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Libertés publiques: Vers l’interdiction systématique des manifestations de l'opposition ?

Togo - Societe
Mesure d’interdiction des manifestations voilée, mais le caractère sournois n’échappe à personne. "Le ministre tient à rappeler que les mesures d’interdiction prises le 21 mai 2013, conformément à la loi sur les manifestations publiques, sont toujours en vigueur et s’appliquent à tous jusqu’à nouvel ordre", indique le communiqué signé du colonel-ministre Yark Damehane. Les autorités togolaises incapables d’encadrer une manifestation pacifique n’ont trouvé mieux que de les interdire dans le futur.
Le ministre de la sécurité et de la protection civile et son homologue de l'Administration territoriale, qui ont fait montre de leur ignorance des règles de fonctionnement de l’administration- on se demande si les ministres consultent les conseillers juridiques de leur cabinet- prennent prétexte des violences planifiées et exécutées par leurs argousins et miliciens pour interdire définitivement, en tout cas "jusqu’à nouvel ordre" les manifestations pacifiques de l'opposition.

Comme l'a affirmé un ex-proche du pouvoir au micro du MO5-Togo, la situation n’a pourtant pas encore atteint un niveau d’alarme qui exigerait des mesures d’exception, mais le colonel-ministre n’en a cure. Le rouge-noir des femmes fait peur au système dictatorial.

La répression des manifestations dans la journée de jeudi a atteint un degré de barbarie que les populations avaient cru revivre les horreurs de 2005. Les gendarmes et les policiers, habituellement déployés pour assurer la sécurité des manifestations, ont été aidées des militaires ou plutôt des miliciens en tenue militaire, embarqués dans des pick up, armés de gourdins, couteaux et cordelettes. Les forces de l’ordre et ces militaires armés de gourdins, couteaux, grenades lacrymogènes et armes à feu n’ont pas fait l’économie de leurs armes de répression face à des jeunes aux mains nues, ou munis de pierre pour se défendre.

Les habitants des quartiers de Nyekonakpoé, Hanoukopé et Kodjoviakopé ont vécu une journée d’enfer. Ceux de Kodjoviakopé ont souffert le martyre jusque tard dans la nuit. Les jeunes manifestants devant le caractère inouï de la répression ont décidé de manifester leur colère. Le ministre parle curieusement d'un "policier grièvement blessé", oubliant de mentionner les forfaits de ses éléments vis-à-vis des manifestants pacifiques.

Comment est-on arrivé à cette situation de répression aveugle ? Le ministre et l’opposition CST-AEC se renvoient la balle. Le pouvoir accuse paradoxalement l’opposition d’avoir encouragé et bravé l’interdiction de la marche. L’opposition taxe légitimement le pouvoir d’user de l’arbitraire en prenant des mesures "illégales", "scélérates" et le soupçonne à juste titre de "machination".

Car tout porte à croire que devant les agitations sociales, les soubresauts démocratiques qui ont atteint tout le pays, le Nord, pseudo chasse gardée est très remonté contre un pouvoir qui a failli dans tous les domaines, devant les mouvements étudiants, la force des syndicats et des travailleurs du secteur public, Faure Gnassingbé et bande tentent un va-tout : il faut décourager l’opposition d’aller aux élections prochaines. Il devient de plus en plus évident que le pouvoir craint de les perdre….

Nous y reviendrons.