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De bien étranges 'observateurs' aux élections togolaises

PANA - Parmi les 187 observateurs étrangers officiellement enregistrés pour superviser l'élection présidentielle togolaise du 1er juin dernier, figurent pas moins de cinquante-cinq éléments dépêchés par le Réseau international pour la surveillance des élections en Afrique (Risela). Il s'agit d'une structure quasi inconnue du public et des médias, et dont la naissance semble à tout le moins avoir été suscitée par les autorités togolaises qui l'entourent de mille et une attentions.

La sollicitude de Lomé 2 (la résidence du chef de l'Etat togolais) est palpable à l'endroit du Risela, dirigé par le Sénégalais Falilou Kane, ancien secrétaire général de l'Organisation commune africaine et malgache (Ocam), qui semble pratiquement avoir élu domicile dans la capitale togolaise depuis quelque temps. A preuve, le premier et unique séminaire de formation organisé à ce jour par le Risela, en mars dernier à Lomé, aurait coût é la bagatelle de 300 millions de francs à l'Etat togolais, selon des sources absolument dignes de foi, émanant de l'entourage immédiat du président Gnassingbé Eydadéma. On est apparemment offusqué dans ce milieu des privilèges royaux accordés à M. Kane et à ses amis, parmi lesquels un conseiller très spécial du chef de l'Etat sénégalais, bien connu des Togolais pour ses descentes régulières dans la capitale, et Yéro Condé, un citoyen guinéen qui a fait de la supervision d'élections au Togo son principal fonds de commerce.

Cette structure qui revendique des sections dans six pays (Togo, Burkina, Guinée, Côte d'Ivoire, Niger et Sénégal), a joué, de toute évidence, un rôle pilote aussi bien dans la venue de nombreux autres «observateurs» en provenance des Etats-Unis, d'Europe et du Canada, que dans l'organisation pratique de l'opération. Présents dans la capitale togolaise depuis plusieurs semaines et logés précisément à l'hôtel du 2-Février, les «observateurs» du Risela se sont distingués par un comportement et des attitudes qui en disent long sur leur qualité, voire leurs compétences plus que douteuses en ce qui concerne une mission pour laquelle ils semblent n'avoir aucune disposition particulière. Ceux que certains titres de la presse locale qualifient volontiers de «touristes électoraux» ont été apparemment plus soucieux de hanter en permanence le bar et le hall de l'hôtel, ou de se mettre en évidence devant les caméras de la télévision au moindre passage du président Eyadéma, que d'aller faire le tour des bureaux de vot e sous un soleil de plomb, dans des quartiers poussiéreux. Aussi s'étonnera-t-on de l'aplomb avec lequel un des deux «observateurs» français, qui encadraient Falilou Kane sur le petit écran, lors d'une nuit électorale qui n'en était vraiment pas une, a affirmé qu'il avait, à lui tout seul, fait... 144 bureaux de vote, arrachant sans doute l'admiration de son compagnon qui, en toute modestie, n'en revendiquait qu'une petite centaine. Cette énormité sera d'ailleurs relevée par l'eurodéputé Fodé Sylla, dont le séjour togolais a été diversement interprété en France et qui a soutenu n'avoir visité que seulement six bureaux. Selon lui, «c'est le maximum que l'on puisse faire si l'on veut bien faire son travail». L'ancien président de l'organisation antiraciste française Sos- Racisme, qui s'est publiquement défendu d'avoir été acheté par le régime togolais, omettra cependant un détail important : il aura fallu toute la perspicacité d'un photographe français pour l'amener à suivre (pendant quelques minutes) un dépou illement dans un bureau de vote situé dans le quartier populaire de Nyokonapoué, à Lomé.

On a aussi noté le retour discret de l'Association des juristes africains (Aja) qui, avec six observateurs conduits par un juriste libyen, semble être revenue en grâce après apparemment une période de brouille avec le pouvoir togolais, dont il a fait office de conseiller juridique pendant plusieurs années. A en juger par leur teint plus que bronzé, beaucoup d'«observateurs indépendants» européens et canadiens, exhibés sans relâche par la télévision nationale, ont dû avoir passé plus de temps au bord de la piscine de leur hôtel qu'à faire autre chose. Cependant, tous les 187 observateurs qui ont supervisé l'élection présidentielle togolaise ne sont pas venus faire du tourisme ou vaquer à une quelconque occupation n'ayant rien à voir avec ce pour quoi ils ont été commis. L'Union africaine (Ua), l'Organisation internationale de la Francophonie (Oif) et la Cedeao, notamment, ont dépêché des observateurs de qualité, dont de nombreux juristes, qui ont fait un travail remarquable, estiment les observateurs.

Par : Moriba MAGASSOUBA