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Compaoré forme des déserteurs de l’armée togolaise à Pô

Compaoré forme des déserteurs de l’armée togolaise à Pô •Eyadéma crée une force spéciale de sécurité (L'Inter -- Mercredi le 25 Juin, 2003)

-- JMK AHOUSSOU --

Entre le président togolais, le général Gnassingbé Eyadéma, et son homologue burkinabé, le capitaine Blaise Compaoré, le courant passe très mal en ce moment, pour ne pas dire que leurs relations sont maintenant dans la zone rouge. A la base de cette friction, l’accusation que le “doyen” des chefs d’Etat de l’Afrique de l’Ouest porte contre son “cadet” burkinabé, d’accueillir, d’entretenir et de former au célèbre Centre National d’Entraînement Commando (CNEC) de Pô, des déserteurs des Forces Armées Togolaises (FAT). Tout commence avec l’élection de John Kufuor à la Présidence de la République du Ghana en 2001. Aux lendemains de cette élection, le nouvel homme fort du Ghana décide de normaliser les relations entre Lomé et Accra, contrairement à son prédécesseur, le capitaine Jerry John Rawlings. La première personnalité à avoir payé le prix de cette normalisation n’est autre que M. Gilchrist Olympio, homme d’affaires, fils du président assassiné Sylvanus Olympio et opposant historique au régime du général Gnassingbé Eyadéma. Le président Kufuor demande à l’opposant togolais de mettre un bémol à ses activités de déstabilisation contre le pouvoir en place à Lomé, du moins pendant le temps que durera son mandat à la tête du Ghana. Face à cette mise en garde ferme du nouveau pouvoir, l’opposant Gilchrist Olympio “ferme” momentanément son Quartier Général d’Accra, pour se replier sur Londres, la capitale anglaise. Après l’opposant historique au président Eyadéma, ce sera au tour des soldats déserteurs des Forces Armées Togolaises, qui avaient rejoint Gilchrist Olympio dans son “exil” ghanéen, d’être priés d’aller se faire voir ailleurs. C’est à ce moment qu’intervient le chef de l’Etat burkinabé qui “invite” les déserteurs des FAT à venir établir leur nouveau Q.G. à Ouagadougou. Mieux, c’est le centre d’entraînement de l’unité de Pô qui les accueille pour leurs “mises à jour militaires”. Tout cela serait passé sous silence, si une nuit du jeudi 19 septembre 2002, un groupe de déserteurs des Forces Armées Nationales de Côte d’Ivoire (FANCI), qui avaient eux aussi bénéficié de “l’hospitalité” du président Blaise Compaoré, n’avaient pas tenté de déstabiliser le régime du président Laurent Gbagbo, et couper en deux le territoire ivoirien. Du coup, le président Gnassingbé Eyadéma découvre qu’il n’est lui aussi pas à l’abri d’un “sale coup” de la part de son “cadet” burkinabé à la réputation de déstabilisateur déjà fort bien établie. Le chef de l’Etat togolais demande alors à son homologue burkinabé des comptes sur cette affaire de déserteurs des FAT en formation à Pô, ce que le président Compaoré refuse de faire. Les relations entre les deux chefs d’Etat s’enveniment. Le président Eyadéma suspecte son homologue Blaise Compaoré de vouloir le déstabiliser, comme il l’a fait avec le chef de l’Etat ivoirien Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, le courant passe très mal entre les deux hommes d’Etat. Et plusieurs faits le prouvent. D’abord, le “refus” du président Compaoré d’assister à Lomé, le mois dernier et à quelques jours de la présidentielle, à l’exposition organisée en l’honneur du défunt président sénégalais, Léopold Sédar Senghor. Seuls les présidents Laurent Gbagbo de Côte d’Ivoire, Abdoulaye Wade du Sénégal, Mathieu Kérékou du Bénin et Mamadou Tandja du Niger, ont répondu présents à cette exposition. Ce qui a d’ailleurs permis d’organiser un sommet “extraordinaire” du Conseil de l’Entente dans la capitale togolaise. Ensuite, la constitution par le président Eyadéma d’une force de “7000” gendarmes et policiers devant “sécuriser” le processus électoral. A l’épreuve aujourd’hui des faits, cette force a finalement été constituée par le “doyen” Eyadéma parce que pour lui, il y a péril en la demeure. Le refus du président Blaise Compaoré de venir à Lomé a davantage renforcé le régime Eyadéma dans sa conviction que le danger ne peut désormais provenir que de Ouagadougou. Et donc en fait de “forces” pour sécuriser les élections, c’est une “garde prétorienne” que le chef de l’Etat togolais s’est offerte pour éviter le schéma ivoirien.