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La lutte contre l'excision rencontre des résistances en Guinée-Bissau

CHRONIQUE - Santé, sexualité
BISSAU, 24 août (AFP)- La lutte contre l'excision engagée depuis peu par "Sining Mira Nassiquê" (ONG bissau-guinéenne) et dénommée "l'excision alternative" se heurte au poids des habitudes et à l'opposition des "gardiens de la religion" musulmane en Guinée-Bissau.


Dans un camp d'un quartier à la lisière de Bissau, près de deux cents jeunes filles non excisées, âgées de 9 à 13 ans y sont regroupées dans le "but de (recevoir) une formation en puériculture et lutter ainsi contre l'excision", souligne Maria Agusta Baldé, coordinatrice de Sining Mira Nassiquê (homme rétrograde, pense au futur, en mandingue, une langue locale).

Au camp, "nous n'excisons pas, nous éduquons (les filles) selon les règles de la tradition (qui) consistent à franchir les étapes qui forgent une future épouse, douce et obéissante, mais en la sauvant de l'ablation d'une partie de son organe génital", explique Mme Baldé.

Les jeunes recrutées reçoivent notamment "une formation de base, en coupe et couture, cuisine, gestion de ménage et une sensibilisation sur le sida", ajoute-t-elle.

Une vingtaine d'exciseuses traditionnelles, des matrones et des assistantes sociales travaillent côte à côte dans un élan de partage d'expérience.

De leur côté, les filles sont habillées comme de vraies excisées en pays mandingue, notamment un pagne teint à l'indigo autour de la taille, un autre relevé jusqu'au buste, plusieurs rangées de perles multicolores autour du cou.

"Nous voulons garder de la tradition ses côtés positifs et rejeter ce qu'elle présente de négatif (à savoir) abolir la pratique de l'excision dans notre pays. C'est un travail difficile, mais nous allons nous y atteler", explique Mme Baldé.

L'ONG a même engagé vingt anciennes exciseuses qui reçoivent une formation au même titre que les jeunes initiées et un salaire mensuel de 40.000 FCFA (moins de 61 euros).

"Nous nous servons de ces exciseuses pour enseigner aux jeunes filles les règles traditionnelles d'une cérémonie d'excision", indique Mama Danso, responsable du camp. Deux infirmières sont associées à l'opération.

Selon les organisatrices, l'expérience de Sining Mira Nassiquê a déjà été testée avec succès au Burkina Faso et en Guinée.

Cette opération se déroule en Guinée-Bissau en partenariat avec le Programme mondial pour l'alimentation (PAM), le Service mondial pour la paix (WPD, une ONG américaine), Save the Children et la Fondation Gulbenkian (Portugal).

Ces structures y ont apporté de la logistique, notamment des médicaments, des denrées alimentaires. Un financement a même été octroyé aux organisatrices dont le montant n'a pas été révélé, a appris l'AFP.

Mais à Bissau, cette initiative soulève des débats très houleux dans certains quartiers musulmans. Des Imams ont déclaré à l'AFP, que l'excision est une pratique de l'Islam.

"Nous n'écouterons pas les conseils des gens qui tentent de dénigrer notre vie intime", estime Adja Fatou Sanha, à la tête d'un groupe de femmes très attachées à la tradition et remontées contre "l'excision alternative".

Depuis le début des vacances scolaires, ces femmes ont déjà excisé trois cents jeunes filles et les ont regroupées à moins de deux mètres du camp de Sining Mira Nassiquê. Cette cérémonie d'excision durera quatre mois, affirme Mme Sanha.