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Interview à RFI: l'argumentation de Pascal Bodjona, porte-parole de Gnassingbé F. est objectivement nulle.

 M. Pascal Bodjona, porte-parole du candidat Gnassingbé à l'élection présidentielle du 24 avril a accordé une interview à Christophe Boisbouvier, de RFI, interview diffusée dans l'édition d'Afrique matin du jeudi 21 avril dernier. L'éminent représentant du fils de Gnassingbé opère avec une subtilité inouïe, des nuances entre "le changement dans la continuité" et le "changement dans la stabilité". C'est ce dernier type de changement qu'aurait choisi le candidat Gnassingbé. La formule paraît bien frappée et presque séduisante. Sauf que l'éminent porte-parole ne nous en expliquait pas le contenu. Il est évident qu'une certaine continuité est difficile à assumer, surtout lorsque, comme l'a fait remarquer Boisbouvier, on est dans la lignée d'un Gnassingbé Eyadema, homme de toutes les formes de coups d'Etat, de toutes les violations de la Constitution, de tous les crimes contre les droits humains, de toutes les fraudes électorales etc. Alors, il ne reste que la stabilité. Mais, quelle stabilité? Celle obtenue aux prix que l'on sait. Et là, nous revenons dans le cercle vicieux, cercle diabolique, comme diraient les Allemands (Teufelkreis), des mêmes crimes, fraudes, violations etc... perpétrés par le Père de l'Aberration togolaise, Président-fondateur etc. M. Bodjona n'a pas su nous faire goûter les subtilités du prix de cette stabilité. Il comptait peut-être sur notre bonne volonté à comprendre et admettre que le fils Gnassingbé, sûrement plus intelligent que le père, puisque plus diplômé que lui, aurait trouvé la recette pour nous assurer cette stabilité à un prix différent. Seulement, manque de pot, le fils, au bout d'à peine 3 mois de notoriété publique, bien sûr dans une proportion un peu plus modeste que son père, n'a usé que de la même monnaie dont son illustre géniteur avait la pratique.
Mais, la perle de la brillante argumentation de M. Bodjona a été sa réponse à la question de savoir s'il y aura une opération "Vérité", à la suite d'une éventuelle élection de son candidat, surtout au sujet de la mort de Sylvanus Olympio. Bien sûr qu'il aura une réconciliation nationale (exactement comme celle dont le Père de l'Aberration s'était fait le champion depuis 1963), mais Gnassingbé F n'était pas né avant 1969. Là, de deux choses l'une: ou bien M. Bodjona n'a pas vraiment compris la question, ce qui est grave pour un porte-parole et pourrait logiquement entraîner son limogeage par le candidat Gnassingbé; ou bien le porte-parole, tout comme son candidat serait obsédé par ce que la Bible traduit sous la forme de ce proverbe: "Les pères ont mangé des raisins verts, les enfants en ont la dent agacée." Simple obsession, non justifiée, car, qui aurait l'idée d'aller demander à Gnassingbé F de répondre d'un crime commis plusieurs années avant sa naissance? Crime d'abord revendiqué par Etienne, puis attribué par le même Etienne à un groupe de tirailleurs dont lui-même ferait partie... Et si la vérité était encore ailleurs, du côté d'un certain officier français du nom de Maîtrier? Alors, les Togolais seraient-ils à ce point peu lucides pour s'acharner sur le pauvre petit Faure innocent et le punir d'un crime dont personne ne connaît à ce jour le véritable auteur?

La grande préoccupation de M. Bodjona était surtout d'amnistier son Président avant l'élection, avant la réconciliation, avant l'opération Vérité et même avant le "Grand Pardon", notion empruntée à Edem Kodjo qui lui-même l'aurait piquée de la Bible. Nous commençons à croire que M. Bodjona n'a même pas encore compris ce que c'est que ce "Grand Pardon". Il n'a pas eu le temps de s'informer à ce sujet. Pas plus que son Président n'a eu le temps de bien étudier les thèmes de sa campagne: "Réconciliation, Changement dans la stabilité..." La seule chose que ce dernier semble avoir bien apprise, c'est "comment devenir Président par tous les moyens": bon, si cela n'est pas possible avec le coup d'Etat, il faut essayer la fabrication d'une constitution sur mesure... si de cette manière aussi, ça ne marche pas, il faut recourir à des élections truquées... Et si on échoue avec les élections truquées, que fera-t-on? Dans tous les cas, on revient au "trésor du père" qui possédait plus de mille tours dans son sac. Dans tous les cas, il est inconcevable pour un Gnasingbé qui veut être Président de ne pas pouvoir y parvenir. Et le plus vite sera le mieux, sinon, malheur aux Togolais! Et nous voilà en plein changement dans la continuité... oh, pardon, dans la stabilité! Excusez ma confusion qui provient de celle de la situation même dans laquelle nous nous trouvons.

Le problème du peuple togolais, c'est de trouver à sa tête, au lendemain du 24 avril, peut-être, des hommes au raisonnement très spécieux (pour ne pas dire plus), comme les Bodjona, les Gnassingbé et toute leur clique. Cela fait encore plus mal de penser que d'autres hommes, Africains et Français notamment, également obsédés par les avantages sordides qu'ils peuvent tirer pour eux-mêmes de ce pouvoir usurpateur l'aident à se mettre en place, à perdurer. Cela révolte de savoir qu'une puissance qui se prétend "patrie des lumières, des droits de l'homme etc", en coulisse ou ouvertement, manœuvre dans ce même but.

Mais, qui sait? Comme le dit le personnage central d'une pièce de théâtre bien connue des Togolais et des Africains: "Qui tend le piège du mensonge y tombera lui-même!". Ou encore: " On ne brûle pas la case du menteur; on la démonte pièce par pièce." Un beau jour. C'est notre seul espoir.

Sénouvo Agbota ZINSOU