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Le compte à rebours a commencé

Politique
  La campagne électorale, du 8 au 22 avril, et la présidentielle du 24 avril seront placées sous la haute surveillance d’une force composée de plus de 3 500 gendarmes, policiers et gardiens de préfecture. Cette «FOSEP 2005» a été instaurée le 23 mars par décret du président de l’Assemblée nationale, Abass Bonfoh, qui a remplacé au pied levé Faure Gnassingbé à la présidence par intérim, le 25 février dernier. Dans le camp adverse, le chef d’Union des forces du changement (UFC), Gilchrist Olympio, a investi son numéro 2, Emmanuel Akitani-Bob, pour le scrutin qui s’annonce comme un duel présidentiel. A défaut d’accord politique, la coalition de l’opposition s’en tient au programme électoral minimum. Finalement, les électeurs devront se contenter de trancher entre continuité et changement.


Le décret du président par intérim Abass Bonfoh donne mission à la FOSEP 2005 «sur l'ensemble du territoire national avant, pendant et après l'élection présidentielle du 24 avril 2005» pour assurer «la sécurité sur les lieux de meetings ou de manifestations publiques pendant la campagne électorale, celle des bureaux de vote, des candidats, des membres des commissions électorales et de leur siège ainsi que du matériel électoral». Son commandement sera confié à un officier supérieur de gendarmerie et répondra au ministre de l’Intérieur. Rien de bien rassurant pour l’opposition qui relève comment, malgré sa «démission», Faure Gnassingbé garde les attributs présidentiels (logement, gardes du corps, contacts diplomatiques etc.), mais aussi la haute main politique et militaire sur les institutions de «transition». Ce sont d’ailleurs les mêmes qui ont tenté de l’imposer à la mort de son père, manu militari.

«Tout en reconnaissant le droit aux autorités togolaises de maintenir l’ordre lorsque celui-ci est menacé», Amnesty International dénonçait ce 18 mars «Une transition à hauts risques», rappelant au passage la tradition répressive du pouvoir. De la confiscation des urnes à la censure médiatique, en passant par les exécutions extrajudiciaires, d’hier à aujourd’hui, le paysage n’a guère changé. Avec «l’interdiction de manifester sous prétexte de respect du deuil national, les forces de sécurité ne semblent avoir reculées devant rien pour bâillonner toute voix dissidente qui contestait la décision de l’armée d’imposer Faure Gnassingbé», écrit Amnesty international. En la matière, les six partis politiques de la coalition de l’opposition croyaient pouvoir compter sur des observateurs internationaux pour sécuriser le scrutin. Mais, après la réprobation internationale des «tripatouillages» constitutionnels de Faure Gnassingbé, la détermination internationale paraît se suffire du formalisme électoral qu’il affiche désormais. La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) semble devoir être le seul oeil extérieur sur le scrutin, l'Allemagne promettant notamment d'assurer la formation de 75 observateurs originaires de la sous-région.

Clôture des candidatures le 26 mars à minuit

Le dépôt des candidatures à la présidentielle sera clos samedi à minuit. Outre Faure Gnassingbé, pour l’ancien parti unique, le Rassemblement du peuple togolais (RPT), et Emmanuel Akitani-Bob, pour la coalition de l’opposition, deux poids légers sont en lice : l’homme d'affaires, Nicolas Lawson, chef du Parti du renouveau et de la rédemption (PRR) ainsi qu'un neveu de Gilchrist Olympio, Harry Olympio dont le Rassemblement pour le soutien à la démocratie et au développement (RSDD) a participé au gouvernement sous Eyadéma. Le Franco-Togolais Kofi Yamgnane a finalement jeté l’éponge, annonçant qu’il irait faire campagne à Lomé pour le candidat unique de l’opposition, Emmanuel Akitani Bob, pour «lutter contre la dictature héréditaire», dit-il.

De retour à Lomé depuis le 5 mars, le président déchu de l’Assemblée nationale, Fambaré Ouattara Natchaba multiplie les gages de fidélité au RPT. Tournant la page de son exil provisoire à Cotonou au nom d’un intérêt collectif bien compris, il explique aujourd’hui que «vivre dans un groupe, c'est accepter un certain nombre de décisions qui ne soient pas nécessairement des décisions qui vont dans votre intérêt, mais dans l'intérêt de l'ensemble du groupe que vous constituez et de l'ensemble du pays». Chacun rejoint son camp et se met en ordre de bataille pour la campagne électorale. De leur côté, les 5 partis de l’opposition radicale rangés derrière l’étendard UFC d’Emmanuel Akitani-Boba ont dû mettre encore un peu plus d’eau dans leur vin. Comme elle l’a déjà fait en imposant son candidat sur la base des résultats électoraux de 2003 qui la plaçaient en tête de l’opposition avec plus de 33% à la présidentielle, l’UFC renvoie ses partenaires aux législatives, pour un éventuel accord politique.

Disciplinée malgré la déconvenue de la majorité de se membres, la coalition tente de battre en brèche le verrouillage de la Commission nationale électorale (Ceni), en revendiquant en son sein une représentation pleine et entière afin de pouvoir veiller aux inscriptions électorales et à la distribution des cartes d’électeurs. En attendant, de concert avec la Haute autorité de l'audiovisuel et de la communication (HAAC), la Ceni lance une mise en garde aux médias privés togolais, fermement invités à respecter les «règles déontologiques du journalisme» telles que le pouvoir les conçoit au Togo. Pendant la campagne électorale, la parole des auditeurs qui pourraient intervenir par téléphone dans des émissions en direct devra ainsi «faire l'objet d'un soin particulier».

De passage à Lomé où il ne tient pas à séjourner trop longtemps pour cause d’insécurité, Gilchrist Olympio a investi son suppléant Akitani-Bob en disant tout à trac : «si nous ne gagnons pas ces élections, nous saurons qu'il y a encore des fraudes massives dans ce pays et que le système n'a pas changé…nous allons mobiliser la population et la sous-région, nous mobiliserons la communauté internationale pour que ces résultats soient rejetés et que l'on refasse les élections». Tout un programme d’action, certes, mais pas pour autant de projet de société commun à l’opposition.

Monique Mas
Article publié le 24/03/2005
Dernière mise à jour le 24/03/2005 à 16:53 (heure de Paris)