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Ces leaders qui font la honte du Togo. Par Tchakie Thomas Sékpona-M., Ph. D.

 Entre Agboyibo et Boko qui commet l’injustice qu’est le mensonge ?

Dans son communiqué datant du 11 février 2010, Me Agboyibo dit avoir été victime d’un «coup monté». Il a été à Paris pour rencontrer une autorité selon l’entretien téléphonique qu’il avait eu avec Me Boko. Mais arrivé là, au lieu de l’entretien avec ladite autorité française, il se retrouva dans une réunion pour désigner le candidat unique de l’opposition. Et il protesta avec véhémence mais au lieu de claquer tout de suite la porte, « il le (Boko) laissa évoluer pour voir où il allait en venir. » Voilà, pour m’en tenir au fond, les termes du communiqué de Me Agboyibo.

Me Boko, de son côté, vient de sortir de son mutisme et déclare sur Canal FM que tout ce que Me Agboyibo a dit dans son communiqué n’est que faussetés, affabulations, «chimères», et que ce n’est pas lui, un petit ministre de l’intérieur, qui va présenter l’ex-Premier ministre de Faure Gnassingbé aux autorités françaises.

Qui de Me Agboyibo ou de Me Boko joue au dissimulateur, au simulateur, au centaure? Qui joue les Machiavel ? Comment un ancien bâtonnier de l’ordre des avocats du Togo, un ex-président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme, un ex-Premier ministre pouvait-il accepter de se déplacer pour une rencontre sans en connaître l’objet ? Avec cette énorme expérience, comment cela se fait-il qu’il ait consenti à aller à Paris sans connaître de quoi il serait question ? S’agit-il d’un coup d’État dont il ne faut pas parler au téléphone, puisque Paris est l’officine des coups d’États en Afrique ? Pourquoi Me Agboyibo joue-t-il maintenant les victimes ? C’est là le moindre défaut. Il y a quelque chose qui ne cloche pas bien. Qui trompe le peuple togolais ? Qui fait preuve de mauvaise foi ?

Faisons parler un peu le passé

Au Togo, on dit que c’est à la suite de la vieille corde qu’on tisse la nouvelle. Il nous souvient qu’en février 1994, après l’élection législative, le CAR avait 32 députés, l’UDT 7 et le RPT 36. Je m’excuse si je me trompe de statistiques ; mes souvenirs ne sont plus bons. Aucun des partis n’avaient la majorité pour gouverner. II fallait la fusion des voix des partis de l’opposition pour former la majorité absolue. Après mille discussions avec Me Yawovi Agboyibo et M. Eden Kodjo, M. Eyadéma avait nommé le second au poste de Premier ministre. Sa raison était qu’il nommait dans la majorité qui il voulait. Me Agboyibo avait protesté avec force, indignation et énergie. Il disait que ce poste lui revenait de droit, parce que c’était lui qui avait plus de députés dans ladite majorité. Le peuple lui avait donné raison. Quel nom n’avions-nous pas donné à M. Eden Kodjo alors ? Le peuple togolais ne lui avait jamais pardonné cette erreur. Et c’est ce qui justifie jusqu’à aujourd’hui la mort de ce vétéran de la politique togolaise.

Aujourd’hui il s’agit, toutes proportions gardées, de la même chose. Quels sont les critères pour désigner l’unique candidat de l’opposition ? On parle du maillage du territoire et de l’implantation du parti. Entre le CAR et l’UFC, quel parti est le mieux implanté au Togo ? Objectivement parlant, c’est l’UFC. Je repose autrement la question pour ceux qui ne sont pas convaincus. Au niveau de l’Assemblée actuelle, quel est le parti qui a le plus de députés ? Visuellement, c’est encore l’UFC. C’est une question de pure logique, de mathématique. Le parti qui a le plus de députés et qui est le mieux implanté, c’est lui qui porte le flambeau ou la bannière du front.
Pourquoi hier réclamer avec raison son droit, même si on ne l’avait pas obtenu et aujourd’hui refuser ce même droit à quelqu’un d’autre ? Où est votre dignité ? Il faut être conséquent avec soi dans la vie. Si vous faites aujourd’hui ce que vous condamniez hier avec énergie, vous devez être logé à la même enseigne que ceux d’hier, traité du même nom.

Que nous dit Me Apévon à propos de l’attitude de son président d’honneur, lui qui nous rassurait sur les sites il y a quelques semaines que, bien que qu’ils aient désigné Me Agboyibo, ils seraient toujours partants pour la candidature unique de l’opposition ? Lorsqu’on fait de la politique, on ne se donne plus de préceptes de vie, plus d’éthique personnelle ? D’ailleurs, pourquoi le président d’honneur est-il en lice, alors qu’il y a un président en activité ? Où est votre sérieux dans tout cela aux yeux des Togolais ? Que dit cette pléthore d’intellectuels qui vous entoure ?

Me Agboyibo et M. Gnininvi, vous êtes la honte du Togo. Vous jouez votre réputation. Vous venez de briser votre bon contact avec la jeunesse togolaise. On dit que la politique est un sale jeu, certes. Dans le sale jeu, il faut un minimum de morale, de règles de conduite. Il ne faut pas aller de contradictions en contradictions parce qu’on est en politique, en mentant à tous les coups. Votre mensonge n’est même pas le «noble mensonge» dont parle Platon. On pratique le noble mensonge pour défendre ou protéger l’État, le peuple. Dans votre cas, le mensonge est plutôt pernicieux, grossier.

Maintenant comment allez-vous battre campagne ? Qu’allez-vous dire à la population togolaise, à la jeunesse qui vous avait en vain lancé des appels récurrents à l’unité ?

Hier lorsque je préparais cette réflexion, j’ai lu sur les sites certains reportages de la campagne de Me Agboyibo, où il dit à Kara notamment que chaque fois qu’on met le CAR devant, cela marche. Quand le peuple togolais avait-il mis le CAR devant ? Fait-il allusion à son passage à la primature ? Qu’est-ce qui avait marché lorsqu’il était passé par-là ? Quelle mythomanie ! Quelle démagogie ! Je répète que vous faites la honte du Togo. «Il n’y a pas de vie juste dans un monde faussé», a dit Theodor Adorno dans Minima Moralia, Payot, 1980. Dans un pays aussi faussé que soit le Togo, je m’étonne que vous ne compreniez pas que seule l’unité de l’opposition peut nous délivrer de ce boulet de dictature que nous traînons depuis quarante ans. Et là-dessus, il n’y a pas de raisons qui tiennent. On chasse ces pestiférés du RPT, on assoit les institutions en mettant les hommes à la place qu’il faut, et après nous pouvons aller aux élections en rangs dispersés. C’est tout ce que la jeunesse demande. Elle ne refuse à personne d’avoir des ambitions. Mais elle veut que nos ambitions se réalisent un jour, au lieu qu’elles soient toujours un rêve, un éternel rêve.
Pour juger, dit Aristote, on n’a pas besoin d’être savant et le peuple une fois ensemble réunit une multitude de compétences particulières qu’une seule personne ne saurait avoir. Si chacun en particulier est plus mauvais que ceux qui savent, le peuple rassemblé est meilleur, ou du moins n’est pas pire. (Cf. Aristote, Les politiques, traduction de Pierre Pellegrin, GF Flammarion, 1990) Voilà ce qu’Aristote dit de l’unité du peuple. Une seule personne n’est pas plus intelligente que 5 ou 10 personnes réunies. Me Agboyibo et M. Gnininvi ne sont pas plus intelligents que ceux qui sont dans le FRAC. Je mets quiconque au défi de me prouver le contraire.

Votre obstination équivaut purement et simplement à dire que vous êtes en reste avec Faure, puisque vous savez, en votre âme et conscience, que vous ne pouvez jamais seuls gagner l’élection. Par conséquent, la jeunesse togolaise est en droit de présumer que vous roulez pour Faure. Elle suppose que vous êtes soudoyés, puisque, quelque que soient les arguments que vous avancerez, en éclatant, en divisant les voix des Togolais, vous faites le jeu de ce monsieur, donc du RPT.

Je ne parle pas des autres qui font aussi bande à part parce qu’ils ne m’ont jamais inspiré confiance. Des gens qui passent leur temps à dire une chose aujourd’hui et demain à faire son contraire, à être divers et ondoyants, ne m’inspirent jamais confiance. Je dis tout simplement que Dahuku Péré est plus intelligent qu’eux. Le tout n’est pas d’avoir de la gueule, une grande gueule. Il faut avoir des principes et s’y attacher. C’est une question de vertu. Si jusque-là les événements de la vie ne les rectifient pas, ne les rendent pas sages, je ne sais pas quand est-ce qu’ils le seront. Dans tous les cas, ils ne luttent pas pour la libération du Togo mais pour le maintien du statu quo.

«Connaissant leurs sentiments, il leur dit : ‘’Tout royaume divisé contre lui-même court à sa ruine ; et nulle ville, nulle maison, divisée contre elle-même, ne saurait se maintenir. Or, si Satan expulse Satan, il s’est divisé contre lui-même : dès lors, comment son royaume se maintiendra-t-il ? Et si moi, c’est Béelzéboul que j’expulse les démons, par qui vos adeptes les expulsent-ils ? Aussi seront-ils eux-mêmes vos juges. Mais si par l’Esprit de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le Royaume de Dieu est arrivé jusqu’à vous. […] ‘’Qui n’est pas avec moi est contre moi, et qui n’amasse pas avec moi dissipe.» (Cf. LA Bible de Jérusalem, Matthieu 12, verset 25-30, pp. 1520-1521) Voilà qui nous donne encore matière à réflexion.
Oui, le règne de Dieu est proche de nous et ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous. Les partis qui ne sont pas avec le Front Républicain pour l’Alternance et le Changement (FRAC) sont contre la jeunesse togolaise.
Les jeunes de tout le Togo, unissons-nous dans le FRAC, parce qu’ensemble nous vaincrons et rebâtirons notre chère patrie !

Tchakie Thomas Sékpona-M., Ph. D.