au monde ou la première organisation internationale qui, après le 24 avril, déclarera se ranger derrière la position de la CEDEAO, même quand cette position constituerait un grave danger pour le Togo.

On comprend pourquoi ce sont les pays extérieurs à l'Afrique qui doivent intervenir pour résoudre nos problèmes et pourquoi notre continent détient le triste record des crises de tous genres.

Sénouvo Agbota ZINSOU