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Les conséquences de l’incendie des marches : 60 000 000 d’intérêt sacrifiés par la Fucec ; Mais le mal demeure profond.

Togo - Economie et Finances
Elles ont été estimées à des centaines de milliards, les pertes
orchestrées à l’économie nationale par les incendies des marchés de
Kara et de Lomé les 10 et 12 janvier derniers. Malgré les 2,5 milliards
de dédommagement injectés par l’Etat et en attendant la finition des
chantiers de relogement des sinistrés en cours, l’économie nationale
continue de trimballer les séquelles des sinistres de janvier 2013. Et
en cascade. L’un des acteurs principalement touchés c’est les
institutions de microfinance premiers partenaires des commerçants
opérants dans ces marchés. A leur tête se trouve la Faitière de l’Union
des Coopératives d’épargne et de crédit du Togo (la Fucec-Togo.
Enquête auprès du leader national de la micro finance sur les
conséquences de la catastrophe économique de janvier 2013 sur les
activités quatre mois après.
Fin Janvier 2013, soit quelques semaines après le sinistre, la Fucec-Togo évalue les coups directs que lui ont portés les événements. Le nombre total de membres attaint s’élève à 544 dont 370 femmes (soit 68%) pour un encours crédits de 790 815 000f avec 60 000 000f de bénéfice. Février 2013, la faîtière rend public un plan de gestion de la crise. Elle s’articule en trois(3) axes notamment : accorder de nouveaux prêt aux clients sinistrés-abandonner les intérêts sur les crédits en cours chez ces clients puis rééchelonner les délais de remboursement sur des bases évidentes et convaincantes. Toujours dans le cadre de son plan social la faîtière renonce aux 60 000 000 d’intérêts qu’elle devrait recueillir sur les crédits en cours. Le plan social de la Fucec est applaudit par tous surtout les femmes qui à elles seules détiennent plus de la moitié des crédits en question soit 465 367 608f.

Quelques semaines après la formule de la Fucec qu’on avait acclamé comme un curatif rassurant se retrouve n’etre qu’un simple calmant. Et pour cause.

Un capharnaüm total
Pour bien circonscrire son plan social afin qu’il touche réellement ses membres sinistrés, la Fucec a défini deux(2) critères à savoir : être membre débiteur de la Fucec et être installé dans l’un des deux marches concernés- être membre non débiteur de la fucec mais être installé dans l’un des deux marchés concernés.

Contre toute entente, il se créé, quelques jours après un troisième groupe auquel le Directeur general de la Fucec, Kokoumey-Fedy avoue ne s’être point attendue. C’est le groupe de ceux qui ne sont ni membre de la Fucec, ne sont point installés dans les deux marchés, mais qui ont livré à des membres de la Fucec installés eux dans ces marchés. Face à ce nouveau groupe, l’institution de Kokoumey-Fedy n’a pu encore trouver de solution. Au même moment, au terme du bilan du premier trimestre 2013 les activités de la faîtière ont périclité de sept à quatre milliards de crédit de soit une chute nette de trois milliards (3 000 000 000) comparativement au premier trimestre 2012 . Comme quoi les incendies ont sérieusement
asphyxié la géante de la micro finance au Togo. Et le souffle total n’est pas prêt de revenir très tôt même si elle se dit assez bien assise pour tenir le coup.

Les institutions de micro finance vivent essentiellement des benefices sur crédits octroyés et il va de soi que moins la Fucec fait de chiffres, moins elle accordera de crédit. Et pareil pour tous ses pairs du meme secteur. Or, il se trouve déjà que sur les 790 815 000f injectés, l’équipe de Kokoumey-Fedy se voit obliger d’élargir le délai de recouvrement jusqu’à cinq (5) ans contre trois (3) ans initialement prévu au maxi. Au passage, il y a 60 000 000 d’intérêts qui disparaissent au nom de la «valeur d’entraide », principe sacré qui guide l’esprit de la coopérative.
Ajouté à tout ceci les 3 000 000 000 de différence enregistrés rien que sur le premier trimestre de l’année en cours, le trou s’annonce abyssal pour la doyenne de la micro finance au Togo. Et les conséquences de ce périclite retomberont directement sur les commerçants et autres opérateurs du secteur informel qui re-
présentent à eux seuls près de 80 % de l’économie nationale. La Fucec à elle seule porte en son sein 25% de la population togolaise soit prés d’un million et demi de membres. Déjà que le Togo se classe à la dernière place dans la sous-région pour l’accès au crédit, et ce malgré la promptitude et la flexibilité légendaire reconnues particulièrement à l’institution de Kokoumey Fedy dans ce domaine, il faut appréhender dès à présent la cascade de conséquences sociales, économique et corollaires que vont entrainer les coups portés aux microfinances par ces incendies.

Que faut-il faire alors ?

Aux lendemains des sinistres, lors d’une rencontre entre le pouvoir et
les institutions de microfinances la question du chef de l’Etat a été formulée en des termes pareils : qu’attendez-vous de nous ? Les opérateurs de micro crédits ont alors demandé à l’Etat de mettre à leur disposition un fond d’appui aux microfinances afin de leur permettre de traverser cette zone de turbulence sans risque de crouler. En fait l’appui demandé par les microfinances à l’Etat doit constituer en un prêt avec un délai de remboursement convenu ensemble avec l’Etat prêteur juste pour leur permettre d’encaisser le coup de ces incendies le temps de se redresser. En soi, il ne s’agit
pas en fait d’un fond d’appui mais plutôt d’un prêt d’appui où l’Etat s’en sort plutôt bénéficiaire, mais aussi il injecte sur toute la ligne une bouffée d’oxygène dans l’économie nationale. Mais que nenni. Jusqu’à ce jour aucune n’a été donnée à cette proposition louable.


La question du relogement des commerçants

Sur l’autre trottoir les commerçants attendent toujours d’être relogés. Les chantiers de relogement ouverts depuis deux mois en face de l’ancien Goyi score et à la place Bonké peinent à finir.

Selon la télévision nationale les entrepreneurs donnent encore deux semaines pour rendre le travail. Mais le constat sur le terrain fait craindre certains spécialistes qui estiment qu’à l’allure où évoluent les travaux on risque de boucler le deuxième trimestre avant de les rendre. Les commerçants doivent donc prendre leur mal en patience et avec eux leurs partenaires de la micro crédit. « Tant que le femmes ne reprendront pas leurs activités nous trimballeront toujours les séquelles de cette affaire. Il faut que les femmes soient vite relogées. Un de nos saluts passe par là » fortement le patron de la Fucec, dont l’institution porte à elle seule en son sein près de 15% des victimes directes de ces incendies.

Par ailleurs su un plan spacio-démographique les sites de Goyi score se révèle trop contigu pour contenir les 2 500 sinistrés du marché d’Adawlato. Voilà un autre inconnu de l’équation pour le gouvernement. Mais en attendant il faut vite reloger ceux qu’on peut pour que le reste suive après.

Dans cette affaire d’incendie, le volet judiciaire semble prendre aujourd’hui le pas sur le volet socio-économique. Or, ce dernier un serpent de mer qu’il serait judicieux d’arrêter à temps pour un avenir plus serein.

Joël EGAH