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Législatives de juillet 2013: La blague est devenue sérieuse !

Togo - Politique
Vendredi 07 juin 2013, au terme d’un Conseil extraordinaire des ministres, le gouvernement fixe la date des législatives au 21 juillet 2013, proroge le délai de dépôt des candidatures jusqu’au 16 juillet 2013 fixe par ailleurs le montant de la caution de candidature à 100000 F cfa avec une réduction de moitié pour les femmes. Le pouvoir venait ainsi d’apporter un paquet de réponses aux critiques lancées par la Collectif Sauvons le Togo (Cst) et son compère la Coalition Arc-en-ciel aux lendemains de l’appel à candidature lancé le 30 mai dernier par la Commission électorale nationale indépendante pour dix jours et contre lequel une marche grandeur nature a été prévue pour vendredi dernier mais empêchée par le gouvernement.

Le scenario de vendredi : marche empêchée et décret convoquant le corps électoral a le mérite d’éviter une réplique de la situation guinéenne où la seule date du scrutin a déjà fait parler les pavés et verser les sangs des guinéens à plusieurs reprises. Comparée à la situation togolaise il ressort qu’ici tous les Etats majors politiques sont d’accord à ce jour à présenter des candidats aux législatives en vue. Une évolution consistante par rapport à la situation de 2012 où au Collectif Sauvons le Togo, il n’était même pas question de parler de quelque élection que ce soit mais plutôt du départ pur et simple du chef de l’Etat pendant qu’à la Coalition Arc-en-ciel on n’était pas contre le principe d’une participation aux législatives mais si et seulement si, ceci est précédé d’un dialogue sincère qui aboutit aux reformes constitutionnelles et institutionnelles réclamées depuis 2006. On se rend compte qu’au bout du processus, malgré que le dialogue tant réclamé n’ait même pas pu tenir comme voulue, malgré les protestations de rue et les diatribes médiatiques de l’opposition les deux adversaires (pouvoir et opposition) sont d’accord aujourd’hui sur la participation à ces élections. Et ceci au fil de certains signaux décryptés très tôt par l’opposition en face.

Un silence lourd de sens

Du retour de leur tournée européenne d’Avril 2013, la coalition Arc-en-ciel et le Cst se sont attendus à ce que les partenaires européens contraignent le pouvoir de Lomé à un dialogue immédiat et sincère afin de dégager le pavé pour ces élections qui divisent tant. Mais que nenni. Le silence de l’Ue et partenaires a été plutôt corsé par la déclaration du ministre Bawara la semaine du 27 mai sur l’une des radios privées de la place où il affirmait clairement qu’il n’y aura plus de dialogue avant les législatives. « Le gouvernement a maintes fois montré son ouverture au dialogue mais le camp d’en face ne montre aucune volonté de dialoguer » a-t-il argumenté. Dans la foulée, la Ceni appelle au dépôt des candidatures. Pour tout analyste il va de soi que le lobbying déployé par l’opposition lors de sa tournée européenne n’a point porté mais que c’est plutôt la plaidoirie de l’émissaire Bawara, qui était passé dans les mêmes bureaux juste quelques temps après l’opposition, qui a convaincu. L’opposition aurait vite dénoté le signal, puisqu’au même moment où on boudait l’appel de la Ceni au dépôt des candidatures tous les états major s’affairaient à peaufiner ses dossiers de candidatures. Même au niveau des radicaux de l’Aalliance nationale pour le changement (Anc) des informations confirment qu’on s’était levé même plus tôt. Les perquisitions effectuées au siège du parti en février dernier dans le cadre de l’affaire d’incendie des marchés a permis de découvrir des correspondances par lesquelles le bureau demandait à chaque fédération d’envoyer sa liste de candidats pour les prochaines législatives. Mais qu’à cela ne tienne !
Les leaders de l’opposition ont presque tous ricané quand la présidente de la Ceni annonçait le 15 mai dernier, la date du scrutin pour la première semaine de juillet. Il se rapporte que même au sein de la mouvance présidentielle certains auraient légèrement sourit tant beaucoup trouvait la date techniquement trop proche surtout avec l’éventualité de la tenue du dialogue tant réclamé par l’opposition.

Un plan d’échec et mate

Tout à commencé par se décanter dés la semaine du 27 mai avec la sortie médiatique de Bawara. A reprendre le calendrier depuis l’annonce de la date du scrutin le 14 Mai par la présidente de la Ceni, on se rend compte que la messe des législatives 2013 au Togo a été préparée depuis et que si l’opposition avait voulu jouer un peu plus au « garçon » elle ne sera que surprise. Les partenaires ne viendront qu’après en sapeur pompier pour un énième dialogue post électoral, pendant que le système en place aura encore cinq ans devant lui pour rester à la commande de la manette législative.

Aujourd’hui le scenario de 2002 est évité ! L’opposition sera présente aux législatives. Il reste maintenant à s’assurer les moyens de la victoire. L’Union européenne vient de déclarer que ses recommandations introduites au lendemain des législatives de 2007 afin d’obtenir des élections plus justes ont été exécutées à 80 %. Mais est-ce que cela balise pour autant la voie à la victoire de l’opposition ? Sur un plan tactique les contestataires vont se présenter pour la première fois en blocs unis face au pouvoir. Des tractations pour des candidatures communes Cst-Arc-en-ciel seraient même actuellement en cour. Il reste à contrôler ces pratiques qui en 2007 auraient échappées aux champs de transparence du scrutin et qui auraient donc catalysé alors la victoire du parti au pouvoir. Avec la date du 21 juillet, la campagne électorale de ces législatives aura la particularité de se dérouler en pleins examens scolaires
(le Bac du 08 au 11 et le Bts du 14 au 19 juillet). Or les établissements scolaires sont les lieux de prédilections pour les meetings électoraux. C’est un paramètre tout autant important à prendre en compte.

Joël EGAH

Le Journal FRATERNITE n°122 du 10 Juin 2013