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Zoom sur ces Zémidjans qui ne travaillent que la nuit

CHRONIQUE - Finances et Economie
 Apparu au début des années 90 avec les troubles socio-politiques qu’a connus le Togo, le métier de zémidjan ou taxi-moto emploie aujourd’hui des milliers de Togolais. Les chômeurs, les licenciés des entreprises, des diplômés sans-emploi constituent ce corps de métier. Les Togolais ont adopté ce mode de transport à moto et partout dans le pays, à chaque carrefour, au bord des marchés, des stations de taxi-motos. Il suffit, pour se rendre à un rendez-vous, sur son lieu de travail, ou chez des amis ou parents, de héler un « Z » pour être servi .Certains de ces conducteurs de taxi-motos ont choisi travailler seulement la nuit. Approchés pour savoir davantage les raisons de leur choix, ces conducteurs de nuit se prononcent.

Planton dans un ministère, M. Issifou devient la fin de sa journée de travail, conducteur de taxi-moto. « Mon salaire ne me suffit pas pour entretenir ma femme et mes quatre (04) enfants. Je sors chaque soir avec ma moto que j’ai acheter avec un prêt . Je fais du zémidjan jusque tard dans la nuit. Avec ce que je gagne la nuit, je peux donner l’argent pour les besoins de la famille. », a-t-il déclaré. Augmenter leurs revenus, tel est le leitmotiv de certains conducteurs occasionnels de Taxi-moto comme M. Issifou qui ont un travail dans la journée. Il faut rappeler que le Franc Cfa, la monnaie utilisée au Togo a été dévalué à 100% mais les salaires n’ont pas été revus à la hausse. Beaucoup de Togolais sont obligés de cumuler deux emplois pour pouvoir s’en sortir.
Certains conducteurs de taxi-moto spécialisés dans le transport de nuit évoquent comme raison la hausse du prix des transports la nuit. « Je ne fais du « Z » que la nuit parce que je double le tarif normal du transport. Pour se rendre à une maison qui se trouve par exemple à Avépozo (un quartier situé dans la banlieue Est de Lomé) à 2 h du matin le client doit débourser au moins 1000 F CFA alors que dans la journée 400 F CFA suffirait. Donc je préfère le travail de nuit », raconte M. Zankou, conducteur de taxi-moto depuis plus d’une dizaine d’année après avoir été licencié dans une entreprise étatique qui a été privatisée. Pour ces spécialistes du « Z de nuit », ils arrivent à gagner en peu de temps ce que les conducteurs de la journée mettent beaucoup de temps à avoir. Ils sont souvent stationnés devant les boîtes de nuits, les bars, et leurs clients sont souvent les noctambules qui font la fête. Ils n’hésitent donc pas à débourser la somme qu’on leur demande. « Des fois quand la nuit est bonne, j’arrive à gagner jusqu’à 8000 F CFA avant le lever du jour surtout quand mes fidèles clients de Panini font la bonne affaire », a souligné M. Adodo, un conducteur qui ne stationne que devant le Bar Panini sur le boulevard du 13 janvier. Lili, une prostituée qui a fait de M. Adodo son conducteur favori témoigne : « Adodo est devenu mon confident et un véritable ami, il a un téléphone portable et partout où je suis, il suffit de l’appeler pour qu’il vienne me remorquer et je n’hésite pas de lui faire des cadeaux quand la nuit est bonne ». D’autres conducteurs transportent les voyageurs qui reviennent à Lomé en pleine nuit. Commerçante au grand marché d’Adawalato, Mme Inoussa importe ses produits du Nigéria. Elle revient souvent la nuit et ce sont les conducteurs de taxi-moto qui la ramènent à la maison. « Quand je reviens du Nigeria en pleine nuit à la station ici au grand marché, j’ai des Zémidjan que je connais bien qui me transportent à ma maison qui est à Adidogomé, (un quartier situé dans la banlieue nord de Lomé). Avec eux je rentre saine et sauve à la maison ». Ces «Z de nuit» ne craignent-ils pas pour leur sécurité ?

Il y a des années, beaucoup de conducteurs ont été victimes d’attaque à main armée. Certains y ont laissé leur vie. Ce sont surtout les conducteurs des motos de marque « Yamaha, Mate 50 » qui ont été les cibles des malfrats. Ces derniers temps, les vols de motos ont décru. Les conducteurs de taxi-moto interrogés répondent, fatalistes : « Nous restons prudents quand nous transportons quelqu’un, nous regardons son apparence et si nous ne cernons pas bien sa destination, nous refusons d’y aller. Mais le reste, c’est la grâce du Très-haut qui nous protège ».

Sam Gagnon