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CDPA-BT : Des clarifications pour réduire la confusion. Par CDPA-BT

 Du point de vue de l’opposition démocratique, le seul intérêt des élections (présidentielles ou législatives) faites au Togo depuis 1993 est d’offrir des occasions de clarification, pour réduire la grande confusion dans laquelle baigne la lutte d’opposition depuis des années.

Quand, à la CDPA-BT, nous utilisons les concepts de “courant dominant de l’opposition”, ou de “courant majoritaire de l’opposition”, ou encore le concept de “politique d’opposition dominante”, nous provoquons des réactions d’impatience et de réprobation.
Et pourtant, il existe bel et bien un courant dominant de l’opposition, puisque la majorité des partis d’opposition applique une politique, qu’une minorité de partis de la même mouvance juge inappropriée pour la circonstance, et désapprouve en proposant une autre politique.
Par exemple, il est évident que dans la lutte contre le régime de dictature, la CDPA-BT ne prend pas les mêmes positions politiques, et n’a pas la même pratique politique que le CAR, la CDPA, l’ADDI, l’UDS et l’UFC réunis. Tout le monde le sait, y compris ceux qui font semblant de l’ignorer, pour brouiller le tableau politique et empêcher l’opinion de faire les distinctions et les différences nécessaires. Et bien entendu, la CDPA-BT n’a jamais pratiqué la même politique que l’UTD qui va se muer plus tard en CPP, comme elle n’a jamais fait la même politique que le PDR et d’autres encore, quand ces partis évoluaient autrefois dans la mouvance de l’opposition.

Et il existe bel et bien une politique d’opposition dominante, celle conduite depuis février 1992 par les partis du courant majoritaire de l’opposition. On sait que cette politique est faite de concurrence entre partis d’opposition pour le pouvoir, autrement dit, on estime à tort que les partis d’opposition, qui sont sensés lutter ensemble contre le régime de dictature, doivent se battre entre eux pour tenter chacun d’arracher le fauteuil présidentiel, quitte à jouer au “parti charnière” entre un ou des partis d’opposition et le RPT, ou même à s’allier carrément au RPT, si la lutte entre leaders opposants l’exige pour la réalisation de leurs ambitions personnelles, comme on l’a vu en 1994-1996 après le deuxième tour des élections législatives, ou encore en 2005-2006 lors du 12ème dialogue et après.

La politique d’opposition dominante est faite encore de compétition électorale entre partis d’opposition ; de participation aux élections pipées d’avance ; de propension au dialogue après chacune de ces élections ; de coup de coudes entre partis d’opposition pour figurer en première place à la table de négociation avec le régime ; d’appels incessants à la “Communauté internationale”, d’exclusion de la masse des opposants de l’espace politique ; de propension à la politique spectacle...
A partir du 5 février 2005, dans un contexte d’accentuation des rivalités entre partis d’opposition, la politique d’opposition dominante a été transformée, par les leaders du courant majoritaire, en une revendication du partage du pouvoir ou encore de la “cogestion” du pouvoir.

En fin de compte, tout au long du parcours, la politique d’opposition dominante est allée d’échec en échec face au régime. Et cette succession de revers l’a progressivement amenée à devenir, dans les faits, une politique de collaboration déguisée ou non du courant majoritaire avec le régime de dictature dont la masse des opposants veut l’abolition.
La CDPA-BT ne s’est jamais inscrite dans le courant majoritaire de l’opposition. Elle a toujours proclamé que la course concurrentielle entre partis d’opposition pour le pouvoir est désastreuse pour la lutte d’opposition, dans la mesure où la dictature est toujours omniprésente avec toutes ses institutions antidémocratiques, toute sa capacité de désinformation, de mensonge, de corruption, d’achat des consciences et toute sa machine de répression.

La CDPA-BT n’est pas opposée par principe aux élections. Elle a toujours estimé cependant que, dans le contexte politique particulier où se déroule la lutte d’opposition contre le régime, les élections sont devenues un moyen déguisé de reconduction et de légitimation d’un régime politique dont la population ne veut pas. Et elle a toujours proclamé qu’avant que les élections ne deviennent des élections régulières et démocratiques dans le pays, l’opposition doit régler des préalables qui s’imposent.

La CDPA-BT n’est pas contre le dialogue comme procédure d’aplanissement des différends et de déblocage des situations. Elle a toujours considéré cependant que faire des dialogues, dans une situation où le rapport des forces est si défavorable à l’opposition démocratique, ne peut que conforter le régime ; et que de tels dialogues sont objectivement une manière de l’accompagner, plutôt que de lutter contre lui.
La CDPA-BT a toujours proclamé que dans un régime de dictature, la force de l’opposition réside avant tout dans la force organisée de tous les opposants, sans distinction d’appartenance politique ; et que marginaliser la masse de la population en faisant de la lutte d’opposition l’affaire d’une petite élite politique, conduit inévitablement à l’affaiblissement de l’opposition démocratique.

A la veille de ces présidentielles de 2010, et en prévision de l’après-élection, il importe de dire ces choses et de situer les responsabilités. Dans la mesure où c’est la politique d’opposition dominante qui a conduit à chaque fois l’opposition dans le mur, elle est responsable de l’échec. Il convient de l’analyser en toute objectivité, en profondeur et surtout dans la plus grande sérénité possible pour savoir pourquoi elle a échoué. C’est la seule manière d’éviter pour l’avenir la reproduction des erreurs et des faiblesses qui ont conduit à l’échec.
Mais la politique d’opposition dominante n’est responsable qu’au second degré. Dans la mesure où elle a été mise en place par les leaders du courant dominant de l’opposition, c’est en fin de compte ce courant qui est responsable de l’échec au premier degré.

A la place de la politique d'opposition dominante, la CDPA-BT avait proposé, dès 1992, une politique alternative d'opposition. Bien entendu, cette politique alternative est incompatible avec les rivalités intestines entre partis d'opposition pour le pouvoir, et la compétition entre leaders opposants pour le pouvoir ou pour la première place.
Le courant dominant de l'opposition a donc rejeté la proposition, en disant à la masse des opposants que “si la CDPA-BT ne fait pas comme nous”, c'est parce qu'elle ne veut pas le pouvoir. Et la lutte d'opposition est allée ainsi d'échec en échec, de dialogue en dialogue, sans que les conditions de l’instauration de la démocratie ne soient jamais réunies.

Quand on a deux possibilités d'action pour réaliser un objectif, et que la première conduit sans cesse dans le mur, on expérimente la seconde aussi avant de faire une croix dessus, si elle est tout aussi catastrophique que la première.

Ces choses méritent d'être rappelées à la veille de ces élections de février 2010. Car tout laisse présager clairement un durcissement du pouvoir au lendemain du scrutin, quels que soient par ailleurs les résultats proclamés. Dans tous les cas, il est de plus en plus clair maintenant que la masse des opposants ne croit plus dans la politique dominante d’opposition, et la remet de plus en cause.
Les chefs du courant majoritaire de l'opposition doivent se rendre à l’évidence, et comprendre qu'une politique alternative d'opposition s’impose désormais. Celle que propose la CDPA-BT depuis des années a pour fondement le MFAO, le Mouvement de la Force Alternative d'opposition, auquel une fraction croissante de l’opinion togolaise se rallie de jour en jour.
Une fraction de l’opinion togolaise dira encore que la voie du MFAO ne mènera jamais au changement démocratique, et que la seule voie qui reste par conséquent est dorénavant celle de la lutte armée.
La CDPA-BT comprend cette position. Mais elle estime qu’en raison de sa faible organisation et du détournement de la lutte populaire de ses objectifs initiaux par les chefs des partis du courant majoritaire, l’opposition togolaise n’a pas encore épuisé toutes les possibilités qu’offre la lutte politique. Elle déclare, une fois de plus, que ce qui importe plus que jamais, c’est une bonne organisation de tous les opposants sans distinction d’appartenance politique, et une redéfinition de l’objectif de la lutte d’opposition pour la rendre compatible avec la satisfaction des aspirations de la population au changement politique pour la démocratie.

Fait à Lomé le 1er février 2010.

Pour la CDPA-BT

Le Premier Secrétaire

E. GU-KONU