Que deviennent les élèves pendant les vacances ?
Les vacances scolaires ont débuté depuis quelques jours. Les derniers examens scolaires se sont terminés avec un ouf de soulagement pour les élèves togolais. Dès le mois de Mai, beaucoup commencent les préparatifs de vacances. Chacun est impatient de retrouver la maison sans avoir en tête l’école. Fini la crainte du lundi matin, où papa ou maman viennent réveiller pour aller prendre un bain pour aller à l’école. La question que l’on se pose est ce que font les élèves avec les trois mois des vacances.
Vive l’oisiveté
Les périodes de vacances sont considérées à priori comme un moment de repos pour les élèves. Après s’être donnés pendant neufs mois, ils peuvent enfin se reposer. Mlle Sodjinè est élève en Terminale dans un lycée technique de Lomé. Elle compte profiter au maximum des vacances : « Nous sommes en vacances en attendant les résultats de l’examen. Lorsqu’ on a fini le BAC, le samedi soir, je suis allée «m’éclater» en boîte avec des amis. C’est une façon pour nous d’inaugurer les vacances. Tous les soirs, je sors prendre un pot avec mes amis, ensuite on va danser histoire de rattraper le temps perdu. »
Kangni, élève en classe de 4ème précise qu’il a déjà repris ses cours de danses avec ses amis de quartier: « J’adore le Battle danse. C’est l’un de mes passe-temps favori. Je prends des cours de danse, surtout à cause de l’ambiance et des concours de break dance que l’on organise pendant les vacances à Lomé. »
Jules qui affrontera la classe de 3ème l’année prochaine pense que les vacances sont des moments de loisirs. Il sort beaucoup et quand il rentre à la maison, c’est pour jouer de la musique à fond ou s’installer devant son ordinateur. De plus, il veut mieux s’alimenter. Il réclame plus de repas par jour et des plats plus riches que d’ordinaire. Il faut prendre quelques kilos avant le retour aux soucis des devoirs de classe. Son ami Ismaël en fait autant. Il prend entre quatre et cinq repas par jour : « Je mange à 8 heures du matin, à 12 heures, à 16 heures (le plus souvent), et à 20 heures. Quand j’ai faim tard dans la nuit je mange à 23 heures.» Quand il allait en classe, il ne prenait que trois repas par jour.
Les parents crient déjà leur désarroi face aux dépenses afférentes aux vacances qu’ils sont obligés de faire. M. Kuévi est fonctionnaire à Lomé. Il ne s’est à quel saint se vouer avec ses enfants pendant ces vacances. Ses enfants usent au maximum de ces débuts de vacances et il en ressent déjà les coups.
Un de ses enfants, Jean, qui fera la classe de troisième compte profiter au maximum de ses vacances, parce qu’il aura une rentrée scolaire rude. Il passe son temps devant la console de jeux vidéo Playstation. L’appareil reste allumé de 8 heures, souvent, jusqu’à 1 heure du matin, voire 2 heures. Quand il n’est pas en train de jouer avec Bertrand, Serge, le cadet, suit ses émissions préférées à la télévision ou des films à partir du lecteur DVD. Conséquence, les factures d’électricité sont plus élevées. «De 10.000 Fcfa il y a deux mois, elle est passée à 18.000 Fcfa. Il est difficile de leur imposer des heures, parce qu’ils ont tous réalisé de bons résultats scolaires», explique le père de famille. Il doit satisfaire une autre revendication. Donner de l’argent à chacun des enfants pour qu’il s’offre des vêtements de vacances, des petits moments de distraction à la plage, ou assister à des concerts. « Finalement je dépense autant d’argent pendant les vacances qu’au cours de l’année scolaire. Difficile de faire des économies. On ne peut que compter sur des prêts scolaires pour préparer la rentrée prochaine», se résigne-t-il.
Le temps « des petits entrepreneurs »
Tandis que les enfants issus de milieux nantis dorment ou s’offrent des parties de détente pendant les vacances, ceux de milieux modestes mettent à profit leurs vacances pour faire du petit commerce.
Contrairement à leurs camarades qui partent en colonies de vacances, certains écoliers passent leurs vacances dans leurs villes et villages en s’adonnant au petit commerce d’objets divers. Ces vendeurs occasionnels arpentent les rues et avenues de la capitale pour proposer de la friperie, des produits importés de Chine ou des condiments et autres légumes aux passants. Elèves pour la plupart, ils réalisent des économies grâce à ce commerce. Le petit Joseph fait partie de ceux-là. Elève en classe de 5ème, il est vendeur de papiers-mouchoirs sur le Boulevard du 13 Janvier au carrefour de Déckon. Debout, aux feux tricolores, un carton d’articles en main, il semble fier de passer ses vacances en vendant des mouchoirs. C’est une activité qui lui procure un petit revenu. A la rentrée, Joseph compte abandonner ce commerce pour se consacrer à ses études et avoir de bonnes notes en classe.
Les filles aussi sont dans la danse. C’est le cas de Adjoa et sa sœur. Âgées respectivement de douze et huit ans, elles vendent des tomates et du piment au marché d’Adawlato. Admise cette année au certificat d’études primaire, la petite Adjoa perçoit son commerce comme un passe- temps. A défaut de partir en colonies de vacances à l’intérieur ou à l’extérieur du pays comme certains de ses camarades, elle se rend utile à travers cette activité. «Mon commerce de vacances ne joue pas sur mes études dans la mesure où je n’ai jamais redoublé de classe», confie-t-elle. Elle affirme avoir l’accord de ses parents à qui elle remet ses recettes journalières. De nombreux parents semblent tolérer que leurs progénitures s’adonnent à la vente d’objets divers pendant les vacances. Ils trouvent que c’est une bonne chose qui permet à l’enfant d’apprendre à se débrouiller. M. Hounou, électricien et père de famille, partage ce point de vue. «Ce commerce est très formateur pour les enfants. Grâce à cette activité, ils apprennent beaucoup de la vie. Toute chose qu’on n’apprend pas forcément à l’école», poursuit-il. M. Zonvidé, enseignant de son état va plus loin. Il explique que c’est une occupation profitable à l’enfant. « Ce commerce divertit l’enfant, tout en lui procurant un revenu monétaire », dit-il. M.Zonvidé souligne que cela développe aussi les facultés mentales de l’enfant en calcul. Le commerce ambulant qu’exercent les écoliers constitue à la fois un gagne-pain et un soutien aux parents.
Que peuvent faire les parents pour des vacances de leurs enfants une réussite ?
Afin d’éviter des désagréments à l’éducation que l’on désire inculquer à ses enfants, si on peut les occuper sans pour autant les charger de corvées. Pour les petites filles, il est possible de les initier aux tâches ménagères. Ce qui ne veut pas dire qu’on va transformer ces vacances en calvaire. La mère peut se faire accompagner au marché par sa petite fille, elle lui montre comment faire le marché, lui laisser le choix de certains condiments, des petites considérations qui amusent très souvent les petite filles. Il en est de même pour concocter un plat, lorsqu’on sert le repas, il faudra préciser qu’il s’agit de l’œuvre de la fillette, un encouragement qui va probablement lui faire apprécier la cuisine. Quand l’on prend l’habitude de se faire accompagner par ses enfants à son lieu de travail, cela peut être une manière de rapprocher ces enfants à leurs enfants. Cette pratique peut le soustraire également de certaines mauvaises compagnies et surtout l’encourage dans ses études. Les parents constituent des modèles pour les enfants, ils se fixent des objectifs et ambitionnent d’exercer des métiers : ils travaillent mieux à l’école. Pendant les périodes de vacances, il est recommandé de ne pas laisser les enfants prendre de mauvaises habitudes qui peuvent rendre la reprise des cours plus difficile pour eux. Pour éviter aux enfants de courir dans la rue, on peut les occuper par des jeux, des vidéos, des bandes dessinées, des livres pour meubler leur journée. Il faudra également s’assurer du contenu de ses jeux. Sinon il vaut mieux leur offrir des gadgets constructifs en plus de leurs capacités distractives. La période des vacances peut être aussi une occasion pour les parents de rehausser le niveau des enfants dans les matières où ils sont faibles.
Sam Gagnon
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