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Grève au Togo à l'appel de l'opposition

Politique
 par John Zodzi

LOME (Reuters) - Des milliers de travailleurs togolais ont répondu à l'appel de l'opposition en restant chez eux, en signe de protestation contre le "coup d'Etat constitutionnel" qui a porté au pouvoir Faure Gnassingbé, un des fils de l'autocrate Gnassingbé Eyadéma, décédé samedi.

Les rues de la capitale, Lomé, étaient pour une bonne part désertes. Les banques restaient ouvertes mais le client s'y faisait rare.

Les enfants sont allés à l'école mais sont revenus peu après, leurs enseignants observant la grève. Les chauffeurs de taxi ont fini par garer leurs véhicules, faute de clients. Sur le grand marché de Lomé, la majeure partie des étals étaient vides.

Le ministère de l'Intérieur avait annoncé un renforcement de la sécurité mais on voyait relativement peu de soldats et de policiers dans les rues.

Le principal chef de l'opposition, Gilchrist Olympio, qui vit en exil à Paris, avait appelé lundi à des manifestations de rue, mais celles-ci sont interdites durant les deux mois de la période de deuil national.

Olympio a exhorté ses concitoyens à déclencher une "révolution des oeillets", allusion à l'insurrection au Portugal en avril 1974.

L'opposition, à l'origine des deux journées de protestation de mardi et mercredi, s'insurge contre l'investiture lundi de Gnassingbé, un civil de 39 ans, qui a accédé à la présidence grâce à l'armée après une hâtive modification de la Constitution.

Normalement, c'était au président du parlement d'assumer l'intérim pendant deux mois, en attendant l'organisation d'une élection présidentielle. Le président du parlement, qui se trouvait à l'étranger, a été destitué et Gnassingbé a été nommé à sa place, ce qui lui a permis de ce fait de succéder à son père à la présidence.

Par une modification de la Constitution, il pourra rester au pouvoir jusqu'à l'expiration de la durée du mandat de son défunt père, en 2008.

La communauté internationale rejette catégoriquement ce processus et la Cedeao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) doit tenir mercredi à Niamey une conférence extraordinaire pour examiner la situation au Togo.

NÉGOCIATIONS AVEC L'UE REMISES EN QUESTION

Le président en exercice de la Cedeao, le chef de l'Etat nigérien Tandja Mamadou, a condamné dès dimanche le transfert du pouvoir à Faure Gnassingbé et réclamé le retour à la légalité constitutionnelle.

La France a exprimé lundi sa "préoccupation" après la désignation de Gnassingbé à la présidence.

L'Union africaine s'est quant à elle insurgée contre les événements du Togo et les a de nouveau qualifiés, lundi, de "coup d'Etat", les jugeant contraires au règlement de l'UA et à la constitution togolaise.

Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA a estimé que la nomination de Gnassingbé par l'armée était une "violation flagrante et inacceptable de la Constitution togolaise" et a menacé le pays de sanctions, "faute d'une action rapide de la part des autorités de fait pour assurer le rétablissement de la légalité constitutionnelle".

Cela pourrait signifier, disait-on à l'UA, que le Togo ne serait plus habilité à participer aux réunions et prises de décision de l'organisation panafricaine.

Au sein de l'Union européenne, on déclarait mardi que le transfert de pouvoir tel qu'il a été effectué au Togo remettait en question les négociations entre l'UE et Lomé sur une reprise de l'aide, suspendue en 1993 en raison d'un "déficit démocratique".

Louis Michel, commissaire européen au Développement et à l'Aide humanitaire, a déclaré sur RFI que Gnassingbé devrait expliquer pourquoi l'armée et lui-même avaient agi de la sorte.

"Ça remet tout à zéro. Ça repose à nouveau tout le problème de la démocratie et la place que l'armée prend dans le régime. Tout ça, c'est des questions qui ne vont pas faciliter la normalisation rapide", a-t-il dit au sujet des négociations.

Si la situation paraissait calme mardi dans Lomé, des coups de feu ont été entendus lundi soir dans le centre mais la télévision nationale a rapporté ensuite qu'il s'agissait de gardiens qui procédaient à des tirs de sommation pour empêcher des détenus de s'évader de la prison centrale.