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Interview Kodjo Awudzi, président du MEET : « Les autorités sont responsables de ce qui se passe aujourd’hui sur le campus »

Togo - Societe
Le calme précaire qui régnait sur le campus de l’université de Lomé depuis le début de l’année académique est rompu ces derniers jours par des manifestations d’étudiants qui exigent des autorités le respect des engagements pris.

Le pic de ces manifestations a été atteint mercredi dernier où quatre étudiants et une vitre du véhicule de la police caillassée au cours des affrontements entre étudiants et forces de l’ordre. Kodjo Awudzi, président du Mouvement pour l’émancipation de l’étudiant togolais (MEET), le principal syndicat estudiantin, dit dans cette interview exclusive MO5-Togo les raisons de ce regain de tension sur le campus de Lomé.

MO5-TOGO : Pourquoi le campus de Lomé est en ébullition ces dernières semaines ?

Kodjo Awudzi : Le campus de Lomé est en ébullition ces derniers jours parce que les autorités se sont moquées de notre gueule. Elles se sont moquées de notre gueule parce que ça fait sept mois que nous ne cessons de leur demander dans des discussions assez calmes de faire en sorte que nous n’arrivions pas là où nous en sommes aujourd’hui. Ils ont fait la sourde oreille étant donné que les étudiants sont dans l’indignation totale c’est normale que nous réagissons.

Nous avons su canaliser les étudiants de façon objective. Le 08 mai nous avons fait une assemblée générale de plus de deux heures et finalement nous nous sommes transportés à la Primature où nous avons fait le premier sit-in dans l’histoire des manifestations estudiantines. Le sit-in qui a obligé le Premier ministre a sorti de ses locaux et il nous a dit que nos droits ce sont nos bourses et nos allocations. Si c’est nos droits pourquoi on tarde à nous les remettre et il a osé dire que nous avons tort de manifester. Pour nous c’est plutôt le gouvernement qui a tort, parce qu’ils ont pris l’engagement de payer ces tranches d’aide et de secours aux étudiants selon un calendrier que les autorités elles mêmes se sont données mais elles n’ont pas respecté le calendrier et elles veulent que nous continuons à nous taire.

Nous avons déjà fait sept mois et nous ne pouvions pas continuer à travailler le ventre affamé. Le ventre affamé n’a point d’oreilles voila pourquoi vous avez connu les ébullitions de ces jours qui ont conduit même à l’arrestation de certains camarades.

Je profite même de cette occasion pour dire que ce ne sont pas les arrestations, ni les interpellations arbitraires qui vont ramener le calme à l’université. C’est pourquoi nous demandons humblement à nos autorités de relâcher ces camarades afin que le calme puisse revenir sur l’université, faute de quoi le MEET se verra dans l’obligation de reprendre les choses de façon vigoureuse, vigoureuse parce que nous n’allons pas permettre que pendant que nous sommes en train de suivre les cours que d’autres croupissent à la gendarmerie ou en prison. Nous n’allons pas le permettre ça voila pourquoi nous demandons pour le moment à nos autorités de libérer nos camarades afin que nous puissions ramener le calme sur le campus universitaire.

MO5-TOGO : Une semaine après le sit-in devant la primature avec les promesses faites par le Premier ministre, encore une autre manifestation de désobéissance à l’autorité sur le campus ...

Kodjo Awudzi : Ce n’est pas une désobéissance. Nous sommes toujours dans la réclamation de nos droits légitimes. Pourquoi je dis cela ? Quand nous avons été à la Primature nous avons été clairs. Nous avons demandé à l’autorité compétente de nous verser les deux premières tranches puisqu’il ne nous reste que quatre mois pour que l’année académique finisse. Nous nous posons la question de savoir si l’autorité elle-même est sérieuse dans l’attribution de ces bourses et allocations parce que, en principe, selon le calendrier qu’elle-même s’était fixé on devrait avoir déjà les deux premières tranches et voila on n’a pas eu une seule tranche ! C’est pourquoi nous demandons les deux premières tranches. Mais l’autorité pense que nous nous amusions c’est pourquoi elle n’a versé qu’une seule tranche; ce qui a crée la frustration au sein du campus. Sans un appel officiel, il y a eu une réaction spontanée.

Ce n’est donc pas une désobéissance. Ce qui se passe aujourd’hui, les autorités elles-mêmes en sont responsables. Elles auraient affiché un autre comportement qu’on ne serait pas ici aujourd’hui.

MO5-TOGO : Vos camarades sont embastillés, les bourses et allocations tombent difficilement, où est-ce que vous êtes prêts à aller ?

Kodjo Awudzi : Nous irons très loin et nous ne sommes pas prêts à baisser les bras si jamais nos droits ne sont pas respectés. Nous, notre objectif premier et primordial pour lequel nous sommes venus à l’université c’est d’avoir les diplômes pour pouvoir contribuer au développement harmonieux de notre pays, mais dès lors que les conditions qui devraient être pré-établies, conditions qui devraient nous permettre d’avoir ces diplômes ne sont pas respectées que voulez-vous que nous fassions ? Il faut que nous réagissons afin que nous ayions ces conditions pour que nos objectifs soient atteints.