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UAC : l'ère des Volontaires

Bénin - CHRONIQUE - Mozaique
par Jérôme Carlos

Bravo, Monsieur le Recteur. Bravo de sortir des sentiers battus, de secouer le cocotier, de prendre des décisions audacieuses et innovantes. C'est, en substance, ce que nous aurions dit à Brice Sinsin, le Recteur de l'Université d'Abomey-Calavi (UAC). Il vient, en effet, de prendre la belle initiative de créer le Service des Volontaires de l'UAC.
De quoi s'agit-il ? 400 à 500 jeunes gens et jeunes filles, en fin de licence, iront faire leurs toutes premières armes professionnelles, ici et là, partout où besoin sera, selon l'expression consacrée. C'est une manière de les jeter à l'eau. C'est une façon de les familiariser avec le monde du travail. C'est le moyen de les aguerrir avant leur insertion dans la vie active. L'université les accompagne, dans cette aventure, avec une allocation mensuelle de 40 000 francs CFA.

Nous voulons retenir, pour l'appuyer et la soutenir, l'idée de service. Car il s'agit, d'amener, de bonne heure, nos jeunes compatriotes à faire l'expérience de leur utilité sociale, à partir de ce qu'ils savent, de ce qu'ils savent faire. Il s'agit, en d'autres termes, de leur apprendre à donner pour espérer recevoir. Le service offert par l'étudiant en mission, dans l'esprit du projet, ne se cherche pas une contrepartie salariale. Prévalent le plaisir de travailler, la volonté de se rendre utile, la curiosité de découvrir l'univers du travail.

Nous retenons, par ailleurs, que cela nous change de la formule traditionnelle des stages en entreprise. Ceux-ci ni n'outillent assez nos étudiants ni ne les préparent assez à la vie active. Il n'y a rien à attendre des météores qui traversent le ciel. Pierre qui roule, à en croire le proverbe, n'amasse pas mousse. En termes d'avantages comparatifs, le service des Volontaires de l'UAC constitue une alternative sérieuse aux stages traditionnels. Avec, à la clé, une meilleure offre pour approfondir et opérationnaliser les connaissances. C'est l'école de la vie avant la lettre. Mais, pour être totalement concluante, l'expérience est à assortir de trois précautions majeures.

Première précaution : il faut s'interdire de laisser le Volontaire de l'UAC aller vers une structure d'accueil comme un chien perdu sans collier. Tout devrait être bien ficeler au départ, dans le cadre d'un partenariat entre l'Université, responsable du cursus scolaire de l'étudiant et la structure qui accueille ce dernier. C'est d'une collaboration Université/entreprise qu'il s'agit. Nous nous inscrivons en faux contre l'idée selon laquelle et nous citons Monsieur le Recteur "Les comptables peuvent convaincre les bonnes femmes du grand marché de Dantokpa pour leur tenir leur comptabilité entièrement à la charge de l'UAC" (Fin de citation) A cette allure-là, les Volontaires risquent d'évoluer sans tutelle et sans direction précises. Ils risquent tout autant d'aller se perdre dans la forêt dense de l'informel. Ce n'est certainement pas l'intention des initiateurs de cette belle expérience.

Deuxième précaution : les Volontaires de l'UAC, d'accord parties avec l'Université qui les envoie et une structure d'accueil qui les reçoit, doivent être pourvu d'une lettre de mission. En fonction de la nature et du statut de l'entreprise d'accueil, une telle lettre identifiera les objectifs à atteindre. Les Volontaires gagneront à travailler dans des cadres formels déterminés, selon des modalités précises, plutôt que d'être à la remorque des aléas du temps et de l'espace. Une pente glissante non maîtrisée peut contribuer à déformer le Volontaire plutôt que de l'aider à se former. Ainsi vue et ainsi comprise, la lettre de mission est une boussole. Elle guide et oriente le Volontaire de l'UAC tout le long de son expérience.

Troisième précaution : les Volontaires de l'UAC doivent être soumis à évaluation au terme de leur mission. Une double évaluation : celle de la structure d'accueil et celle de l'Université. Une seule et unique base : les résultats enregistrés par le Volontaire au cours de sa mission. Des formes de tutorat pourraient être développées. Comme cela se fait ailleurs, l'opportunité serait offerte aux structures qui le souhaiteraient, de prendre en charge, tout ou partie des frais d'études de ceux des volontaires, talentueux et doués, qui auraient retenu leur attention. Comme on le voit, les idées sont à l'image des semences. Le jardinier, ici, c'est le Recteur Brice Sinsin. Gardons les yeux rivés sur l'université d'Abomey-Calavi, son jardin. Et les fruits passeront la promesse des fleurs.