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Cancer et taille des seins: Un lien à confirmer

CHRONIQUE - Santé, sexualité
Une poitrine plus large serait génétiquement associée à un plus grand risque de cancer mammaire, suggère une étude. Un résultat à prendre avec précaution, selon des experts en oncologie.
 Génétique et cancer du sein, l'association n'est pas nouvelle. Depuis la découverte de gènes de prédisposition (BRCA1 et BRCA2) à la fin des années 1990, les femmes ayant des antécédents familiaux sont d'ailleurs invitées à se faire dépister afin de bénéficier d'un suivi médical spécifique. De nouvelles pistes génétiques sont actuellement explorées, et parmi elles les gènes déterminant la taille des seins. Une étude américaine parue le 30 juin dans la revue BMC Medical Genetics a en effet trouvé un lien entre le volume mammaire et le risque de cancer du sein.
L'étude a été conduite par le Dr Nicholas Eriksson et son équipe de la start-up californienne 23andMe, qui commercialise en ligne des tests d'ADN destinés aux particuliers. À partir d'un échantillon de salive, la société propose une analyse détaillée du génome en détectant les marqueurs génétiques associés à de nombreuses maladies (118 sont listées sur le site pour le moment) et même certaines caractéristiques physiologiques comme la perception du goût amer ou la tolérance à la caféine. S'ils le souhaitent, les clients peuvent aussi autoriser l'utilisation de leurs données génétiques à des fins de recherche (menée par les chercheurs de la compagnie), comme l'ont fait les 16.175 femmes de cette étude.

Des gènes en commun

Les participantes ont indiqué dans un questionnaire en ligne leur taille de bonnet de soutien-gorge et leur tour de buste (mesuré juste sous la poitrine). L'âge, les éventuelles grossesses passées, le fait d'avoir allaité ou subi une opération mammaire ont également été pris en compte pour évaluer leur exposition aux œstrogènes, des taux élevés de ces hormones constituant un facteur de risque du cancer du sein. Les chercheurs ont ensuite comparé ces informations avec l'ADN provenant de l'échantillon de salive de chaque volontaire. Parmi 7 marqueurs génétiques (des variations situées ici à des endroits très précis de l'ADN) liés à la taille des seins, ils ont découvert que deux d'entre eux étaient aussi impliqués dans le cancer du sein. Par ailleurs, ils ont observé qu'un autre de ces marqueurs était situé près d'un gène régulant les œstrogènes. Selon les scientifiques, la taille des seins jouerait un rôle dans le cancer mammaire.
Pourtant, cette relation reste floue. Pour le Dr Olivier Caron, oncogénéticien à l'Institut Gustave Roussy à Villejuif, il n'y a rien à retirer des études d'associations pangénomiques, qui analysent des millions de gènes répartis dans tout le génome. Il est certes cohérent d'imaginer que des seins plus gros contiennent plus de cellules, chacune d'elles pouvant muter et favoriser le développement d'une tumeur, explique le Dr Caron. Mais il ne faut pas oublier que "le volume des seins change au cours de la vie, selon le poids et les variations hormonales", souligne-t-il.
Selon lui, il faut également prendre en compte le fait que les chercheurs de 23andMe aient pu réaliser cette étude pour légitimer leur activité, avant tout commerciale, en parant leurs tests d'une utilité médicale.

La densité des seins plus importante

Enfin, il faudrait savoir à quel point ce critère génétique augmente le risque de développer un cancer: "Une élévation de seulement 1% aurait peu d'impact sur la santé publique. On ne pourrait pas en faire grand-chose en matière de dépistage", explique l'oncogénéticien.
Ces résultats sont donc à interpréter avec précaution, il serait même dangereux de "laisser penser à une femme qu'elle peut se dispenser de faire une mammographie de dépistage parce qu'elle a des petits seins", prévient le Dr Caron. En revanche, il ne faut pas confondre le volume mammaire avec la densité des seins (la quantité des différents tissus). Déterminée par mammographie, une densité mammaire élevée est en effet clairement associée à un risque accru de cancer du sein. Classée en quatre types, elle contribue d'ailleurs à «mieux stratifier le risque», indique le Dr Caron, permettant d'améliorer le suivi et le traitement de la maladie. FIN
Auteur: Romy Raffin

Proposé par Ambroisine MEMEDE