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L’éternel traquenard françafricain nommé GUN nous attend…Par Kignoh Kofi ADEKETEW

 L’éternel traquenard françafricain nommé GUN nous attend…

Obasandjo et Louis Michel ont repris du service, Compaoré est toujours au tournant…

Après chaque hold-up électoral, la Françafrique nous sert un « Gouvernement d’Union Nationale » (GUN).
Cette idée à première vue attractive, s’avère dans sa pratique françafricaine être un véritable piège tendu au peuples Togolais et Africains par des pilleurs transnationaux dont beaucoup sont incrustés dans le « machin » sans contour ni contenu dénommé « communauté internationale ».

Et pourtant, le GUN aurait été une idée intéressante s’il se basait sur la régularité et la vérité des urnes : un président régulièrement sorti des urnes ouvre son gouvernement aux perdants. Une telle ouverture proposée par un chef loyalement choisi par le peuple est d’ailleurs d’essence africaine, conforme aux valeurs authentiques de fraternité et de partage dont les racines sont aussi profondes que celles de l’Arbre à Palabres.

En revanche, reposant sur des bases déloyales et instruit par des individus issus d’autres peuples à la culture forgée dans l’égoïsme, le GUN françafricain est la porte ouverte à toutes les dérives, comme nous allons le voir.

Le GUN françafricain, une échappatoire à la loyauté de la compétition électorale et à la vérité des urnes.

Le GUN à la mode françafricaine est le moyen pour les usurpateurs d’échapper à leur statut de brigands pour se faire chantres de la « politique de la main tendue ». A l’inverse, ceux de la partie spoliée deviennent des « extrémistes », des « irresponsables », etc. dès lors qu’ils refusent de participer à cette comédie.

Voilà comment, comme par un coup de baguette magique, la vertu change de camp, du moins au vu du citoyen lambda non averti.

C’est l’enjeu qui détermine une telle fuite systématique en avant.
Dans le cas du Togo, un langage savamment trompeur a tenté de nous faire croire que l’élection présidentielle de 2010 allait bien se passer à l’instar de la législative de 2007, prétextant ainsi que cette dernière s’était bien passée. Comme si l’absence de mort était un gage de régularité d’un scrutin.

En réalité, non seulement la législative de 2007 n’était en rien équitable ou loyale (découpage électoral, achat de consciences, intimidations, ..), mais en plus, en Françafrique et plus particulièrement au Togo, l’enjeu est loin d’être le même entre une législative et une présidentielle. En effet, tout est scellé dans le « pré carré » françafricain par les pouvoirs tentaculaires du chef de l’Etat.

La mafia transnationale se sert habilement de ces pouvoirs sans partage du président qu’elle a contribué à forger. Il est plus facile de corrompre et contrôler un individu (le chef de l’Etat) que plusieurs (une assemblée, un gouvernement). A partir du moment où tous les pouvoirs sont détenus par le sommet, il ne reste plus qu’à placer à la tête de l’Etat une personne « malléable », un « ami », coûte que coûte…

Le GUN françafricain comme arme permettant de plier l’élite africaine sous la coupe d’un système contrôlé par l’étranger.

Le GUN à la mode françafricaine est un moyen d’aspirer et broyer l’élite patriotique dans un système vicié tenu au sommet par des intérêts étrangers.

Les agents experts en GUN françafricain opèrent en empruntant et en se camouflant derrière l’appellation angélique de « Communauté internationale ».

Le GUN françafricain, un instrument de paralysie du pays

Quel que soit le patriotisme, l’envie de servir son pays est-elle la même lorsque c’est un chef d’Etat illégitime, un adversaire politique qui en tire tous les bénéfices, et surtout si le bien être des population n’est pas le premier souci de ce dernier ? La réponse est dans la question : NON.

Voilà une autre raison pour laquelle l’incorporation de différentes personnalités de l’opposition, y compris à la primature n’a rien apporté au pays.

Le GUN françafricain fait partager l’échec et cultive le sentiment de fatalité.

Quoi qu’il en soit, de quels moyens et marges de manoeuvre disposent en effet les ministres, notamment ceux de l’opposition dans un gouvernement dans lequel le sommet omnipotent prend ses instructions à l’extérieur ou auprès de mercenaires oeuvrant au service d’intérêts étrangers?

L’expérience parle d’elle-même :
Qu’a apporté aux togolais le passage au gouvernement des Kokou Koffigoh, Edem Kodjo, Yawovi Abgoyibo, Léopold Gnininvi, Zarifou Ayéva, etc. ?
La réponse est dans la question : RIEN

Broyés et discrédités, ils ont tout simplement abdiqués.

Ainsi, la mafia françafricaine installée ne serait pas la seule responsable, car les oppositions ont fait partie du gouvernement et cela n’a aussi rien donné. Inutile donc de continuer à rêver que quelqu’un d’autre puisse avoir une solution miracle. Voilà encore un autre dégât, une autre confusion provoqués dans les esprits des Togolais et plus généralement des Africains.

Il est plus que jamais clair que le GUN françafricain a également pour résultat de discréditer les forces patriotiques.

La plupart des leaders ayant flirté avec les GUN sont ainsi devenus des leurres qui obstruent la voie à l’émergence d’une nouvelle classe politique.
Il ne fait aucun doute qu’un certain nombre d’entre eux n’attend que ce fameux GUN pour se faire une meilleure santé financière.

Que fera le Front Républicain ? Que faut-il proposer à la place d’un nième GUN françafricain ?

Si le Front Républicain n’est pas rétabli dans ses droits, que feront Jean-Pierre Fabre, Kofi Yamgnane, Dahuku Péré, Aimé Gogué, Tessa Abi, ainsi qu’Agbéyomé Kodjo ?


Deux propositions entre autres :
Organisation d’un second tour avec des règles et une préparation strictes contrôlées par l’UA et l’UE, dans le délai d’un mois.
Reprise pure et simple de l’élection, dans 6 mois environ, organisée de bout en bout par les Nations Unis. Entre temps, un GUN constitué sous l’égide de l’ONU (et non la Françafrique) est dans ce cadre tout à fait envisageable.

Le dernier mot au peuple Togolais

Il reviendra naturellement au peuple togolais de dire son dernier mot.

Peuple Togolais, il est temps que tu cesses d’être la chasse gardée de la mafia internationale.
Tu ne peux pas rester l’éternelle risée de l’Afrique.

Tu as le devoir d’achever le combat de tes grands leaders patriotes qui ont perdu leur vie pour la dignité du Togo et de l’Afrique, tels Amorin, Agbobli, etc., pour ne citer que quelques cas parmi les plus récents.

Vaillant Peuple Togolais, tu dois d’abord compter sur toi-même.

- Compaoré ? C’est, dit-on, un « enfant chéri de la Françafrique ».
- Obasanjo ? Egalement happé et noyauté par ce système ; n’est ce pas lui qui a achevé la livraison du Togo à cette mafia en 2005 ?
- Konaré ? Il a déjà fait ce qu’il peut pour le Togo il y a 5 ans.
- Rawlings et Atta Mills ? Ils sont fatigués du Togo.
- Gbagbo ? Il fait sa part de travail chez lui.
- Kadhafi ? Son jeu est trouble et il ne fera pas de toutes façons le travail à notre place.
- L’Union Africaine ? Noyautée par la françafrique partout où ce système estime être dans son « pré carré ».
- L’Union Européenne ? Elle « prend note » et ne sera peut être contrainte de bouger qu’en fonction de notre détermination.
- Sarkozy ? Il a manifestement déjà oublié ses propres déclarations contre le précédent hold-up de 2005. Seule notre détermination sans faille le gardera, comme son administration, d’une sortie médiatique contre le peuple togolais. Il n’y a d’ailleurs pas forcément besoin de précipiter une telle sortie, car, ne dit – on pas que les bonnes affaires ne se traitent pas sur la place publique ?

Peuple Togolais, comme tu l’as si bien compris, tu ne baignes pas encore dans un monde de droit, car le droit ne s’applique qu’entre des protagonistes de forces équivalentes. Il n’y a qu’à voir comment aucune règle n’a été respectée tout au long de ce processus électoral.

Il nous faut solidairement cultiver nos forces : cognitives, spirituelles, économiques, organisationnelles, diplomatiques, dissuasives. Nous devons nous dépasser.

« Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir » (Franz Fanon)

La nuit est longue mais le jour est imminent.

* * *
Paris, le 9 mars 2010

Kignoh Kofi ADEKETEW
Analyste géopolitique.