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La guerre sainte des systèmes d'exploitation

CHRONIQUE - Technologie
 Si Microsoft jouit d'une position dominante sur le bureau, et vise occuper de façon similaire le créneau lucratif des serveurs d'entreprise, Linux se présente de plus en plus comme un opposant sérieux

Certains d'entre vous se rappellent probablement les beaux jours de la guerre des systèmes d'exploitation à interface graphique pour l'ordinateur de bureau. Windows vs OS/2 vs MacOS. C'était il y a une bonne dizaine d'années et vous connaissez le résultat de l'affrontement. Il y a eu le grand schisme entre Microsoft et IBM alors que la première a imposé en bout de compte son système sur le marché. Apple et son MacOS ont été relégués dans un créneau du marché, mais réussissent tout de même à survivre à coup d'innovation et de design. D'autres sont complètement disparus.
Le même genre d'affrontement, en forme de guerre ouverte, sévit maintenant entre Windows et Linux, surtout dans le marché des serveurs, mais aussi sur les ordinateurs de bureau. Les organisations aiment les alternatives et plusieurs directeurs informatiques résistent à devoir être dépendants d'un seul fournisseur, en l'occurrence Microsoft.

Les amateurs de Linux me rappellent un peu les fidèles du Mac des belles années, qui communiaient à l'autel d'Apple comme on entre en religion. Ils partagent une passion, celle de l'underdog comme on dit si bien en anglais, ils ont un ennemi commun et chaque victoire obtenue à l'arrachée est un fait d'arme mémorable.

Sauf que les victoires sont de plus en plus importantes et les « amateurs » sont de grandes organisations et des entreprises importantes, pas des petits marginaux. De grands joueurs comme IBM, HP ou Dell supportent Linux et en ont fait un élément important de leur stratégie.

Récemment, on rapportait que la ville de Munich en Allemagne migrerait sont parc de 14 000 ordinateurs de bureau de Windows à Linux. Hier, IBM Canada annonçait que la société de services financiers et d'assurance ING Canada avait conclu une entente pour implanter des serveurs IBM tournant sous Linux pour soutenir de nombreuses applications stratégiques. (ING, c'est notamment l'assureur BélairDirect et globalement une entreprise qui gère un actif de plus 1 000 milliards de dollars et compte 115 000 employés dans 60 pays.)

La semaine dernière, IBM annonçait avoir obtenu en Europe six contrats majeurs impliquant Linux, au sein d'organisations publiques et para-publiques incluant notamment le ministère français de l'Éducation et une agence fiscale du gouvernement espagnol.

Il y a quelques semaines, la faculté de génie de l'Université de Sherbrooke lançait EduLinux, basé sur Mandrake Linux, un système d'exploitation qu'elle offre gratuitement à tout le réseau d'enseignement québécois, de la maternelle au secondaire, du collège à l'université.

Microsoft se retrouve attaquée sur le flanc et passe à l'offensive. Il faut s'attendre à une guerre de relations publiques où les annonces ne tarderont pas à se multiplier. Je lisais, il y a quelques jours, une dépêche sur le fil de presse de Reuters où l'on faisait état d'une victoire de Microsoft contre Linux dans le cadre de trois contrats gouvernementaux en Europe. Ce n'est que le début, la guerre est désormais ouverte.

L'un des meilleurs indicateurs que l'alternative Linux devient une occasion d'affaire sérieuse est sans doute, ironiquement, la poursuite de SCO contre IBM devant les tribunaux américains, sur fond de droits d'auteurs, qui pourrait même toucher les utilisateurs d'AIX (la version Unix d'IBM). Ce genre de bataille juridique est typique chez nos voisins du Sud que plusieurs surnomment litigation nation (le pays des poursuites judiciaires). Une poursuite qui risque de s'échelonner sur plusieurs années et en général ce sont les plus gros joueurs qui l'emportent, dans des victoires techniques qui ont rarement un impact majeur sur le marché.

Il n'est pas vraiment possible, à ce stade-ci, de prévoir le résultat de l'affrontement Windows vs Linux. Mais si la communauté des supporteurs de Linux et les grands joueurs qui embarquent dans ce train font bien leur travail, il est certain que Microsoft y perdra des plumes. Il y a également une saveur de revanche derrière tout cela. Comme si le marché réagissait, en votant avec ses dollars, après que la justice américaine ait échoué dans sa tentative de condamner Microsoft qu'on accusait de pratiques commerciales monopolistiques.

Le bon côté des choses pour les utilisateurs et les gestionnaires de technologies? Une concurrence forte risque de forcer tous les fournisseurs à rivaliser non seulement par leurs stratégies commerciales, ce qui pourrait avoir un effet bénéfique sur le coût des licences, mais également sur le terrain de l'innovation. Et ça, c'est une bonne nouvelle.