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Affaire RéDéMaRe : L’Etat veut maintenir M. Sama en prison à tout prix

Economie et Finances
 L’affaire RéDéMaRe, du nom de cette structure de microfinance autorisée par l’Etat et qui offre des taux d’intérêt de l’ordre de 100 à 212%, constitue un casse-tête chinois pour le gouvernement et la justice togolaise. Ainsi, le doyen des juges d’instruction, conscient de l’arrestation illégale du premier responsable de RéDéMaRe, a-t-il voulu lui faire signer un nouveau procès verbal, parce que l’ancien était un faux, en vue de prolonger indéfiniment la détention de M Sama Essohamlon. C’est ce que révèlent les avocats de M Sama, au cours d’un point de presse le week-end dernier au cabinet de Me Riad Kassah-Traoré. « M. Sama a opposé un refus catégorique au doyen des juges d’insruction qui l’a convoqué vendredi dernier au Tribunal pour lui demander de dresser un nouveau procès-verbal, alors que l’ancien qui s’était révélé être un faux a été entre temps retiré du dossier », affirme Me Riad Kassah-Traoré, conseil du premier responsable de RéDéMaRe.

Le DG de RéDéMaRe a en effet été convoqué par le doyen des juges d’instruction vendredi dernier dans la matinée aux fins de lui faire dresser un nouveau PV en remplacement du faux qui a été retiré du dossier.

Il s’est malheureusement trompé. L’ex policier détenu illégalement depuis juillet dernier, a opposé une fin de non recevoir « étant attendu qu’il est arbitrairement détenu en violation des textes en vigueur dans notre pays ».

Le problème du juge d’instruction, c’est l’ancien PV, un faux. Ce qui fait que l’affaire RéDéMaRe s’apparente à une grosse supercherie et que M Sama a été appréhendé et détenu alors qu’il n’avait signé aucun procès-verbal. Comment un PV s’est-il alors retrouvé dans le dossier transmis à la justice ? S’appuyant sur cette situation, les avocats ont demandé et obtenu de la Chambre d’accusation le retrait pur et simple de ce PV venu de nulle part. Normalement, relèvent les avocats, en l’absence de ce PV, il n’y a plus aucune raison que M. Sama Essohamlon soit maintenu en détention jusqu’à aujourd’hui. Et les avocats ont donc demandé sa relaxe pure et simple. Mais la Chambre d’accusation avance que « c’est pour les besoins de l’enquête qu’il est gardé » en prison, à en croire les avocats.

Comment cela est-il possible ? « La justice togolaise n’est pas indépendante », a déclaré Me Kassah-Traoré au cours de la conférence de presse. M. Sama devrait être libéré conformément à l’article 110 du Code procédure pénale qui prescrit qu’on ne peut détenir une personne même à titre préventif sans l’avoir écoutée.

Or, le PV dressé des déclarations de M. Sama constitue un faux. Et « même s’il arrivait, et c’est ce qui le cas, qu’on interpelle quelqu’un dans ces conditions, la détention préventive ne saurait excéder dix jours, or le DG de RéDéMaRe croupit en prison il y a plus de soixante dix jours », selon les avocats.

« La constitution togolaise garantit une séparation des pouvoirs et une indépendance entre tous les pouvoirs, c’est le fondement de notre système juridique. M Sama a été déposé à la suite d’une convocation du juge d’instruction sur le fondement de blanchiment d’argent et d’escroquerie. Une ordonnance a été prise pour le mettre en liberté et demander la mainlevée de ses biens pendant que la procédure se poursuivait », observe Me Abi Tchessa.

Mais puisqu’on veut le détenir par tous les moyens, une deuxième charge sera portée contre lui : « exercice illégal d’activité financière ». Ce qui fait dire à Me Abi Tchesa que « notre pays viole constamment la règle de la présomption d’innocence, on arrête des personnes avant de rechercher leur culpabilité. Le droit pénal qui est d’application stricte et d’interpellation rigoureuse est perverti par le système judiciaire togolais ».

Les avocats constatent que la justice ne veut pas faire son travail. Ils envisagent tout simplement de saisir les institutions communautaires.

L’Affaire ReDéMaRe devient plutôt complexe à telle enseigne qu’on commence à avoir des doutes sur la vérité des faits telle que les présentent le gouvernement et le ministre de la justice. Il semble bien qu’il y a autre chose qui échappe au commun des mortels.