Vous etes sur la version ARCHIVES. Cliquez ici pour afficher la nouvelle version de iciLome.com
 5:37:41 PM Jeudi, 18 Avril 2024 | 
Actualité  |  Immobilier  |  Annonces classées  |  Forums  |  Annuaire  |  Videos  |  Photos 


ReDéMaRe : Qui en veut à M. Sama Essohamlon ?

Economie et Finances
Banalement cela fait trois mois que le DG de ReDéMaRe croupit à la prison civile de Lomé. Pourtant au Togo, tout le monde sait pour qui semblent faites la gendarmerie et la prison. Bien des gens de la même ethnie que M. Sama ont eu à piller des fortunes dans ce pays et ils n’ont jamais été intimidés. Ils sont là et circulent librement, vont et reviennent, narguent leurs compatriotes. Pendant ce temps il y a d’autres catégories de citoyens qui, pour avoir détourné le centième par exemple du butin d’un Bikassam ou d’un Tchamsi, savent où ils se sont retrouvés dans ce pays.
 Nous avons tenu ici à analyser le cas de ce compatriote dans un pays où les autorités continuent d’une manière ou d’une autre, d’œuvrer en faveur de la pérennisation du tribalisme et du régionalisme malgré la mise sur pied d’une CVJR. Il s’agit aussi de répondre au dernier communiqué de la HAAC sur le tribalisme, le régionalisme dont il accuse les journalistes.

Dans notre éditorial du 2 août 2010 sous le titre : « Combattre le tribalisme pour rebâtir le Togo », nous avions saisi l’occasion, quelques jours après l’incarcération du DG de ReDéMaRe, pour un coup de gueule aux chantres du tribalisme dans notre pays. Nous écrivions entre autres : « Connaissant le pays et ceux qui nous gouvernent, nous nous étions dit que si M. Sama a pu être arrêté dans cette affaire de ReDéMaRe, il y a deux hypothèses. Soit, c’est quelqu’un de correct (le sérail n’aime pas les gens corrects et c’est pourquoi le pays n’évolue pas; il faut le dire sans ambages) qui ne suit pas « la voie tracée » à laquelle quelques catégories de citoyens qui aiment la facilité s’identifient aisément, juste pour se sentir à l’aise; alors, on n’hésiterait pas à l’exposer à la vindicte populaire, à le salir, ce qui aurait été fait. Soit, c’est juste un jeu pour flouer l’opinion ».

Plus loin nous écrivions : « On a fini par mettre dans la tête de certains qu’ils sont des Togolais à part entière à qui tout est permis (crimes financiers et économiques, assassinats, etc) et l’on se plaît à traiter d’autres comme des citoyens de seconde zone ». Aujourd’hui, nous pouvons pencher pour la première hypothèse. Combien de gens de l’ethnie du « leader nouveau, esprit nouveau » les Togolais n’ont-ils pas vu commettre des crimes financiers et économiques contre la République depuis 2005 que celui-ci est aux affaires ? A titre d’illustration nous citerons parmi tant d’autres, Ferdinand Tchamsi, le DG de l’ex-Fonds d’Entretien Routier (FER), Sam Bikassam l’actuel DG de Togo-Télécom, des Togolais qui sont considérés par bien de compatriotes comme des gens placés par le Pouvoir lui-même et dont l’objectif serait de piller les richesses du pays, en vue d’un partage discret dans le cercle des intimes.

Cela justifierait pour une grande part, que des personnes comme celles-là n’aient jamais été inquiétées et circulent librement depuis des années pour les uns, des mois pour d’autres, après le détournement de plusieurs milliards. Sous la gouvernance de Gnassingbé père, on a vu des gens comme Patassé, l’ancien DG de l’ex-OTP aujourd’hui SNTP, piller proprement le poumon économique du Togo au vu et au su de tout le monde. Malgré les dénonciations, il n’a jamais été inquiété. La raison est la même que celle évoquée pour le cas de la nouvelle race de pilleurs sous Faure Gnassingbé. Ils sont intouchables parce qu’ils sont issus d’une ethnie donnée.

Il y a par ailleurs des gens coupables de gestion catastrophique de sociétés d’Etat et autres services publics dans ce pays. Au lieu de les sanctionner, à cause de leur appartenance ethnique, ils ont plutôt droit à la promotion. C’est le cas par exemple de l’ancien ministre Célestin Talaki désigné par le Pouvoir pour remplacer à la CEDEAO, le déjà ex-ministre Komla Cadjé. Alors que du temps où il était ministre des travaux publics, ses compatriotes ont vu ses limites professionnelles, notamment dans la gestion des inondations de 2008. Que dire des gens qui sont depuis une vingtaine d’années à la tête de sociétés d’Etat comme d’entreprise privées ? Que dire de ceux qui ont dépassé l’âge de la retraite et qui, du fait de leur origine ethnique sont encore depuis bientôt douze ans à leur poste ?

Ces différents exemples pour répondre à deux préoccupations. D’abord, si le Sieur Sama Essohamlon était un monsieur souillé et malpropre des pieds à la tête, s’il participait à des malversations financières et autres, cautionnait des vilenies, s’il n’était pas un monsieur élégant ayant de la hauteur de vue (nous pouvons toutefois nous tromper), s’il baignait dans les magouilles systématiques, la meilleure école créée ces dernières décennies au Togo par le Pouvoir Rpt pour une catégorie donnée de citoyens, c’est sûr qu’il aurait été couvert et sauvé par le « mendèfrèrisme ».

De sources concordantes, Sama Essohamlon aurait des problèmes avec un ministre, (oh, pauvre Togo !) qui s’est fait « puissant à sa manière et grâce à qui le jour se lèverait et e la nuit tomberait au Togo ». Son tort serait de vouloir faire les affaires comme d’autres et gagner sa vie grâce à l’intelligence et au génie créateur de l’homme, pas dans la facilité comme c’est le cas chez certains hommes d’Etat togolais. Ensuite et enfin l’autre préoccupation de cet article, c’est de dire à l’auteur du communiqué daté du 6 octobre 2010 qui veut discipliner ses collègues qu’il accuse de publier et diffuser des articles et débats à connotation ethnique, régionaliste et tribaliste sur les médias, que le premier et le meilleur destinataire d’un tel communiqué en ce moment précis de la vie d’une certaine CVJR devrait être celui qui, il y a plus d’un an, lançait la Commission Vérité, Justice et Réconciliation.

La réaction des journalistes des médias privés togolais et de ceux qui participent aux débats n’est rien d’autre qu’une réponse en fonction du mauvais exemple que donne premier des Togolais en personne qui ne contribue pas lui-même, curieusement, à faire baisser la tension dans le pays.

Alain SIMOUBA