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Situation Socio-politique du Bénin : réagir aujourd’hui pour ne pas perir demain

Bénin -
Il y a quelques mois, nous avons décrit comment notre pays, jadis admire et apprécie par la communauté internationale par le bond qualitatif que nous avons fait dans notre quête de démocratie et de développement, évoluait depuis quelques années vers ce qu’il convenait d’appeler une République bananière.
La foudre déclenchée du côté de la Marina par cet article n’a pas pu atteindre les organes de presse qui l’ont publié et qui ont ainsi pris le risque de subir la fatwa du Prince par sa “justice” interposée. C’est pourtant une République bananière que notre pays est devenu!

Il y a quelques jours, la très crédible Lettre du Continent a dépeint notre pays comme un Etat paranoïaque. Comme le dit l’adage bien de chez nous, « si tu te refuses les soins pour une maladie que tu caches, alors que tes proches en voient la manifestation et t’en parlent, c’est quelqu’un d’étranger à ta famille qui viendra te le dire avec les mots qu’il choisira ». C’est aujourd’hui le cas de notre pays et point n’est besoin de continuer avec l’hypocrisie ambiante et le silence qui ruinent dangereusement mais de façon certaine, le capital démocratique de notre pays. Le silence et le manque de réactions actuels sapent les bases de notre nation en devenir (car nous avons le droit légitime d’en construire une), et compromettent les chances de notre pays d’être au rendez-vous d’une Afrique qui émerge dans un monde de plus en plus impitoyable.

Nous indigner seulement ne suffira plus

Depuis Mars 2006 que les politiciens professionnels, faute de s’entendre, ont jeté notre peuple, encore inconscient de là ou se trouvent ses intérêts, dans les bras d’un groupe d’amateurs politiques, eux-mêmes introduits dans l’arène politique par de vieux politiciens qui ont toujours fait basculer le destin de notre pays et de son peuple du côte de leurs intérêts personnels et égoïstes, nous avons des difficultés pour envisager avec sérénité, l’avenir de notre pays.

Le peuple béninois, croyant avoir fait le choix du changement, s’est largement fourvoyé, se retrouvant nez-a-nez avec un système de prédation de ses libertés chèrement conquises, au moment où les acteurs de premier rang d’aujourd’hui étaient a mille lieues des défis que notre peuple, avec abnégation, a vaillamment relevé à la mémorable conférence des forces vives de la nation de Février 1990.

Depuis 2006 et de jour en jour, chaque semaine et chaque mois qui passe, nous livre les épisodes d’un feuilleton fait tantôt de scandales financiers et économiques qui ont plombé son épanouissement économique et social, tantôt de crises qui conduisent soit à la privation de liberté ou à l’exil force. C’est le fondement même de son choix de 2006 qui est aujourd’hui en cause. Et comme si la pauvreté imposée au peuple au travers d’une gouvernance scandaleuse ne suffit pas, nous assistons depuis 2011, à une radicalisation au sommet de l’Etat. Une dictature jamais égalée s’instaure dans notre pays avec en prime, la privation systématique des libertés dans le rang de ceux qui ont encore le courage d’exprimer leur opinion ou de dénoncer les dérives d’un régime en faillite politique, économique, éthique et morale.

Il y a longtemps que le Rubicon a été franchi pour un peuple qui dispose en son sein d’intellectuels de grande qualité et de personnes courageuses aussi bien a l’intérieur que dans la diaspora. Nous avons fini de nous indigner depuis que le régime incompétent a organise et fait consommer au peuple et au monde entier, la parodie d’élection en Mars 2011 avec la complicité de certaines institutions de la République afin de conserver le pouvoir pour poursuivre son oeuvre de désintégration du tissu économique, de démantèlement des valeurs d’unité, de fraternité et de justice sociale mises a mal des son avènement. On se souvient de certains propos sectaires tenus au plus haut sommet de l’Etat sur les citoyens de la région méridionale du pays toujours présentés (a tort ou a raison) comme des gens cupides qu’il suffit d’arroser de billets de banque ou de tenir par le ventre pour qu’ils se tranquillisent et coopèrent a la pérennisation d’un pouvoir personnel et à sens unique qui ne reconnaît que les siens. On se souvient également qu’à la veille de l’élection présidentielle de Mars 2011, des propos totalement inacceptables ont été tenus a Bassila par un ancien membre respectable du gouvernement d’alors, aujourd’hui député, conduisant une délégation composée uniquement de personnalités du septentrion. Cet ancien ministre que tout le monde connaissait pourtant pour sa modération avait pris sur lui la responsabilité de délivrer un message qu’il disait tenir du Chef de l’Etat sur le prétendu danger de la reprise du pouvoir par un candidat du sud du pays. Aucun responsable n’a démenti de tels propos qui ont circulé en boucle sur Internet (donc bien archivés) et qui portent pourtant atteinte à l’unité nationale. Encore plus frais dans la mémoire de tous les Béninois sont les propos tenus par le Chef de l’Etat lui-même le 2 Aout 2012 et devant des journalistes sur sa volonté de faire descendre les siens dans la rue pour affronter ceux qui l’empêchent de travailler.

Chers compatriotes, cela fait longtemps que nous avons fini de nous indigner. De tels propos, sauf dans une République bananière, ne sont-ils pas passibles de comparution devant la Haute cour de justice? C’est le choix que nous avons fait et personne n’est au dessus de la loi, Ce n’est qu’une question de temps.

La boulimie du pouvoir

Cette gestion calamiteuse des ressources et potentialités économiques et humaines de notre pays ainsi que les scandales à la chaîne qu’elle a générés ne sont rien d’autre que l’illustration de la boulimie du pouvoir qui s’est emparée du sommet de l’Etat. Aujourd’hui, il est clair, dans la forme de l’Etat que nous avons choisie que personne, quel que soit son rang social, ne peut échapper à la justice. Les déclarations intempestives et presque épisodiques du genre “je vais partir en 2016” ne peuvent tromper personne sur la volonté réelle de prendre notre pays et son peuple en otage dans la crainte de l’incertitude d’après règne. Dans les pays de démocratie où le nombre de mandats présidentiels est limité, personne ne chante qu’il va partir. Qu’on regarde un peu ce qui se passe dans les pays de l’Afrique Australe et de l’Est comme le Bostwana, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, la Zambie, la Namibie, pour se limiter à ceux-là, et l’on se rendra compte aisément que le pouvoir change de main, sans stress pour les populations et dans le respect strict des règles établies par la constitution.

Au regard de ce qui nous a été donné d’entendre et de vivre au cours de ces deux dernières années, la volonté de s’accrocher au pouvoir ne fait aucun doute. Que surtout personne ne se fasse d’illusion. Il faut se tenir prêt à mener le combat contre une telle imposture.

C’est en refusant de cautionner une telle aventure que le magnat béninois du coton est tombé en disgrâce et sa tête mise à prix. Je n’invente rien, dans la mesure où l’intéressé lui-même a apporté l’information avec force détails dans son interview de Novembre 2012 sur Radio France Internationale. Ce ne sont pas les “taisez vous et laissez la justice faire son travail” qui vont nous empêcher de saisir le ton, l’arôme et le sens de la vérité. C’est aussi cela qui, en partie, a couté à Maitre Lionel Agbo, sa condamnation à six mois de prison ferme, et la grâce accordée de façon spectaculaire par le locataire de la Marina doit être regardée comme la résultante d’une stratégie de ruse qui consiste à attirer son ennemi, l’embrasser pour mieux l’étreindre. Et Maitre Agbo n’est d’ailleurs pas dupe, lui qui a passé quelques années à observer le fonctionnement et les pratiques de ce pouvoir qui a plus de mille complots dans son sac. C’est la même volonté de s’accrocher que vient de révéler la Lettre du Continent dans son plus récent numéro.

L’instrumentalisation de la Justice à des fins personnelles

Cette boulimie du pouvoir se manifeste aussi et surtout par l’instrumentalisation de la justice pour satisfaire les besoins et les humeurs d’un seul homme. C’est ce qui explique la théâtralisation de la prétendue grâce accordée à Maitre Lionel Agbo, après qu’un Conseiller de la Marina eut même dit que ce dernier devait se tirer une balle dans la tête s’il n’était pas d’accord avec un système dans lequel il a eu partie liée dans un passé récent. Qu’il s’agisse du dossier de la prétendue tentative d’empoisonnement du Chef de l’Etat ou de la récente tentative de coup d’Etat, toute la presse nationale (pour ce qu’elle comporte encore de journalistes non stipendiés), la presse africaine et internationale, sont unanimes pour porter un regard douteux, voire même moqueur sur l’enchainement de ces événements dans un pays qu’ils ne reconnaissent plus. Notre justice, qui n’avait pas le temps de répondre diligemment aux besoins du justiciable lambda et entassait des dossiers sans lendemain, a subitement la main lourde, et sa célérité dans ces affaires donne l’impression d’être au service d’un homme, d’un système. Quand la justice, rempart essentiel contre l’abus des plus forts contre les plus faibles et garante des libertés publiques, prend de l’eau, que reste t-il à faire? En se comportant come elle le fait aujourd’hui, la justice de notre pays, normalement citadelle imprenable de la démocratie parce que jouissant d’une indépendance consacrée par la loi fondamentale, se présente comme le bras opérationnel et la complice d’une entreprise de démantèlement des fondements de notre démocratie et expose notre pays à la risée de la communauté internationale, elle qui a contribué à renforcer le secteur judiciaire pour servir, non de caution à la dictature naissante, mais plutôt pour jouer un rôle de pivot institutionnel de l’Etat de droit en construction dans notre pays.

L’épuration de l’administration publique se poursuit par un positionnement régionaliste aux postes stratégiques

L’actualité encore vivante du concours de recrutement d’agents au profit du Ministère des Finances et toutes les péripéties que ce dosser a connu depuis bientôt un an (préparation en force, refus d’impliquer les organisations syndicales, correction douteuse, substitution de noms, saisine du Médiateur de la République, obstruction des investigations entreprises par l’OLC, etc) administre la preuve éloquente qu’une entreprise d’épuration de la Fonction Publique est en cours depuis quelques années, pour installer dans des fonctions régaliennes de l’Etat (sécurité , régies financières) des personnes de certaines régions, dans le but, dit-on, de réparer une certaine injustice.

C’est un fait de l’histoire que l’école a été introduite au Benin par la mer, donc la partie méridionale, et c’est bien plus tard qu’elle est montée progressivement vers la partie septentrionale. Cela n’est la faute de personne. Mais c’est toujours par la même instruction qu’il faut rétablir l’équilibre de l’accès à l’éducation de qualité à tous les citoyens, quelle que soit la région. Personne n’a jamais interdit au gouvernement d’élaborer et de mettre en œuvre une politique cohérente et courageuse de motivation d’enseignants de qualité pour servir dans les zones jugées déshéritées de notre pays. En lieu et place, on a préféré des expédients du genre enseignants communautaires, une sorte de raccourci où les cousins, nièces et autres parents deviennent enseignants sans même avoir obtenu le Certificat de fin de l’enseignement primaire. Au cours des années 1960 et 1970, des efforts ont été faits par le gouvernement pour affecter des enseignants du sud vers le nord. Il y avait même une Ecole Normale à Parakou qui a formé des centaines d’enseignants pour tout le pays. On se souvient même que d’éminents inspecteurs ont servi en qualité d’inspecteurs d’académie au Nord. Ce n’est pas le lieu de les citer mais ils sont bien connus et de nombreux cadres du nord qu’ils ont contribué à former peuvent en témoigner. Continuer de procéder comme on le fait aujourd’hui, c’est tuer notre pays.

La création d’une commission nationale d’enquête confiée à ceux qui sont aujourd’hui les cerveaux et les concepteurs d’une politique de régionalisme devenue un complot contre les filles et fils de ce pays qui n’aspirent qu’à la paix, à l’équité et à la justice sociale, ne saurait tromper personne sur la détermination de ceux qui dirigent notre pays à continuer d’opérer tranquillement et même à officialiser les épurations qu’ils mettent en œuvre de façon insidieuse dans l’administration depuis quelques années et dont les effets se font déjà sentir.

Souvenez-vous de comment on a reversé dans la Fonction Publique, des milliers d’occasionnels ou de contractuels dont on a découvert, quelques mois après leur engagement, que certains n’avaient même pas le diplôme requis pour servir dans l’administration. Tout récemment encore, c’est des centaines de faux diplômes qui ont été décelés dont la plupart sont déjà fonctionnaires, alors que leurs diplômes ne datent que de 2010. La quasi-totalité de ces faussaires sont originaires de la partie septentrionale de notre pays, et ont opéré leur forfait au Niger voisin. Mais l’obligation de compte rendu chantée à longueur de discours n’a jamais permis au gouvernement d’informer le peuple des tenants et des aboutissants de ces dossiers. Vous comprendrez aisément pourquoi. C’est la même logique qui veut que ce soit seulement les collaborateurs du Président, originaires de la partie méridionale du pays qui sont des corrompus et sont livrés a la vindicte populaire et à la Haute Cour de Justice. Dans quel pays ce ne sont que des ressortissants d’une seule région qui sont des corrompus?

C’est une absurdité

Tenez! Toutes les affaires où des compatriotes du septentrion sont cités ou impliqués, ne connaissent jamais une suite judiciaire. Peut-on nous informer aujourd’hui de la suite de l’affaire de corruption dans laquelle l’ancien Secrétaire Général de la Présidence et l’ancien Directeur Adjoint de Cabinet du Ministère des Affaires Maritimes ont été Limogés? Quid du dossier de l’ancien Directeur General de l’ORTB dont on a dit qu’il aurait causé des manque-à-gagner pour l’Etat? Suivez bien et vous ne verrez rien!

Le silence observé du côté des plus hautes autorités de notre pays dans le feuilleton du dernier concours de recrutement au profit du MEF, malgré tous les appels et les interpellations (articles, lettre ouverte, etc) est lourd de sens et confirme qu’un plan savamment orchestré depuis des années est en cours d’exécution. Nous en apprécierons les résultats!

Les signes évidents d’une autocratie

Qu’on ne s’y trompe pas. L’instrumentalisation actuelle des institutions de contre pouvoir comme l’Assemblée Nationale pour conduire des anciens ministres devant la Haute Cour de Justice ne doit rien à la volonté du Chef de l’Etat de promouvoir une bonne gouvernance. Et comme certains députés qui connaissent bien la maison FCBE l’ont indiqué au cours des débats précédant la mise en accusation de certains anciens ministres, la plupart des faits dont on accuse ces anciens ministres sont à rechercher dans l’environnement immédiat sinon au cœur même du système actuel de gouvernance. L’ancienne opposition majoritaire n’avait-elle pas déclenché la colère du Président en projetant sa mise en accusation pour qu’il aille répondre du dossier ICC Services devant la Haute Cour de Justice? On connait la suite et c’est le KO de Mars 2011 qui a permis au Chef de l’Etat de s’en sortir pour cinq ans encore. Et comme le temps n’est pas une donnée infinie, le système qui le défend et lui-même sont aux abois, et le laboratoire pour créer les conditions de son maintien au pouvoir au-delà de 2016 fonctionne de jour comme de nuit…

Ainsi donc, toutes les arrestations actuellement en cours ont pour toile de fond, la volonté de s’accrocher au pouvoir, quel que soit le scenario qui s’offrira en 2016. La légèreté des complots prétendument déjoués au cours de ces derniers mois ne résiste même pas à l’analyse d’un élève de la classe de 6e de nos collèges. En outre, certains faits et gestes, montrent également comment notre pays est géré, tant ces complots manquent d’inspiration dans leur ensemble. Notre pays est connu pour la qualité de ses hommes y compris ses opérateurs économiques créateurs de richesses et d’emplois, et des hommes en uniforme qui font la fierté de notre pays et qui ont fait le serment de demeurer une armée républicaine. Et de se livrer à ces jeux d’enfants, vite avoués tels qu’on nous les a présentés, est insultant pour l’intelligence des Béninois. Seul un régime en faillite et en manque de perspectives et de vision pour conduire les Béninois vers le bien-être économique et social, peut tomber dans cette imagination stérile.

Nous avons mal dans notre chair et dans nos âmes

Citoyens de notre pays comme ceux vivant a l’extérieur, nous souffrons des dérives et des inepties d’une autocratie qui ternit l’image de notre pays en même temps qu’il crée les conditions d’exacerbation de la pauvreté. Pour avoir déclaré à la veille de l’élection présidentielle de Mars 2011 qu’ “un dictateur est en train d’émerger dans notre pays. Mais nous allons l’abattre”, un ancien ministre doit maintenant répondre des faits qu’on lui reprocherait depuis sa gestion sous le General Mathieu Kérékou et dont la qualification prête depuis des mois, à diverses interprétations. C’est ce que notre pays est devenu. Que tout le monde se taise et que notre pays devienne le champ d’expérimentation des pouvoirs qui s’éternisent comme dans certains pays sur le continent, et dont nous affectionnons et décorons les dirigeants. Mais nous ne pouvons accepter dans la passivité qu’on conduise notre démocratie à l’abattoir.

La complicité de la presse nationale et de nos anciens.

Très tôt attirés par l’appât du gain facile que le pouvoir a tendu à la presse à travers des contrats pour l’embastiller, certains organes n’ont pu, jusqu’à ce jour, sortir de ce carcan fait de pitance ou de prébendes qui ne compenseront jamais leur honneur et la dignité mis à mal par un régime qui est prêt pour la balkanisation de notre pays. Des agents de renseignements transformés en journalistes pendant la journée écrivent des articles que génère leur étroite imagination pour publication dans les journaux stipendiés. Ainsi, l’un d’entre eux, nourri à la sève du régionalisme ambiant, nous a récemment servi dans l’affaire de tentative de coup d’Etat, une analyse insipide dont il a le secret et détient le monopole. Le révélateur du KO de Mars 2011 est ainsi dans son œuvre, lui qui sait bien que si on était dans un pays normal, il est juste bon pour être un agent de liaison.

Il est juste de rendre un hommage appuyé à ceux de la presse qui ont encore le courage de faire des analyses qui reflètent la réalité que les Béninois vivent au quotidien dans la douleur et la perplexité. Le jour viendra où leurs efforts seront récompensés puisque la vérité triomphe toujours.

Résister dès maintenant nous sauvera du désastre en 2016

Les dirigeants qui sont installés à la tête de notre pays n’entendent pas le discours, encore moins les complaintes de différents groupes sociaux qui expérimentent leurs inquiétudes. Les nombreux appels au dialogue national qui sont restés lettre morte sont l’illustration parfaite de leur volonté de foncer droit vers leur but, mettre le pays et le peuple à genoux par l’intimidation, la terreur, la prédation des libertés, les arrestations tous azimuts sur fond de dossiers imaginaires. Aujourd’hui, des hommes et des femmes de notre pays, y compris la jeunesse, ceux pour qui la chose politique était un tabou, commencent à se sentir concernés par la situation sociopolitique de notre pays. Cela représente un début d’espoir, mais ce n’est pas suffisant. Au-delà des articles et des discours, nous devons nous organiser sur une base légale et pacifique, pour résister à la machine de répression qui se met en place sous nos yeux, comme les chars de quelques jours de Mars 2011 positionnés dans les rues de la Capitale politique de notre pour faire subir le KO aux populations révoltées. Un peuple qui ne prend pas son destin en main, périt inexorablement devant les dictateurs qui, eux, sont dans la logique implacable de conservation et d’abus du pouvoir.

Qu’il s’agisse des organisations syndicales, des groupes de la société civile et des fronts qui se débattent toujours contre l’arbitraire, c’est le moment de fédérer nos énergies et nos efforts, donnant la main aux compatriotes de la diaspora pour dire non a l’imposture. Des actions individuelles du genre de la lettre ouverte adressée par Madame Célestine Zannou de la Dynamique du Changement au Chef de l’Etat, avec ampliations à diverses institutions du monde, sont à saluer. Quel courage! De même, les prises de position du Front d’Action pour la sauvegarde des Acquis Démocratiques dirigés par le Professeur Antoine Robert Détchénou méritent d’être encouragées. Les prises de position du PCB ainsi que d’autres organisations qu’il serait fastidieux de citer ici, doivent se poursuivre et se renforcer pour offrir à notre peuple, autre chose que le chaos qui l’attend et dont les ingrédients mijotent visiblement sur le feu.

Nous avons le devoir de résister et de dire non à l’arbitraire et à la balkanisation de notre pays, au travers d’une idéologie savamment distillée dans l’administration de notre pays et qui fait le lit de la médiocrité déjà palpable au détriment de la méritocratie. Dans tous les pays du monde qui ont pu tirer leur épingle du jeu, c’est la qualité des hommes qui participent à la prise des décisions qui fait la différence et crée la valeur ajoutée. Le nivellement par le bas, politique imaginée par certains de nos compatriotes, y compris nos dirigeants actuels, pour asseoir leur hégémonie sur le pays et continuer avec la médiocrité, l’impunité, la corruption, le népotisme (les preuves sont là), le clientélisme afin d’asseoir un pouvoir personnel, ne peut pas faire fortune dans un pays connu pour la qualité de ses hommes, et c’est cela que nous devons dénoncer et rejeter avec force et vigueur.

Nous en avons les ressources intellectuelles si nous nous organisons bien en évitant le piège de la violence et tournons le dos aux avantages qu’on nous miroite dans nos positions et qui ne sont que l’expression de la manipulation des filles et fils d’une région contre ceux d’une autre, pour en tirer partie.

Nos anciens doivent s’impliquer

A nos hommes politiques qui ont occupé de hautes fonctions de responsabilité dans notre pays (Présidents de la République et Présidents de l’Assemblée Nationale), leaders vous avez été leaders et vous le serez toujours. C’est pourquoi, la limitation d’âge pour l’accession à la fonction présidentielle et son exercice, ne doit pas constituer un frein à leur implication dans le combat qui est celui du peuple aujourd’hui. Un ancien Président porte les voix de centaines de milliers de Béninois sans voix, comme un ancien Président du Parlement est toujours auréolé de la légitimité que confère la Représentation nationale aux yeux de ses concitoyens. Vos actions cordonnées, malgré vos divergences politiques, pour aider le peuple Béninois à repousser l’avancée de la terreur et de l’autocratie, sera déterminant et restera dans les annales de notre histoire.

Aujourd’hui, de nombreux Béninois vivant a l’extérieur refusent même de rentrer au pays, ne serait-ce que pour y passer des moments de retrouvailles avec leur famille, non pas qu’ils ont commis un acte répréhensible, mais personne ne sait quand il a participé à un complot, tant la machine à fabriquer des complots est en marche. Et tous ceux qui portent le même patronyme que les accusés sont exposés au risque de perquisition et aux abus de tous genres. Depuis que Urbain Pierre Dagnivo a disparu et que la justice béninoise n’a pu situer ni sa famille, ni ses amis professionnels, ni le peuple sur les tenants et les aboutissants de cette disparition dans un pays où le Chef de l’Etat a prêté serment de nous protéger tous, la peur s’est installée et c’est tout le monde qui en a pris pour son grade. C’est cela la vérité!

Coffi Adandozan
Economiste-Planificateur
Lille, France