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L’ex Premier ministre AGBEYOME KODJO PRISONNIER POLITIQUE

La Une
 Le 08 avril 2005, l’ancien Premier ministre du Togo monsieur Agbéyomé Messan KODJO a regagné le Togo après trois ans d’exil. Dans un communiqué publié la veille, il a indiqué qu’il rentrait en se fondant sur l’appel lancé par les nouvelles autorités de Lomé en faveur du retour de tous les exilés et sur les conclusions des discussions de Libreville où la délégations togolaise a pris l’engagement devant le président BONGO de tout mettre en œuvre pour accueillir monsieur KODJO dans un délai de trois semaines. Ce délai ayant expiré le 03 avril, monsieur KODJO a adressé une lettre au Président de la République par intérim Monsieur Abbas BONFOH, pour l’informer de son retour au Togo. C’est à l’issue de cela qu’il est arrivé à Cotonou à bord d’un vol régulier dans la nuit du 07 au 08 avril, avant de se présenter à la frontière entre le Togo et le Bénin en fin de matinée.

D’après les témoins, il aurait accompli les formalités durant une heure de temps avant de prendre place à bord d’un véhicule de la Police Nationale dépêchée par les officiels togolais pour « sa sécurité ». A ce moment la destination officielle du convoi était le domicile de monsieur KODJO ainsi que lui-même l’a précisé au téléphone à son épouse dès le début du trajet. Mais il est conduit directement devant le juge d’instruction. Celui-ci lui a notifié son arrestation sous le coup d’un mandat d’arrêt international lancé contre lui en septembre 2002 pour le détournement présumé de fonds de la trésorerie du Port Autonome de Lomé. A l’époque, ce mandat d’arrêt avait été lancé par les autorités togolaises sur la base d’après elles, d’un rapport d’audit effectué par le cabinet Praxis International.

Déféré à la prison civile de Lomé, Monsieur KODJO selon plusieurs sources concordantes aurait été transféré à Kara à 400 km environ au nord de Lomé où il est actuellement détenu au secret.

Il convient de préciser que cette arrestation est un déni de droit pour les raisons suivantes :

1- Le Tribunal de Grande Instance de Paris appelé à statuer sur le cas, a demandé conformément au Code de procédure pénale au gouvernement togolais de lui communiquer le rapport d’audit. Les autorités togolaises ne l’ont jamais fait.

2- Contacté par les avocats de monsieur KODJO, le cabinet Praxis international a indiqué que son rapport d’audit ne mentionnait à aucun moment un quelconque détournement de fonds qui aurait été commis par Monsieur KODJO alors Directeur Général du Port Autonome de Lomé.

3- Nonobstant cette défaillance de la partie civile, les autorités judiciaires françaises ont diligenté une enquête qui conclura qu’il n’existe aucun fondement aux charges contre Mr KODJO. Le Tribunal de Grande Instance de Paris, a considéré alors ces accusations comme étant une manœuvre visant à discréditer un adversaire politique, qui dénonçait les graves dérives qui marquent le fonctionnement des institutions de son pays. Pour cette raison, il n’a pas donné suite à la demande d’extradition introduite par le gouvernement togolais.

Cette accusation fantaisiste de détournement de fonds n’est pas la seule invention du régime de Lomé contre l’ex chef de gouvernement.
Monsieur KODJO a été accusé en 2003 d’avoir cédé un hangar du Port Autonome de Lomé à un Colombien.
Or, d’après les dispositions de la loi n° 60-26 du 5 Août 1960 relative à la protection des droits fonciers, aucune cession de bien immobilier ou foncier à un étranger ne peut se conclure en territoire togolais sans une autorisation présidentielle préalable sous peine de nullité. L’acte de cession notarié et l’enregistrement au service des domaines sont soumis à un décret du Président de la République.
Monsieur Agbéyomé Messan KODJO est donc un prisonnier politique et doit être considéré comme tel, car ce qu’on lui reproche en réalité, c’est d’avoir dénoncé et de continuer à critiquer le non respect des droits de l’homme et des règles de démocratie au Togo. Son arrestation arbitraire et sa détention au secret dans une période préélectorale marquée par des fraudes dans la distribution des cartes d’électeurs confirment la justesse de son combat.

Je lance un appel urgent à Amnesty Internaional, à la FIDH et à tous les défenseurs des droits humains de part le monde à se mobiliser pour exiger une libération immédiate et sans condition de l’ancien Premier ministre.

En ce moment difficile, j’invite mes compatriotes, notamment la diaspora en lutte pour la démocratie, à prendre toute la mesure de cette nouvelle injustice et à avoir à l’esprit l’une des dernières phrases que l’exilé a prononcées avant de devenir prisonnier : « J’estime avoir expérimenté toutes les souffrances sur cette terre sauf la mort. J’en ai conscience, mais si je n’accepte pas de mourir, je ne serai jamais libre. »

Jonas SILIADIN
Rénovateur, ancien chef de cabinet du Premier Ministre KODJO.

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