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Dissolution de la SOTOCO au profit de la Nouvelle Société Cotonnière du Togo (NSCT) : Quand Faure installe l’impunité et le pillage au sommet de l’Etat

Economie et Finances

· Quid des audits du FER et de l’OTP ?

Tombée en faillite depuis quelques années, la Société Togolaise de Coton (SOTOCO) a été contrainte simplement de disparaître du sérail économique du Togo. La messe de requiem a été dite, comme on pouvait s’y attendre, en catimini. Aujourd’hui, on ne parle plus de SOTOCO mais plutôt de la Nouvelle Société Cotonnière du Togo (NSCT). Et au nom d’une certaine réforme en vue, on assure que la nouvelle société dirigée par Dr Kokou Kounagli Djagni pourra relever le défi.
 

Le coton, 2ème produit d’exportation du Togo après le phosphate, occupe un pôle important d’attraction de l’économie nationale. Auparavant, la production annuelle était de 80 mille tonnes mais aujourd’hui, elle a dégringolé et se stabilise autour de 40 mille tonnes. Cette situation est due à l’endettement de la défunte SOTOCO. « D’une façon générale, sur le plan mondial, le coton a connu une période de crise où les coûts mondiaux étaient à la baisse. Ce qui rendait difficile la rentabilité de la filière cotonnière. C’est ce qui explique que dans les pays développés, il y a des subventions qui sont accordées aux producteurs et qui ne sont pas accordées aux producteurs africains », a expliqué le Directeur Général Djagni à la télévision nationale (TVT). Au Togo, la situation a été aggravée par le désenchantement des producteurs que l’Etat a plongés et criblés de dettes. « Il fut un temps où la filière cotonnière a connu des difficultés sur une campagne dans certaines zones, a entraîné la chute de cette filière au Togo que nous connaissons aujourd’hui », a déclaré l’agronome Kokou Kounagli Djagni qui dit être en train d’entreprendre des démarches pour régulariser la situation. La SNCT compte impliquer à 40% du capital, la fédération des groupements de producteurs pour créer une émulation en vue de reprendre la courbe ascendante et atteindre la vitesse de croisière des 200 mille tonnes de productions. Le Directeur Général Djagni espère qu’avec la nouvelle dynamique créée avec les producteurs, les cotonculteurs s’en porteront mieux afin que l’économie nationale puisse également tirer profit : « Nous avons mis en place un certain nombre de mécanismes qui impliquent les producteurs. Par exemple, lorsque nous faisons des consultations au sein de la nouvelle société cotonnière du Togo, les dépouillements sont effectués en présence des producteurs, nous avons également des cadres d’échanges qui doivent nous permettre d’impliquer suffisamment les producteurs dans la gestion de la nouvelle société. Les producteurs se situent à deux niveaux de la filière cotonnière aujourd’hui. En amont, comme propriétaires de la nouvelle société cotonnière parce qu’étant actionnaires, mais également en aval comme partenaires parce que c’est eux qui produisent le coton sur lequel travaille la nouvelle société cotonnière. Les producteurs participent au conseil d’administration ».

Mais la grande interrogation qui taraude les esprits est de savoir si la seule volonté de M. Djagni et des producteurs suffit pour apporter véritablement ce souffle nouveau.
Le pouvoir et le sabotage de l’économie nationale

Contrairement aux incantations de changement clamé haut et fort après avoir accroché le pouvoir dans le sang en 2005, Faure Gnassingbé incarne notoirement le prototype de ce dirigeant qui fait main basse sur toutes les recettes du pays comme l’écrivain camerounais Mongo Béti l’avait peint parlant du Cameroun dans l’un de ses ouvrages. De la SOTOCO à la NSCT, rien n’a été fait pour montrer une esquisse de transparence dans la gestion de la chose publique. Peu avant le déclenchement des hostilités contre son demi-frère désormais prisonnier Kpatcha Gnassingbé, anciennement Directeur du Conseil d’Administration de la SOTOCO, il avait été annoncé au cours d’un conseil des ministres que des poursuites seront engagées contre les auteurs de la banqueroute cotonnière. Jusque-là, rien n’y fit. Faure se lève et sort par enchantement un nouveau sigle pour labeliser la filière cotonnière du Togo avec comme ministre de tutelle Paulin Kossi Messan Ewovor, l’un des fossoyeurs de la SOTOCO. C’est trop facile de vouloir tromper le peuple de cette manière. La SOTOCO fait partie de la longue liste de la nouvelle méthode de dissimulation des pillages continus des sociétés d’Etat qui changent de dénomination comme Faure lui-même change ses véhicules de luxe. De l’OTP, on est allé à l’IFG et aujourd’hui la SNPT pour la seule filière phosphatière totalement en ruine aujourd’hui. Malgré les déclarations ahurissantes, révoltantes et alarmistes du ministre des Mines Noupoukou Damipi devant le Parlement il n’y a pas longtemps, pour retracer le gouffre financier créé par certains directeurs clairement identifiés, rien n’a été fait. Aujourd’hui, c’est Florent Yao Manganawè qui devient Président du Conseil d’Administration et Directeur Général des phosphates du Togo.

A ce jour, c’est l’omerta sur l’audit des comptes pour fixer le peuple. Idem pour le Fonds d’Entretien Routier (FER) dissous au profit de Fonds Routier (FR) sans que les audits ne soient établis. Dans quel pays peut-on encore observer des dérapages de ce genre au 21ème siècle ? Même Yayi Boni que l’on accuse de mauvaise gestion n’est pas si complaisant avec des collaborateurs coupables de corruptions ou de détournement. Bien d’autres sociétés à défaut d’être privatisées, ont été contraintes à la disparition pure et simple. Comment peut-on passer tout le temps à pinailler et brailler la bonne gouvernance sans un minimum de transparence dans la gestion des deniers publics ? C’est inconcevable que celui qui quémande et s’apprête à confisquer de nouveau le pouvoir en 2010 pour un deuxième mandat, s’illustre drôlement par la gabegie, le pillage, l’opacité et érige au sommet de l’Etat l’impunité galopante pour se protéger et protéger les bourreaux du peuple physiquement et économiquement, doit-on dire. On serait dans un pays normal que Faure devrait être poursuivi et écarté de la course à l’élection présidentielle de 2010.

En tout cas, malgré la bonne volonté affichée par le nouveau directeur de la Nouvelle Société Cotonnière du Togo, il ne fera rien étant donné que le système formaté pour piller le pays est toujours d’actualité. Au prix de mille sacrifices et sueurs des Togolais, une minorité, la caste de Faure et sa bande continuent de pomper gravement l’économie du pays. Et si seulement le fils à Eyadèma peut imaginer une fois que là où il a mis son frère aujourd’hui, il peut se retrouver là-bas un jour si on instaure une certaine clarté dans la gestion du pays. L’exemple des fils de Lansana Conté en Guinée est assez édifiant.

Le comble est qu’au lieu d’une Cour des Comptes crédible et fiable pour traquer les criminels financiers, le pouvoir RPT s’est débrouillé pour y mettre des gens qui ont plutôt largement participé à l’hécatombe des sociétés. L’illustration éloquente est la présence de Amouzou Guénou Assiba dans cette parodie de Cour des Comptes, lui qui a endeuillé le FER sans fioritures.

Sur toute la ligne, tout est aux antipodes de la bonne gouvernance. Dans un pays où la misère est une devise universelle, il y a obligation que ça change en 2010 pour le bonheur du peuple.

Xavier Nono