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Eyadéma est mort, vive Eyadéma

Politique
   Gnassingbé Eyadéma est décédé samedi. Souffrant de graves problèmes de santé, il devait être évacué du Togo pour recevoir des soins. Il aura régné sans partage pendant 38 ans sur le pays. Le chef d'état-major de l'armée togolaise a "confié" le pouvoir à un de ses fils, Faure Eyadéma.

"Le Togo vient d'être frappé par un grand malheur. Il s'agit d'une véritable catastrophe nationale. Le président n'est plus". C'est par les mots de ce communiqué officiel, lu à 19 heures locales à la radio nationale par le Premier ministre Kofi Sama, que les Togolais ont appris samedi soir la mort de leur président Gnassingbé Eyadéma, alors qu'il était évacué du pays pour recevoir des soins. Premier à réagir sur la scène internationale, Jacques Chirac a déclaré en soirée : "Avec lui disparaît un ami de la France qui était pour moi un ami personnel".

Aussitôt après la lecture de ce communiqué, qui appelait par ailleurs le peuple togolais "dans toutes ses composantes politiques, sociales, religieuses et traditionnelles", à "éviter de sombrer à nouveau dans le chaos, la division et l'anarchie", le gouvernement togolais a ordonné le bouclage immédiat des "frontières terrestres, maritimes et aériennes" du pays. Et le chef d'état-major de l'armée togolaise a indiqué qu'il "confiait" le pouvoir à Faure Eyadéma, un des fils du président décédé. Sans aucun égard pour la Constitution togolaise, dont l'article 65 précise pourtant qu'en cas de "vacance de la présidence de la république par décès, mission ou empêchement définitif, la fonction présidentielle est exercée provisoirement par le président de l'Assemblée nationale".

L'opposant en exil réclame des élections transparentes

Né le 26 décembre 1935, le général Eyadéma dirigeait le pays depuis 38 ans. En 1963, jeune officier, il avait pris une part active au coup d'Etat dans lequel le premier président du Togo indépendant, Sylvanus Olympio, avait été tué. Nicolas Grunitsky, son successeur, devait être renversé en 1967. Gnassingbé Eyadéma était alors proclamé chef de l'Etat, confirmé en 1972 par un plébiscite puis élu en 1979 et 1986 comme candidat unique. Mais au début des années 1990, le pays était confronté à des troubles politiques et sociaux qui faisaient plusieurs centaines de morts. Après une période de transition instituée en 1991 par une conférence nationale, le général Eyadéma, soutenu par l'armée, reprenait alors toutes ses prérogatives. Il devait être réélu en 1993 lors d'une consultation boycottée par l'opposition, puis en 1998, à la suite d'une élection contestée.

Les élections suivantes ne servaient dès lors qu'à conforter l'emprise du Rassemblement du peuple togolais (RPT) du président Eyadéma, parti quasi-unique au Parlement. Les dernières législatives en date se sont déroulées en octobre 2002, en l'absence des principaux partis d'opposition dits "traditionnels". Président sans opposant, Gnassingbé Eyadéma devait cependant depuis plusieurs années faire face à la maladie. Il avait ainsi dû à plusieurs reprises être hospitalisé à l'étranger. En novembre dernier, il n'avait pas participé au Xe sommet de la Francophonie, au Burkina-Faso.

Le principal opposant au président togolais, Gilchrist Olympio, fils du président Sylvanus Olympio, qui vit en exil à Paris depuis 1999, a déclaré samedi soir souhaiter que la mort de Gnassingbé Eyadéma permette que le "Togo se mette sur le chemin de la démocratie". "Je souhaite des élections transparentes et libres dans les deux, trois prochains mois", a-t-il ajouté, en annonçant son intention de se rendre au Togo "après en avoir parlé avec son parti", l'Union des forces du changement (UFC). Il a souhaité également que les engagements démocratiques pris par le Togo vis à vis de l'Union européenne, qui avait suspendu ses aides en 1992 en raison de la répression de l'opposition, "soient mis en oeuvre".