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Ce qui se dessine. Par Sénouvo Agbota ZINSOU

 Tout en restant lucides et sans optimisme béat, connaissant, non seulement l’adversaire que nous avons en face de nous, mais aussi nos propres faiblesses, divisions et travers en tant qu’opposition, nous pouvons considérer les élections prévues au 4 mars comme une course d’obstacles. À chaque étape, à chaque obstacle, l’opposition dans son ensemble peut trébucher, mais aussi peut surmonter l’épreuve. Parlant de l’opposition dans son ensemble, je n’y inclus, évidemment pas ceux qui ont choisi de faire cavaliers seuls, ceux qui ont préféré leur parti ou plutôt leur ego à la cause du changement démocratique auquel tout le peuple lassé de tant d’années de dictature et de souffrance aspire.

L’un des obstacles me semble franchi, même si à cette étape tout n’a pas été parfait, même si on a frôlé légèrement la barre, fixée très haut, il faut le reconnaître, avec la création, le 10 février à Paris, du Front Républicain pour l’Alternance et le Changement, FRAC, à l’initiative de François Akila-Esso Boko. On a frôlé légèrement la barre, dis-je et tous les Togolais savent maintenant de quoi, de qui je parle; de ceux qui ont failli nous faire trébucher à cette étape, sur ce premier obstacle. Vaut-il encore la peine de les nommer? Non. L’essentiel, c’est que le point soit accordé. Et il est accordé.

Voyons une autre image, réconfortante, encourageante, celle-là. C’est celle, à Lomé, le 17 février, à l’issue de la réunion d’hommes politiques de poids comme Kofi Yamgnane, Dahuku Péré et Jean-Pierre Fabre, ce dernier étant le candidat désigné du FRAC. L’image parle d’elle-même. Faut-il cependant la commenter, ou plutôt la lire : Péré d’un côté et Yamgnane de l’autre, soulèvent chacun un bras de Fabre, comme pour le proclamer vainqueur. Bien sûr, les hommes sont des hommes, avec leur passé et leurs passions, leurs ambitions personnelles et leurs calculs, et derrière la façade d’unité qui nous est présentée, peuvent se cacher tous ces passés et passions, toutes ces ambitions et tous ces calculs...Mais nous sommes à un moment crucial où ces hommes, malgré leurs faiblesses ( nous en avons tous ), malgré les reproches que nous aurions pu leur faire par le passé, malgré les griefs même que nous nourririons contre eux, ont besoin de notre bienveillance en même temps que de notre vigilance, pour qu’ils ne trébuchent pas. Car, s’ils trébuchent, quelle autre solution avons-nous? S’ils trébuchent, ne tomberons-nous pas tous dans le gouffre que nous a préparé le clan Gnassingbé?

Cette image symbolique de l’unité de l’opposition est à lire en tenant compte des absents bien présents : des hommes comme François Boko, l’initiateur de la rencontre de Paris, des hommes comme Victor Alipui, Aimé Gogué, Godwin Tété et bien d’autres encore. Ceux qui représentent un passé de collaboration avec le régime, ceux qui représentent la lutte contre le régime dès le lendemain de l’assassinat de Sylvanus Olympio en 1963, ceux qui reviennent avec un bagage d’expériences accumulées à l’étranger...Et surtout, ceux qui s’effacent volontairement, en tout cas, qu’on ne voit pas sur l’image, mais soutiennent solidement le mouvement. En réalité, ils sont de tous les partis, de toutes les régions, de toutes les ethnies du Togo. Ce qui les unit, ce sont leurs yeux ouverts sur le gouffre que représente le clan Gnassingbé et dans lequel les tenants du régime s’apprêtent à nous pousser le 4 mars. Et pour combien d’années, combien de décennies encore, après les 40 ans de la dictature d’Eyadema?

La main dans la main, formant une chaîne et annonçant la victoire de l’opposition, c’est aussi, si l’on veut y croire, la réconciliation du Togo avec lui-même, des Togolais entre eux qui se dessine, réconciliation sans laquelle la construction du Togo ne serait qu’un leurre : une société togolaise pour tous les Togolais, sans discrimination, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest et qui accueille aussi ceux qui viennent de loin. Et faut-il préciser qu’aucune réconciliation n’est possible avec la légitimation, le maintien, la consolidation au pouvoir de ceux qui pendant 40 ans ont massacré, brimé les Togolais, confisqué le Togo à leur seul profit?

Il y a d’autres obstacles, connus et inconnus, car le régime auquel nous avons à faire face possède plus d’un tour dans son sac, tout un atelier de fabrication d’instruments criminels. Il n’y a, pour franchir ces obstacles qu’un moyen, une chance : l’union de ceux qui ne peuvent plus supporter le règne des Gnassingbé.

Sénouvo Agbota ZINSOU