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Affaire Kpatcha : Le Général Assani Tidjani rejette les charges et accuse le Général Titikpina

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« Je récuse avec la dernière rigueur les accusations portées contre moi »

Le procès Kpatcha Gnassingbé et coaccusés était à sa quatrième journée hier. C’est à 8h 27 que le Général Assani Tidjani a été appelé à la barre. « Je récuse avec la dernière rigueur les accusations porté contre moi, je n’ai jamais été un officier félon», dit il de go. Le Général s’est dit persécuté et n’a pas reconnu son implication dans l’affaire de tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat. Pour justifier sa non implication dans cette affaire de coup d’Etat, il expose à la Cour qu’il avait quitté Lomé pour le Nigeria le 10 avril 2009 et que, du 11 au 13 il était dans son village pour des cérémonies. Du Nigeria, il avait appelé le chef de l’Etat pour s’enquérir des nouvelles, après avoir appris ce qui s’est passé à Lomé. Ce dernier l’avait rassuré. Le 14 avril, plus tôt que prévu, il était rentré.
 Il avait déclaré que pour vérifier si effectivement il était au Nigeria, on pouvait s’adresser aux autorités béninoises qui avaient envoyé des motards pour l’escorter à son passage. « Je ne suis venu ici pour dénoncer personne. Je veux prouver mon innocence. Mais pourquoi c’est moi qui suis indexé ? », a-t-il lancé avant d’évoquer le nom d’Atcha Titikpina ainsi que le rôle qu’il avait joué dans son humiliation à Cotonou le 14 février 2007. « Le ministre de la Sécurité a donné l’ordre qu’on vous arrête, parce que vous avez des armes et vous allez faire un coup d’Etat », c’était l’information donnée par les autorités béninoises en arrêtant le Général Tidjani en 2007 à Cotonou à son retour vers le Togo. C’était, menottes aux poings qu’il fut conduit au Togo, après que son véhicule fut fouillé sans qu’on y eût trouvé des armes, s’est rappelé avec amertume le Général.

M. Tidjani s’est beaucoup emporté du fait que Titikpina a estimé en 2007 qu’il était allé au Nigeria chercher des mercenaires et des terroristes pour faire un coup d’Etat au Togo. « Monsieur le Président, s’est-il adressé au juge Pétchélebia, regardez ma figure, je peux être président au Togo ? », allusion sans doute à ses balafres yoruba.

Le 16 mai 2011, il avait subi une opération et était en convalescence pour 4 mois. Et c’est au cours de son séjour de convalescence à Abidjan, que le 20 juillet 2011, le Gal Titikpina l’appelle et lui dit : « Vous êtes parti en Côte d’Ivoire non ? ». Tout comme bien d’autres qui nourrissent des récriminations contre le Gal Titikpina pour ses rôles décriés par la plupart des prévenus passés à la barre, Assani Tidjani a déclaré : « Titikpina doit venir s’expliquer ». Ce qui lui arrive, il y trouve la main de ce dernier.

Le Général Tidjani, après avoir récusé « avec la dernière rigueur » son implication dans l’affaire de tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat, s’est vu interroger par le Président de la Cour en ces termes : « Il a dit que vous l’avez poussé plusieurs fois à l’acte » ; « Kpatcha a dit que quand il a été sorti du gouvernement, vous lui avez dit que si cela lui arrive aujourd’hui, c’est parce qu’il n’a pas réagi plus tôt » ; « Kpatcha a dit que depuis l’affaire du Bénin, vous n’avez cessé d’en vouloir à Faure, parce que vous pensez que ce qui vous est arrivé, c’est par Faure que c’est arrivé » ; «Tant que Faure sera au pouvoir, il ne va pas régler le problème d’héritage et que c’est l’Elysée qui vous l’a dit ». Reconnaissez-vous avoir tenu ces propos ? Le Général a réfuté chacune de ces allégations.

« Il y a plusieurs Généraux au Togo, pourquoi c’est vous seul que Kpatcha indexe ? », a demandé le Juge au prévenu qui a déclaré que depuis juillet 2008, pour des raisons de convenance personnelle, il ne va plus chez Kpatcha.

Le Président de la Cour fait appel à Kpatcha pour confirmer ou infirmer les propos contenus dans ses dépositions et à Monsieur Towbéli par rapport à la question sur la fameuse clé USB. Le député Kpatcha par rapport aux trois propos, a répondu par l’affirmative confirmant ainsi les déclarations et ajoutant : « Le président Bongo est au courant du plan fait par le Gal Tidjani et lui avait demandé de ne pas en parler à Faure et qu’il va lui en parler lui-même et que pour couper court, il va demander à Faure de le nommer Ambassadeur au Gabon ».

Selon Kpatcha, entre-temps le Président Bongo a appelé le Gal Tidjani pour l’écouter et lui aurait déclaré : « J’ai demandé à Faure de te nommer Ambassadeur pour venir rester au Gabon, tu as refusé ; il y a quoi ? ». Towbéli a, de son côté, aussi confirmé les informations relatives à la clé USB. Il serait allé chercher des documents manuscrits chez le Général pour les porter à Kpatcha et non la clé USB. Pour Towbéli, c’est le Gal Tidjani qui l’a appelé pour aller chercher des documents chez lui. Cette clé aurait été remise par Kpatcha à Rock Gnassingbé dans l’enceinte du Régiment Blindé de Reconnaissance et d’Appui (RBRA), lorsqu’il quittait pour l’Ambassade des USA. Finalement, la clé USB sera brandie à l’ANR à Kpatcha. Celui-ci dit ignorer comment elle y a atterri.



Selon l’accusation, le putsch était préparé en complicité avec des barons et des députés RPT

Les détenus révèlent qu’ils ont subi des pressions en vue d’impliquer certains barons


Le procès d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat togolais se poursuit au Palais de justice de Lomé avec chaque jour, son lot de révélations. Hier, ont comparu une dizaine d’inculpés dont le sieur Tchinguilou Sondou qui a laissé entendre que les députés RPT de l’Assemblée nationale étaient tous dans le collimateur du pouvoir qui les soupçonnait de complicité avec Kpatcha Gnassingbé. Ces derniers, selon le pouvoir, travaillaient dans le but de déposer Faure Gnassingbé au nom des intérêts supérieurs du vieux parti. Autrement dit, Faure Gnassingbé serait l’ennemi juré du RPT et de ses barons.

Tchinguilou Sondou est la seconde personne à comparaître hier devant la Chambre judiciaire de la Cour suprême après le Général Tidjani. Cet ex-directeur financier du député de la Kozah et agent de la Société d’administration de la zone franche (Sazof) n’a pas fait mystère de son agacement devant les faits qui lui sont reprochés, à savoir tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat et groupement de malfaiteurs. « Je reviens du séjour des morts », a-t-il fait remarquer à la cour par rapport aux sévices qu’il dit avoir subis dans les locaux de l’Agence nationale de renseignement (Anr). Pour lui, toute cette affaire n’est qu’une machination éhontée pour nuire à Kpatcha Gnassingbé ainsi que son entourage. « Qui veut noyer son chien l’accuse de rage, et celui qui s’est bien nourri de foie gras, a horreur de voir des oies en vie ».

A l’instar des autres détenus, cet accusé a fait remarquer qu’il aurait subi dans les locaux de l’Anr, des traitements inhumains, humiliants et dégradants qui ont eu de graves conséquences sur sa santé physique et mentale. Le nom du commandant de cette agence Massina Yotroféï, est depuis le début des audiences régulièrement cité par les prévenus comme celui qui aurait mis son expertise de tortionnaire au service de cette entreprise machiavélique. « Massina m’a dit, rapporte l’inculpé, on ne te reproche rien, mais on sait que tu es le directeur financier de Kpatcha. Il m’a dit que si je disais ceci ou cela, il allait me faire ceci ou cela ». Ces propositions allaient des dénonciations calamiteuses et mensongères aux faux témoignages pour enfoncer certains de ses coinculpés.

Les accusations portées contre lui vont de sa situation d’homme de main de Kpatcha Gnassingbé qui connaissait l’état de ses finances, donc susceptibles d’informer l’Anr sur les biens du député, à ses accointances avec lui.

Autres faits graves relevés par les détenus, les pressions qui ont été exercées sur certains d’entre eux en vue d’impliquer des sommités du parti quarantenaire, le Rassemblement du peuple togolais (RPT). D’après les rapports d’enquête, le présumé putsch de pâques était préparé en concert avec des députés RPT encore au Parlement. Kpatcha Gnassingbé, selon le juge instructeur, aurait agi en complicité avec des barons du RPT en vue de déposer son demi-frère qui, selon eux, ne protégerait pas comme il faut, les intérêts du parti.

Selon Tchinguilou Sondou, on a exercé d’énormes pressions sur lui afin d’impliquer des députés du RPT et certaines sommités du parti. L’ancien ministre Boukpessi ferait partie des barons du parti quarantenaire qui seraient dans le collimateur de la jeune garde du régime en place. « On m’a dit que je peux travailler à la Présidence de la République et que si je voulais travailler à la Présidence, d’enfoncer Kpatcha. On voulait impliquer le ministre Boukpessi et d’autres personnes du RPT». Selon ses dires, Essolissam Gnassingbé aurait également subi les mêmes pressions afin d’enfoncer des gens dans cette affaire sans tête ni queue. Tchinguilou Sondou s’est plaint qu’on lui aurait arraché sa bible qui lui permettait de tenir moralement le coup. « Même à Guantanamo, on permet aux détenus de lire au moins la bible (ou le coran, ndlr). Mais à l’Anr, on m’a privé de bible ».

Il a marqué sa joie d’avoir enfin pu quitter les geôles de l’Anr et regagné la prison civile de Lomé. « Les premières semaines que je viens de passer à la prison civile de Lomé, c’est comme si j’étais chez moi à la maison », a-t-il dit avec grand soulagement d’avoir échappé à ce cadre sinistre où il y a une cellule particulière qu’ils ont baptisée le « 6ème continent. Une cellule dangereuse et sinistre où se trouve une pépinière de moustique ».

Le sieur Moussa Séibou a quant à lui déclaré avoir été enlevé par les agents de l’Anr qui l’ont battu à mort et simulé sur lui une exécution pour le simple fait qu’il avait des relations d’affaires avec l’entourage du député de la Kozah. « A l’Anr, pour manger, il nous fallait présenter des ordonnances. Il y a des ordonnances pour la farine de gari, des ordonnances pour le tapioca… », a-t-il souligné. « Le Capitaine Kadanga de l’Anr m’a dit de dire au juge que Kpatcha m’a envoyé au Niger pour lui ramener un marabout », affirme-t-il. Cette proposition, a-t-il rapporté, était assortie de récompense au cas où il accepterait d’enfoncer le député. « Je connais déjà ma peine », a laissé entendre le sieur Moussa devant la cour. On lui a dit que s’il acceptait d’enfoncer le député, il serait condamné à seulement une peine de 5 ans ; dans le cas contraire, il en aura pour longtemps. Cette même proposition aurait été faite à Essolissam Gnassingbé, l’un des frères du député de la Kozah inculpé dans cette affaire. Mais contrairement aux autres, celui-ci aurait, selon les informations, accepté de jouer le jeu. « Il n’est donc pas étonnant qu’à la fin du procès, il soit relaxé ou condamné à une peine très insignifiante pour service rendu aux détracteurs de Kpatcha Gnassingbé », relève un spectateur.

Selon Sizing Esso, un militaire détaché au service du député de la Kozah et ex-agent de l’Anr, Massina l’aurait approché, bien avant l’éclatement de l’affaire, pour lui proposer d’espionner l’ancien ministre de la Défense pour le compte de l’Anr, dont il relevait. Cette proposition, même venant de l’un de ses supérieurs hiérarchiques, lui paraissait très indécente. Raison pour laquelle il a refusé de s’exécuter. Le tout-puissant patron de ce centre n’aurait pas digéré le refus de son soldat. La conséquence de ce refus, relève le militaire, est son implication dans cette affaire qui, selon lui, n’existerait que dans l’imagination fertile des autorités togolaises.

Massina Yotroféï lui aurait fait plusieurs propositions afin de l’amener à exécuter la mission d’espionnage dans la maison de Kpatcha. Il lui aurait donné quatre billets flambants neuf de 10.000 F CFA et lui aurait demandé d’ouvrir un compte dans une banque de la place pour se faire virer de l’argent à chaque fois qu’il rapportait des informations sur le député de la Kozah.

Cet agent des renseignements affirme également que la torture serait effectivement pratiquée dans les cellules de l’Anr. Il y a plusieurs cellules et la cellule de torture est, d’après lui, dirigée par Massina et le Capitaine Michel Kadanga.

Il rapporte également qu’on lui aurait demandé de noter toutes les visites que recevait Kpatcha Gnassingbé à son domicile. En l’occurrence, celles de personnalités issues des rangs du RPT qu’on soupçonnerait d’intelligence avec le député pour renverser les institutions de la République au nom des intérêts de ce parti.

Certains juges du parquet ne sont pas non plus épargnés. Les rôles troubles joués dans cette affaire par l’ancien Procureur de la République, Robert Bakaï ont été évoqués par les prévenus. Idem pour le Procureur général, M’Dakena Atara. Selon Sizing Esso, celui-ci lui aurait un jour, déclaré qu’il n’avait aucune force pour intervenir dans le cours des choses et faire cesser les violations, qu’il ne décidait de rien et que tout était directement géré par le président de la République Faure Gnassingbé. Ceci pour signifier que le Chef de l’Etat avait connaissance des tortures qui se pratiquaient à l’Anr.

Cette révélation a fait bondir de son siège Me Apévon Dodji qui a demandé au juge Pétchélébia de faire cesser ces exactions. Selon lui, le procès devait déboucher sur la fermeture de la cellule de torture de l’Anr. Les avocats ont instamment demandé que soit mis fin aux tortures pratiquées à l’Anr, car à l’heure où le procès se déroule, il est possible que Massina et ses sbires soient encore en train de malmener des citoyens togolais, cette fois-ci au su de la cour dirigée par le président, Abalo Pétchélébia.

Nous sommes revenus de l’enfer terrestre, a martelé le détenu Karoué Piyabalo, qui a noté qu’en dehors des sévices qu’on leur faisait subir, leurs familles étaient moralement torturées puisqu’on leur refusait de leur rendre visite.

Ce dernier souligne que les tortures ne se pratiquaient pas seulement à l’Anr mais qu’il y avait aussi des cellules de torture à l’Etat-major de la Gendarmerie nationale. Il y a une chambre hermétique à l’Etat-major de la Gendarmerie sévissait une chaleur torride. Ils ont été enfermés là pendant des mois.

De nouvelles révélations portant sur l’attaque du domicile du député dans la nuit du 12 au 13 avril 2009, sont rapportés par le gendarme Kamoukou Minvéidom. Il affirme qu’au lendemain de cette attaque, le Colonel Yark, dans l’un de ses rapports aurait noté que le domicile du député a été attaqué par des braqueurs. Chose qui confirme que la Gendarmerie n’avait jamais été sur les lieux pour interpeller Kpatcha Gnassingbé qui aurait opposé une résistance comme cela est rapporté par le Parquet dans le procès. Il a rapporté lui aussi des cas de tortures qu’on infligeait aux détenus à l’Anr. A la question de savoir s’il connaissait le député, le sieur Kamoukou a répondu qu’il ne le connaissait que par le biais des médias. Comment peut-il y avoir « groupement de malfaiteurs » quand les membres de ce groupe ne se sont jamais rencontrés pour planifier quoi que ce soit ? Se sont demandé les avocats de la défense.

Quant à Pali Aféignédou, il a été appréhendé et torturé à l’Anr parce qu’il aurait fait parvenir dans la soirée du 12 avril 2009, un message dont la teneur suit : « Nous sommes partagés en deux groupes, une première partie au Palais de la Présidence, une autre partie à Lomé. Restez vigilant ». C’est sur la base de ce message qu’il fut arrêté et atrocement torturé. « A l’Anr, on ne mange pas, on ne boit pas, on ne dort pas », a-t-il précisé.

Moi sincèrement, je n’ai subi de sévices ni de tortures, a déclaré pour sa part Toukessala. Seulement, avoue-t-il, j’ai souffert de l’enfermement permanent. « Je suis de teint noir, mais l’enfermement permanent m’a totalement dépigmenté », a-t-il souligné.

Entre temps, il a éclaté en sanglots, et sa famille qui était dans la salle s’est fondue en larmes. Il a relevé qu’ils ont rarement vu les Organisations de défenses des droits de l’Homme, une situation qu’il a déplorée. « Cela nous soulageait de les voir, a-t-il confessé. Même les pasteurs et imams avec lesquels on peut échanger des mots d’espoir ne sont pas autorisés à nous rencontrer. Je prierais les Organisations de défense des droits de l’Homme à rendre de temps en temps visite aux centres de détention ».

Les détenus ont souhaité que la Cour prenne des dispositions pour qu’ils ne soient pas menacés ni de près, ni de loin par les agents de l’ANR infiltrés à la prison civile de Lomé. « Je ne crois pas qu’ils peuvent encore les menacer alors qu’ils sont entre nos mains », a répondu le Juge Péchélébia.

Alain SIMOUBA & Olivier ADJA