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Le président et l’Administration, tous pourris, selon l’institut de sondage Afrobaromètre

Togo - Societe
Les Togolais n’ont aucune confiance ni dans l’administration ni dans les institutions du pays, et ils perçoivent ses membres comme des corrompus. C’est ce que vient de révéler l’institut de sondages Afrobarometer- basée en Afrique du Sud- d’après une étude commandée au Centre for Research and Opinion Polls (CROP), dont les résultats ont été rendus publics ce samedi après-midi à l’Université de Lomé.
L’enquête s’est portée sur un certain nombre d’institutions dont la Présidence de la République, l’Assemblée nationale, le Gouvernement, la police, les préfectures et les conseils municipaux, les impôts, la justice. Seul 1 Togolais sur 10 croit que les populations étudiées ne sont pas impliquées dans les affaires de corruption. Par exemple, en ce qui concerne "les juges et les magistrats, seulement 5% des Togolais pensent qu’aucun d’entre eux n’est impliqué dans les affaires de corruption contre 44% des Togolais qui pensent que la plupart des magistrats sont corrompus", indique Afrobarometer.

Quant à la police, "42% des Togolais pensent que la plupart des agents seraient impliqués dans les affaires de corruption et 33% pensent que certains agents seraient impliqués dans les affaires de corruption".

Il en est de même pour le Président et les fonctionnaires de la Présidence : 33% des Togolais pensent que la plupart d’entre eux sont corrompus tandis que 36% affirment que seulement "certains d’entre eux".

Quant aux agents des impôts, ils remportent la palme d’or de la méfiance des Togolais dont 48% pensent que la plupart sont des ripoux, tandis que 28% affirment que seulement certains d’entre eux sont corrompus.

L’étude porte sur un échantillon d’une population de 1200 personnes, toutes de nationalité togolaise. Elles ont répondu à la question :"selon vous, combien de personnes des groupes suivants sont impliquées dans les affaires de corruption, où n’êtes-vous pas assez familiers avec eux pour donner votre opinion ?"

Afrobaromter est un réseau de chercheurs africains indépendants et non partisans, menant une série d’enquêtes comparatives sur les opinions des Africains, et couvrant jusqu’à 36 pays pour sa 5ème série [2011-2013]. Il mesure les attitudes du public en matière de démocratie, évalue les qualités de la gouvernance et les performances économiques, ainsi que les opinions de l’électorat sur d’importantes questions politiques dans les pays concernés", d’après le communiqué.

La différence avec Transparency International, c’est que les études de l’ONG allemande se font auprès des hommes d’affaires pour déterminer le niveau de corruption.

Honteux bémol ? Les études comparatives avec le Bénin de Yayi Boni donnent sensiblement les mêmes résultats. Par exemple, au Bénin, 46% des populations pensent que la plupart des fonctionnaires de la justice sont des corrompus contre 44% pour les Togolais ; 37% des Béninois disent seulement que certains agents de la justice le sont contre 32% des Togolais. Le Bénin et le Togo feraient donc jeu égal dans le match de la corruption, une donne qui pourrait contenter les autorités togolaises.

Mais dans le classement de Transparency international, le Bénin est mieux classé que le Togo, 94ème sur 176 en 2012 contre 128/176 pour le pays de Faure Gnassingbé.

Déficit démocratique

L’étude d’Afrobarometer ne fait que confirmer une situation déjà reconnue par le chef de l’Etat lui-même dans un discours de nouvel an. Mais elle illustre surtout un désaveu cinglant : les populations n’ont aucune confiance en Faure Gnassingbé et son administration. Ceci délégitime naturellement un pouvoir qui refuse de faire des réformes nécessaires. Les résultats des sondages montrent carrément un lourd déficit démocratique, une société togolaise corrompue qui s’enlise avec la perte de ses valeurs.