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L'UFC sur la corde raide

Religion

Au Togo, le RPT est le parti au pouvoir voire le parti du pouvoir étant entendu que le Président Eyadema est arrivé au pouvoir avant de le créer. A ce titre, le RPT a d’énormes possibilités de mobilisation puisque ce parti dispose des moyens de l’Etat pour faire ses démonstrations de force.
En revanche, l’ UFC est, de toute évidence, le parti le plus populaire. Celui qui, spontanément, soulève les foules sans utiliser de grands moyens.

La dernière campagne électorale est la parfaite illustration de cette réalité. Le « Détimania » que nous avions dénoncé est un phénomène qui a échappé à tout contrôle et qui ne procède pas d’une quelconque stratégie. C’est pourquoi il a faillit aboutir à des dérives les plus dangereuses et les plus regrettables.

Malheureusement, ce parti traîne un certain handicap qui en l’absence de son leader, M. Gilchrist Olympio, du terrain. L’UFC n’est pas un parti comme les autres puisqu’elle tire sa sève vivifiante de l’histoire tumultueuse de notre pays et singulièrement de l’assassinat du premier Président de la République Togolaise, feu Sylvanus Olympio. La simple évocation du nom Olympio et du slogan Ablodé suffit pour déchaîner des passions. Il s’agit d’une situation inédite qu’on ne retrouve nulle part en Afrique.

Le drame c’est que tout se passe comme si les dirigeants de ce parti, conscients de cet avantage, ont délibérément choisi de ne rien faire pour sortir le pays de l’ornière.

En 1998, les Togolais ont massivement voté pour M. Gilchrist Olympio. Celui-ci n’a pas prévu l’après-élection. Eyadema qui a été pris au dépourvu a eu le temps de se ressaisir et de parer au plus pressé avec le résultat que l’ont sait.

Cinq ans plus tard, il a verrouillé le processus électoral pour empêcher la réitération de l’ expérience de 1998.

Face à cette stratégie de victoire programmée, M. Gilchrist Olympio, partisan du moindre effort, n’a pas trouvé la parade. Il a, cependant, fait au cours d’un meeting à Lomé des promesses, menacé et suscité de vaines espérances. Au tout dernier moment, il a sorti de son chapeau la candidature de M. Akitani-Bob pour faire diversion comme un magicien qui a épuisé toutes ses recettes.

Et ce qui devrait arriver, arriva. Il y a bel et bien eu élection, Eyadema qui a tout prévu et qui avait la situation sous contrôle, n’a pas eu du mal à se maintenir. Tout ce que Gilchrist a pu dire, c’est la formation d’un hypothétique gouvernement dont personne n’a plus entendu parler.

Au jour d’aujourd’hui, le tableau n’est pas très reluisant pour l’UFC pris entre le marteau et l’enclume.

D’un côté, les responsables de ce parti, au risque d’être définitivement discrédités, ont l’obligation morale de tenir les promesses qu’ils ont faites au peuple en déclarant qu’ils ne tolèreront plus que leur victoire leur soit volée une seconde fois.

De l’autre, il y a les pressions du pouvoir qui ne leur laisse pas le temps de souffler.

A preuve, Jean-Pierre Fabre et Lawson Patrick, les deux figures de proie de ce parti sont inculpés et sont sous contrôle judiciaire. La plupart des responsables de la Jeunesse sont sous les verrous et poursuivis pour des chefs d’accusation les plus graves.

Il reste le vieux Akitani-Bob dont la marge de manœuvre est assez réduite et qui se contente des communiqués de presse qui annoncent des mobilisations populaires auxquelles les Togolais ne croient plus trop.

Dans un tout autre registre, les relations de l’UFC avec les autres partis de l’opposition ne sont pas au beau fixe, l’UFC ayant poussé l’outrecuidance jusqu’à leur infliger, pendant la campagne électorale, des humiliations publiques.

Il est donc évident que l’UFC est sur la corde raide. Tenue de respecter ses promesses électorales, et face à la machine répressive du pouvoir, l’UFC ne peut compter que sur ses propres forces.

Et compte tenu des difficultés ambiantes auxquelles les Togolais sont quotidiennement confrontées, la période de grâce ne saurait durer plus longtemps.

Ceci, pour dire que quel que soit le soutien populaire dont jouit un parti politique, il lui faut s’organiser et s’appuyer sur des partenaires pour atteindre ses finalités.

L’UFC a toujours refusé de comprendre qu’aucun parti politique pris isolément ne peut venir à bout du régime Eyadema.

Maintenant qu’ils se trouvent sur la corde raide, les dirigeants de ce parti, M. Gilchrist Olympio en tête, doivent se faire une raison et repenser une nouvelle stratégie de lutte, celle du réalisme et de l’efficacité.

Rodrigue.